La glorification du travail considéré comme une valeur absolue en soi est un des mythes les plus faux que le monde ait créés. Il aboutit à cette caricature de la création qu'est le productivisme ; il finit par affirmer que l'homme vaut en fonction du nombre de tonnes de charbon qu'il a abattues par jour ou des pièces de tôle qu'il a su assembler en un temps record. Pourtant, si abaissé que soit cet "idéal", n'a-t-il pas le mérite de protester contre une habitude d'esprit que la grande industrie a connue au cours du dix-neuvième siècle, selon laquelle le labeur n'avait ni valeur en soi, ni rapport avec l'homme qui l'accomplissait, matière amorphe qu'on pouvait démesurément allonger au fil des heures et qu'on achetait au plus bas prix ?
Daniel Rops, Ce qui meurt et ce qui naît