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Pirate box : une alternative à un Internet de plus en plus surveillé

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Partager des fichiers en tout anonymat sans passer par Internet, c'est possible ! Grâce à la Pirate Box, tout un chacun peut construire un réseau local d'échange de données totalement sécurisé pour moins de 40 €.
Un boîtier à peine plus gros qu’un paquet de cigarettes, une clé USB (ou un disque dur externe) et une batterie. Pour seulement 70 € et moins d’une heure de travail, Christopher, membre des Indignés du 63, a pu transformer un routeur classique (équivalent des freebox ou livebox) en « Pirate box ». Ce réseau local sans fil portatif permet aux personnes situées aux alentours d’échanger anonymement des fichiers sans être reliées à Internet.
En 3 clics, chaque possesseur d’ordinateur, de smartphone ou de tablette peut se connecter au boîtier et accéder aux fichiers contenus dans la clé USB, en déposer de nouveaux ou « chatter » gratuitement et sans laisser de traces. En effet, ce réseau éphémère étant privé, il est impossible de savoir qui a utilisé le dispositif et encore moins ce qu’il en a fait.

Échapper au flicage du net

C’est ce qui a séduit Christopher. Cet étudiant en aérostructure qui « bidouille depuis l’âge de 13 ans » cherchait un moyen de contourner le flicage étatique qui sévit sur le web aussi bien que l’exploitation de ses données personnelles à des fins commerciales. C’est alors qu’il est tombé sur le concept de « Pirate box », créée en 2011 aux USA par David Darts, un professeur d’art. Une invention que les récents scandales liés à la surveillance du web par la NSA et l’Etat Français ont rendu d’autant plus utile. « Le net n’a jamais été un endroit sûr. Mais vu comme les choses évoluent, on ne pourra bientôt plus aller sur un site sans être fiché », s’inquiète-t-il.
En plus de garantir l’anonymat des échanges, le dispositif contribue à « la ré-appropriation de l’espace public en vue d’une circulation dynamique et nomade des savoirs », expliquent des utilisateurs lillois sur leur site. Pour concrétiser cette aspiration au partage, Christopher s’installe régulièrement dans un parc ou dans un café pour faire profiter aux promeneurs des environs des vidéos, images, textes et sons stockés dans la clé USB reliée à sa « Pirate box ». Il préfère d’ailleurs parler de « Share box » (boîte de partage) car il craint que le terme de « pirate » effraye le grand public.

Libérer le savoir

Crédit : Jean Debaecker
Crédit : Jean Debaecker
Cette expression n’a en tout cas pas fait peur aux Indignés du 63. Ces activistes ont été séduits par le concept et utilisent la « Pirate box » à des fins militantes. « Lorsqu’on veut partager des fichiers pendant nos réunions, on n’est pas obligés d’avoir le net », explique Christopher. Lors de manifestations, ils placent également des boîtiers à proximité et y chargent les photos et vidéos qu’ils ont prises afin qu’elles ne soient pas effacées par la police en cas d’arrestation.
Fred Riondet, membre de l’association « savoirs communs », voit dans la « Pirate box » une façon de libérer le savoir. Il la voit comme un moyen de diffuser des « livres libres de droits ou des musiques sous licence creative commons », ou encore des recettes de cuisine. Il insiste sur le fait que le procédé pourrait être mis en place de manière permanente, par des institutions.
Dans cette optique, il tente de convaincre musées et bibliothèques de proposer une offre légale d’œuvres tombées dans le domaine public. Il imagine aussi les mairies diffuser leurs documents administratifs sous format numérique par ce biais.

Construire le monde de demain

Créer des réseaux locaux de partage de ce type n’a rien d’illégal… tant que les fichiers échangés sont libres de droits. Mais parce que le réseau est privé, les usagers peuvent très bien y placer des films ou des musiques téléchargées illégalement sans courir le moindre risque. Le principe plaît aux « nostalgiques de Mega upload (site de téléchargement gratuit de vidéo fermé par la justice étasunienne)», confirme Christopher.
Mais pour que les « Pirate box » deviennent une « alternative à Internet » comme l’espère cet indigné, il faudra que le concept se développe en dehors des cercles de technophiles. En effet, la portée des boîtiers varie entre 50 et 300 mètres. Difficile dans ces conditions d’espérer concurrencer le réseau des réseaux. Plutôt qu’une alternative directe à Internet, la « Pirate box » en est davantage un complément visant à libérer les savoirs au niveau d’une ville. C’est donc surtout au niveau au local quelles trouvent leur utilité. En effet, si plusieurs boitiers sont reliés entre eux, le réseau couvert est élargi, chaque nouveau boitier servant d’antenne-relais. Il estime donc possible de quadriller une ville comme Clermont-Ferrand.
Aujourd’hui, 6 « Pirate box » y sont déjà en circulation. D’autres amateurs se prêtent également au jeu à Paris, à Lille, Toulouse ou encore Bordeaux. Christopher espère que la simplicité d’utilisation et le faible coût de l’appareil (on en trouve à moins de 40 euros) convaincra d’autres personnes soucieuses de préserver leur vie privée de se lancer dans l’aventure. Car pour lui, « c’est grâce à ces petites initiatives et aux personnes qui les portent qu’on va construite le monde de demain ».

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