Avec une telle crise économique, il est très probable que les gouvernements s'empressent d'utiliser la menace d'un effondrement total du système pour accaparer encore plus de pouvoirs. Il s'agira de protéger les citoyens contre eux-mêmes, en établissant des mesures sécuritaires et de les priver de plus en plus de leurs libertés. C'est la voie vers l'asservissement des peuples et la tyrannie d'une élite oligarchique que dénoncent des gens comme Alex Jones, Noam Chomsky ou encore Friedrich Von Hayek qui écrivait à ce sujet : "Ceux qui sont sont prêts à abandonner les libertés essentielles contre une sécurité illusoire et éphémère ne méritent ni liberté ni sécurité."
Selon Pierre Laurent, directeur du Fonds monétaire de Genève, "la dépression sera terrible, avec des millions de chômeurs, et des situations de désespoir et de violences extrêmes, qui réclameront aux hommes politiques ce qu'ils leur ont bêtement promis alors que ces derniers ont agi - et continueront d'agir -, par ignorance surtout, de la manière exactement contraire à ce qu'ils auraient dû faire pour être en mesure de satisfaire les attentes de leurs électeurs." En période d'hyper-inflation, les gens devront immédiatement dépenser l'argent de leurs salaires ou de leurs retraites pour acheter des biens à valeur intrinsèquement forte. Le pouvoir d'achat baissera de jour en jour. Les fortunes mal investies seront pulvérisées. Dans l’État du Tennessee, depuis début 2011, 20% de la population vit uniquement grâce à des coupons alimentaires.
Contrairement aux Allemands ou aux Russes, qui gardent encore dans leur mémoire collective le souvenir des périodes d'hyper-inflation, contrairement aux Européens du Sud et aux Latino-Américains, qui ont connu très récemment des périodes de forte inflation, ce sera très difficile pour les Américains d'avoir à vivre dans un monde où leur monnaie papier ne vaut plus rien et où leur pays n'est plus une puissance dominante. La population s'appauvrira rapidement. Des centaines de millions de gens de la classe moyenne perdront leur épargne et leur travail. Les milliards de pauvres du tiers monde se retrouveront en situation de famine. Les conditions de la révolte seront réunies. Ces insurrections et révolutions seront soudaines et imprévisibles. Qui, en 1788, aurait pu prévoir la Révolution française ? Et qui aurait pu annoncer l'avènement d'un Bonaparte ou d'un Robespierre, lequel disait d'ailleurs : "Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."
Et si vous pensez que les forces de l'ordre pourront intervenir, détrompez-vous. Lors des émeutes de Los Angeles en 1992, somme toute un petit événement, très localisé, et déclenché par un verdict perçu comme injuste par une partie de la population, même la police, devant l'ampleur des émeutes, a préférer confiner les zones de troubles et a attendu que la situation se calme par elle-même. Des quartiers entiers ont été laissés sans protection jusqu'à ce que l'armée intervienne. En France en 2005, pendant les émeutes de banlieue qui ont démarré à Clichy-sous-Bois, la police et la gendarmerie ont préféré cerner les quartiers à problèmes et ne pas intervenir pour ne pas faire dégénérer la situation. On peut aussi se demander si, dans le cas où des révoltes ou des troubles bien plus grands devaient avoir lieu, les individus constituant les forces de l'ordre ne préfèreraient pas rester chez eux afin de protéger leur propre famille, au lieu de faire leur devoir.
Comme la plupart des gens ne sont pas propriétaires de leur logement (qui est souvent hypothéqué), s'ils n'ont pas la possibilité de payer le montant de leur emprunt, les propriétaires de ces logements seront les banques. De même, les gens sans revenus (et ce sera une majorité d'entre nous) seront vite confrontés à l'inéluctable expulsion s'ils ne trouvent pas rapidement une solution, d'autant que l'hyper-inflation risque de correspondre à des taux d'intérêt très élevés. Très probablement, vu le nombre de cas qui se présenteront, les gens vont simplement ne plus pouvoir payer leurs loyers ou leurs hypothèques et deviendront les squatters de ces habitations dont la valeur sera de toute façon proche de zéro. Et si on les expulse, ils se rendront dans une autre de ces nombreuses maisons (ou appartements) vides qui se transformeront de plus en plus en camps de réfugiés, insalubres et peu sûrs.
Les États-Unis, qui disposent tout de même d'une puissance militaire considérable, seront tentés d'utiliser ce dernier actif pour saisir des sources de matières premières, ou tout simplement provoquer des guerres afin de souder la population contre un ennemi extérieur (ou intérieur) et relancer l'économie comme cela avait été fait vers la fin des années 1930. Prenons garde à la bête blessée ! D'autres pays, plus visiblement autoritaires, comme la Chine, surtout, ou la Russie, pourront aussi espérer que des aventures militaires leur procurent un avantage. Des guerres régionales pour le contrôle de ces ressources seront fréquentes. Des guerres plus importantes seront déclenchées, comme autant de tentatives de relancer l'économie par les dépenses d'armement et la conquête de territoires. Des guerres mondiales et nucléaires ne sont pas à exclure. Et il n'est pas non plus impossible que soient mis en place, dans certains pays, des programmes d'élimination physique des pauvres et des démunis qui seront perçus comme non productifs, non nécessaires, et que l'on ne pourra plus nourrir. Si vous croyez de telles choses trop monstrueuses pour être possibles, ouvrez un manuel d'histoire.
Piero San Giorgio, Survivre à l'effondrement économique