La vérité, c'est que les furieuses attaques dirigées depuis le début d'août contre l'Alcazar, fortifient chaque jour davantage leur résistance. Car, chaque jour, les tanks, amenés par la Calle del Commercio, écrasent les dernières pierres de ce qui fut les grands hôtels, les riches bijouteries de Tolède, et, fonçant lentement à travers la place Zocodover, tentent de monter la rampe inaccessible. Chaque jour, les avions lâchent leurs bombes sur la forteresse ; chaque jour, les canons de 155, en batterie sur les hauteurs des Cigarrales et sur les sommets de la ville, prennent pour cible les quatre tours de l'Alcazar. Et, chaque jour, don José Vega téléphone au colonel Moscardo pour lui poser la même question :
- Voulez-vous vous rendre ?
Et lorsque celui-ci, une fois encore, a répondu non, le bombardement recommence.
Quand il cesse, un milicien, doué d'une voix formidable, s'approche des remparts, d'où il lance les menaces rituelles :
- Nous violerons vos femmes, nous vous crèverons les yeux, nous vous écorcherons tout vifs. Nous sommes forts, reprend le vociférateur, vous êtes épuisés, malades, affamés. Vous serez vaincus et pas un de vous ne sortira vivant.
Que peuvent les insolentes clameurs de ces furieux contre ce qui unit les défenseurs de l'Alcazar dans un même principe d'espoir, d'ardeur et de détachement ?
Henri Massis et Robert Brasillach, Les Cadets de l'Alcazar