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Channel: ORAGES D'ACIER
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Ainsi, de la vie à la mort, le siège de l'Alcazar s'organise, sans que jamais diminue l'espérance

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Ainsi, de la vie à la mort, le siège de l'Alcazar s'organise, sans que jamais diminue l'espérance. Comme "une flamme impossible à éteindre", fût-ce "au souffle de la mort" (Charles Péguy), elle brille à travers ces ténèbres, elle perce l'épaisseur de la nuit incessante où sourit la Vierge souterraine. Et ce n'est pas la moindre vertu des officiers et des Cadets de l'Alcazar, que d'avoir su entretenir l'espérance, et d'avoir introduit la joie. 
     Car il y a eu de la joie dans l'Alcazar de Tolède : il y a même eu des fêtes, des chansons. Le moral a été à la hauteur de la résistance physique. Pour l'entretenir, l'on a rédigé, composé à la machine à écrire, polycopié un petit journal, El Alcazar, - aujourd'hui rarissime - où l'on annonçait les nouvelles transmises par T.S.F., car l'appareil de diffusion était trop faible pour que tous pussent les entendre. La rédaction se tenait dans la salle du musée Romero Ortiz. L'en-tête d'El Alcazar s'ornait, chaque jour, d'un dessin différent. Pour mieux suivre la marche de l'armée de Franco, ses communiqués étaient accompagnés de cartes et de graphiques. L'on y reproduisait aussi les informations de Madrid, surtout celles où les gouvernementaux prétendaient que la résistance de l'Alcazar n'était plus qu'une question d'heures, et "autres commentaires risibles"... A la dernière page, près du "visa de la censure", on trouvait toutes sortes de jeux récréatifs, charades, mots croisés ; on pouvait même y lire des annonces comme celle-ci : "On a ramassé un porte-monnaie contenant vingt-cinq pesetas. Le réclamer au bureau du journal." Ou bien "On demande des comédiens-amateurs pour la représentation de samedi soir." 
     Oui, l'on a joué la comédie, on a chanté pour la fête de la Vierge, le 15 août, on a célébré chacun des victoires, apprise par radio. Et ces moments de bonheur faisaient oublier les fatigues du siège ; car pour tenir, la nuit, les postes de vigie, les hommes devaient parfois monter la garde pendant plusieurs heures de suite, et dans les pires conditions. Mais il y avait de l'espérance. Il y avait aussi l'admirable dévouement des femmes qui les encourageaient, les soignaient préparaient leurs aliments, et qui entendaient être traitées sur le même pied que leurs maris, leurs frères ou leurs fils. Ainsi se maintenaient humblement et magnifiquement les vertus essentielles, et cette loi de notre ciel moral qui veut que l'héroïsme aille d'accord avec la joie.

Robert Brasillach et Henri Massis, Les Cadets de l'Alcazar

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