Le matin du 21 septembre, les miliciens réussissent à s'emparer d'un garde civil de l'Alcazar. Traduit aussitôt devant le tribunal d'exception - qui siège en permanence et fait régner depuis deux mois la terreur sur Tolède, - il déclare avoir pris part à la répression du mouvement des Asturies en octobre 1934. Il est condamné à mort et fusillé sur-le-champ.
Pendant la journée, aucun coup de main n'est tenté de part ni d'autre. Mais, sous le feu de l'artillerie, la dernière des quatre tours de l'Alcazar achève de s'effondrer. Il n'y a d'ailleurs plus un homme dans ce qui reste encore des bâtiments supérieurs de la forteresse, et les assiégés ont fini par abandonner tout les positions qui l'entourent.
Le perpétuel éclatement des bombes, l'effroi des explosions menaçantes, les difficultés sans cesse accrues de ce siège interminable, tout serait bien fait pour abattre le courage d'âmes moins intrépides. La situation à l'intérieur de l'Alcazar, devient, en effet, de plus en plus effroyable. La nourriture diminue de jour en jour, l'eau doit être impitoyablement rationnée. Les blessés augmentent et les blessures s'aggravent. Les médecins, les religieuses, ne peuvent prendre le moindre repos. Les opérations sont affreusement pénibles, car le chloroforme manque et l'on opère sans anesthésie. Des infirmiers improvisés doivent maintenir vigoureusement les malheureux blessés sur la table d'opération, qu'on vient de transporter dans une salle basse recouverte d'un immense tapis rouge bruni par le sang.
Malgré la mort toujours présente, le tumulte infernal, l'odeur de charnier, l'espérance s'est installée dans la forteresse et lui fait une invincible ceinture.
Des avions nationaux, de plus en plus nombreux, survolent l'Alcazar et jettent chaque jours des messages recommandant à ses défenseurs de tenir coûte que coûte. Cependant les forces de Franco ont pris Macada. Les avant-gardes du lieutenant-colonel Casteljon sont arrivées, le 24, à seize kilomètres de Tolède. Et déjà les hommes de guet ont vu les pièces d'artillerie des Alijares, jusqu'alors pointées vers la citadelle, se détourner pour prendre la route d'Avila sous leur tir. Une telle manœuvre est le signe que l'armée nationale est en marche et que la délivrance est proche.
Henri Massis et Robert Brasillach, Les Cadets de l'Alcazar