Nous ne reviendrons pas ici sur la crise de Wall Street, ni même sur sa dimension criminelle. Considérons seulement le sujet - éludé par l'essentiel de la presse - de la prédation financière prise comme nouvelle forme de guerre. Une guerre fort commode : pas d'armes coûteuses à acheter ni de territoires physiques à occuper.
Par un blitzkrieg, boursier ou autre, aimablement conduit au nom de "l'innovation", des entités mutantes comme Goldman-Sachs - qui n'est plus une banque d'affaires, mais une authentique autocratie financière - disloquent d'abord la finance de la cible visée ; puis, le désastre consommé, s'emparent à vil prix de tout un Lebensrauméconomique de terres, de ressources, de bâtiments, de biens. A la suite de quoi, elles récupèrent "sur la bête" ce que l'offensive a coûté, et plus encore. Quelle merveille qu'une guerre low cost, voire lucrative ! Et au pire, que risquent ces condottiere financiers pour ces prédations ? L'admiration de leurs pairs lors du prochain forum de Davos.
C'est dans cette perspective qu'il faut appréhender la figure contemporaine du "milliardaire philanthrope" dont la générosité bien comprise consiste à financer le développement même de sa prédation, tel un Jack l'Eventreur, devenu bienfaisant, qui financerait une école d'apprentis rémouleurs de couteaux.
Flibustiers de la finance, pirates, narcotrafiquants et guérilleros ne sont pourtant pas invincibles. Mais nous ne sommes à l'heure actuelle pas capables de les affronter assez tôt pour prévenir l'essentiel de leurs méfaits - et ce, pour cause d'aveuglement.
Xavier Raufer, Quelles guerres après Oussama Ben Laden ?