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Italie : droit dans le mur

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Rome ne sait plus à quel saint se vouer. Alors que l’économie italienne ne se portait déjà pas bien avant la crise, sa situation s’est encore dégradée depuis 2010. Des efforts colossaux ont été réalisés pour redresser les comptes publics à la fin du mandat de Silvio Berlusconi, qui a démissionné en novembre 2011, puis sous celui de Mario Monti, son successeur à la tête d’un gouvernement « apolitique ». Mais loin d’enclencher un redressement, ils ont au contraire aggravé la situation, entraînant une défiance accrue des Italiens à l’égard de leur classe politique. Avec notamment pour résultat la montée en puissance du Mouvement cinq étoiles, animé par l’humoriste Beppe Grillo, lors des élections législatives de février dernier. Celui-ci a recueilli le quart des suffrages, empêchant le Parti démocrate de centre gauche de Pier Luigi Bersani, vainqueur théorique de ces élections, de disposer d’une majorité parlementaire stable.
     En 2010-2011, la défiance avait commencé à s’installer à l’égard de la dette publique italienne. Face à cela, les gouvernements Berlusconi puis Monti ont adopté plan d’austérité sur plan d’austérité : hors intérêts de la dette, le déficit de l’Etat italien, qui était de 0,8% du PIB en 2009, devrait se transformer selon la Commission européenne en un excédent de 3,2% du PIB cette année. Un effort considérable. Cela s’est traduit en particulier par une chasse à la fraude fiscale : le gouvernement Monti a envoyé notamment la brigade financière italienne mener des contrôles inopinés dans les stations de ski huppées des Dolomites. Une action bienvenue dans un pays qui souffre de longue date de la sous-fiscalisation.

-8% de pouvoir d’achat
Les gouvernements successifs ont aussi réduit les dépenses publiques : celles pour l’éducation ont baissé de 7% en volume entre 2008 et 2011, alors qu’elles augmentaient de 8% en France. Même chose du côté de la santé : -1% contre +8% chez nous. Mario Monti a également repoussé à 66 ans l’âge de départ en retraite des Italiens et aligné celui des Italiennes, qui jusque-là partaient en retraite plus tôt, sur celui des hommes. Il a aussi réformé le marché du travail pour faciliter les licenciements et affaiblir les conventions collectives de branche. Mais cet effort considérable n’a pas amélioré la situation, du fait de la récession qu’il a entraîné : chaque Italien a perdu en moyenne 8% de pouvoir d’achat entre 2008 et aujourd’hui (contre -2% pour un Français).
     Avec officiellement 3 millions de chômeurs en janvier dernier, le nombre des sans-emploi a quasiment doublé depuis début 2008. L’explosion a été spectaculaire depuis 2011 : en janvier dernier, il y avait un million de chômeurs de plus qu’à la mi-2011, 50 000 de plus chaque mois (contre 18 000 en moyenne dans l’Hexagone sur la même période). Une accélération qui touche surtout les jeunes, avec un taux de chômage à 39%, davantage qu’en Irlande ou au Portugal. Dans ce contexte récessif, l’effort colossal consenti par les Italiens n’a même pas inversé la tendance à la hausse de l’endettement public : il devrait peser cette année 9 points de PIB de plus qu’en 2010 !

Le tour d’Europe de la crise sociale Alternatives économiques n°323

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