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Portugal : une austérité qui ne passe pas

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Les œillets refleurissent dans les rues de Lisbonne. Et l’hymne Grândola, Vila Morena, qui avait rythmé la mobilisation contre la dictature salazariste en 1974, est à nouveau entonné par des Portugais excédés. Dans leur ligne de mire, la cure d’austérité qu’impose le gouvernement sous les injonctions de la « troïka » (FMI, Union européenne et BCE). En mai 2011, elle a en effet accordé un prêt de 78 milliards d’euros au Portugal, à condition que le pays réduise son déficit de 9,1% du PIB en 2010 à 5% en 2012 et 4,5% en 2013. 

5,3 milliards d’euros d’économies 
L’objectif des 5% en 2012 a été tenu, mais au prix d’une rigueur sans précédent. Le budget 2013, prévoit 5,3 milliards d’euros d’économies supplémentaires dont 4 milliards en hausses d’impôts. Ce tour de vis vient s’ajouter aux mesures drastiques mises en œuvre par le gouvernement de Pedro Passos Coelho (centre droit) depuis 2011. Prestations sociales, indemnités chômage et retraites ont été rognées. Les fonctionnaires vont être privés de leur 14e mois de salaire et leur nombre va être réduit. Le marché du travail a été libéralisé et les indemnités de licenciement revues à la baisse. Et la TVA et l’impôt sur le revenu ont été sensiblement augmentés. 
     Ces mesures ont fait plonger la demande intérieure et le PIB a chuté de 3,2% en 2012, après un recul de 1,6% en 2011. Et la Commission européenne n’est guère optimiste pour 2013 (-1,9%). Parallèlement, le chômage s’est envolé à 17% de la population active fin 2012 et atteint même 38,5% chez les moins de 25 ans.
     Face à une récession qui s’enracine, le consensus politique autour de l’austérité a volé en éclats. Le président de la République, Anibal Cavaco Silva, a saisi la Cour constitutionnelle pour faire annuler certaines dispositions du budget 2013 qu’il juge inéquitables. Le Parti socialiste, dans l’opposition, lui a emboîté le pas. Son secrétaire général, Antonio José Seguro, s’est même fendu d’une lettre à la troïka en février dernier : « Les Portugais n’en peuvent plus. Nous sommes au bord d’une tragédie sociale. Il est temps de dire assez », y écrit-il. Depuis, les ministres des Finances européens ont accordé un répit au Portugal. Pas sûr, néanmoins, que cette bouffe d’oxygène suffise à calmer la colère des manifestants, dont le mot d’ordre est désormais : « Que la troïka aille se faire voir ! »

  Le tour d’Europe de la crise sociale Alternatives économiques n°323

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