Les effets délétères de la crise ne touchent pas que les pays d’Europe du Sud : les Pays-Bas eux-mêmes, souvent considérés comme un modèle, souffrent aussi. Ils ont pourtant un des taux de chômage les plus bas d’Europe, une dette publique à faire pâlir d’envie leurs voisins (66% du PIB) et le fameux « triple A » des agences de notation. Pourtant, 2013 sera la deuxième année de récession consécutive (-0,3% selon les prévisions) et ils ne devraient pas plus respecter la limite des 3% de déficit public que la France.
Tournées vers une Europe en proie à l’austérité, les exportations néerlandaises ne tirent plus la croissance et l’emploi décélère nettement. L’effondrement du prix des actifs et le tassement des rendements financiers sont en outre durement ressentis dans un pays où plus de 50% des retraites sont assurées par les fonds de pension. De plus, la baisse des prix de l’immobilier (-20% depuis 2008) a « rincé » un grand nombre de jeunes propriétaires et secoué le secteur bancaire (nationalisation de SNC Reaal en février dernier). Le taux d’endettement des ménages est en effet le plus élevé de l’Union européenne (128% du PIB).
Retraites en baisse, chômage en hausse
Résultat : les retraites, déjà réduites de 1,9% en 2012, le seront encore de 2,5% en 2013. Surtout, le chômage croît rapidement. Il serait d’ailleurs beaucoup plus élevé sans les effets du déclin démographique, qui fait reculer la population active. Combinées au ralentissement des salaires et à l’augmentation des cotisations aux fonds de pension, ces évolutions vont peser sur la consommation. En outre, l’accord de gouvernement entre libéraux et travaillistes prévoit une réduction des dépenses publiques de 2,6 points de PIB d’ici à 2017, dont la moitié sur les dépenses sociales. A cela s’ajoutent une hausse sensible de la fiscalité, notamment des taux de TVA, et une limitation des exonérations fiscales sur les emprunts immobiliers. Bref, la situation devrait se dégrader encore pour les Hollandais, au risque de gonfler les voiles des mouvements populistes et anti-européens.
Le tour d’Europe de la crise sociale
Alternatives économiques n°323