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Sécurité : les mauvais chiffres de Manuel Valls

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Le Figaro s'est procuré le nouveau tableau de bord du ministre, un an après sa prise de fonction. La violence augmente presque partout, les patrouilles sont moins nombreuses et le taux d'élucidation diminue.

Le Figaro a pu décortiquer le nouveau «tableau de bord» de Manuel Valls. Une centaine de pages de chiffres et de cartes en couleur, qui décrivent l'évolution des crimes et délits en ­France. Le ministre de l'Intérieur voulait un nouvel outil d'analyse : il a donc bâti son propre instrument de pilotage, avec de nouveaux indicateurs d'activité des forces de l'ordre. Un souci louable de transparence, mais dont la première traduction n'est guère réjouissante… 

Dans le baromètre Valls, ce qui grimpe figure en rouge. Or, sur un an, d'août 2012 à juillet 2013, période qui démarre quand la gauche assume pleinement la conduite des affaires, tout ou presque vire à l'écarlate: les atteintes à l'intégrité physique (+2,9%) et, parmi ­celles-ci, les violences sexuelles ­(+10,4%) ; les atteintes aux biens (+3,5%), parmi lesquels les cambriolages (+9,3%) ; enfin, les infractions économiques et financières (+5,9%). 

Beauvau a défini dans ses «indicateurs cibles» la «grande criminalité». Qui augmente depuis un an (+5,2%). Censé éclairer l'univers des vrais voyous, cet agrégat comprend 17 rubriques, du règlement de comptes (+10%) à la fausse monnaie (+14,5 %), en passant par les attentats à l'explosif contre des biens privés (+33,7%) ou les vols à main armée contre des commerces (+8,4%), à l'instar de l'attaque à la voiture-bélier, lundi, contre une bijouterie située sous les fenêtres de la garde des Sceaux à Paris. S'y ajoutent les trafics et reventes de stupéfiants (+10,2%), avec 6321 infractions constatées sur l'année écoulée contre 5735 précédemment. Mais là, bonne nouvelle, l'action antidrogue révèle la capacité d'initiative des services. Beauvau entend donc la mettre davantage en avant dans les jours à venir. 

Noyées désormais dans les «infractions à la réglementation», celles liées à la police des étrangers connaissent une chute vertigineuse: les constats sur douze mois des infractions aux conditions d'entrée et de séjour sont passés de 79.445 sous Sarkozy à 34.267 aujourd'hui (-56, 8%). «Or, il devient difficile de se retrancher derrière la décision de la Cour de cassation qui avait considéré, en juillet 2012, que le séjour irrégulier d'un étranger ne pouvait suffire à le placer en garde à vue. Depuis janvier dernier, les forces de l'ordre ont obtenu un droit de rétention de 16 heures», explique un haut fonctionnaire. Pour l'ancien ministre UMP de l'Intérieur, Brice Hortefeux, l'affaire est entendue: «C'est le signe que la France a ouvert les vannes de l'immigration.» 

Manuel Valls voulait un vrai indicateur d'efficacité. Il a nettoyé celui des années Sarkozy pour ne garder que les faits significatifs, à ses yeux. Et pourtant, globalement, le taux de réussite passe de 18% à 17,7%. Dans le détail, la plupart des taux d'élucidation baissent: homicides (de 89 à 77%), vols à main armée (de 37 à 36%), vols avec violences sans arme (de 12,3 à 12,1%), cambriolages (de 12 à 11%), vols liés à l'automobile et aux deux-roues (de 8 à 7%), vols simples (de 10,3 à 10,1%). Le taux d'élucidation remonte toutefois pour les coups et blessures volontaires (de 76,2 à 76,7%) et les violences sexuelles (de 76 à 78%). De même, police et gendarmerie mettent davantage de personnes en cause pour tous ces faits. «Le problème, c'est que lorsque l'élucidation baisse et que les mis en cause augmentent, cela peut signifier que la police n'attrape pas forcément les bons», spécule un haut magistrat. 

Autre point noir de taille dans le bilan chiffré de Manuel Valls: les «missions opérationnelles» de la gendarmerie ont chuté de 10,2% et celles de la police en tenue de 2,2% (en millions d'heures cumulées). Pourtant, dans le même temps, les «tâches indues» (transfèrement de détenus, garde des bâtiments publics, escortes diverses, procurations de vote), dont se plaignent depuis toujours les agents, au prétexte qu'elles les distrairaient de leur mission principale de lutte contre la délinquance, ont baissé de 10% côté gendarmerie et de 7,8% côté police. 

On aurait pu imaginer que la prévention allait croître sous la gauche. Il n'en est rien: le total de ces missions a baissé de 3,3% chez les gendarmes et de 6,1% chez les policiers. En clair: malgré des «tâches indues» en diminution, malgré des actions de prévention en baisse par rapport aux années Sarkozy, et bien que la police consacre moins de temps à courir derrière les clandestins, les heures épargnées pour s'occuper du «cœur de métier» ne se retrouvent pas dans l'«opérationnel». 

Les missions de patrouille ont ainsi chuté de 6% côté police et de 3,4% côté gendarmerie. Au total, les forces de l'ordre ont collectivement diminué leur présence de 2,5 millions d'heures sur le terrain en un an. Se peut-il qu'aujourd'hui plus d'agents revendiqués au tableau d'effectifs aboutisse à moins de missions dans la rue? La pression des années Sarkozy sur la productivité policière ne pouvait durer éternellement. Et le nouveau premier flic de France a été reçu cinq sur cinq quand, le 19 septembre 2012, il claironna, devant toutes la hiérarchie de Beauvau, qu'il allait rompre avec la «politique du chiffre». Des chiffres décidément impitoyables. Mais indispensables pour savoir par où et comment remonter la pente. 

La carte des violences passe au rouge 
Marseille, capitale des violences? Selon le tableau de bord Valls, au-delà du bilan sanglant du banditisme, celles-ci ont diminué de 5,3% sur un an dans les Bouches-du-Rhône (de 29.895 à 28.312 infractions). Ce département détient la troisième place au palmarès des faits commis, juste derrière la Seine-Saint-Denis (29.000). Ailleurs en Ile-de-France, pas un seul département ne déclare moins de 10.000 faits. Le Nord cumule plus de 25.000 infractions, loin devant le Rhône et ses 16.000 agressions. La Seine-Maritime, avec plus de 10.000 affaires, a rejoint la Haute-Garonne, où l'on déplore une hausse de violences de 7%. Seuls 15 des 96 départements métropolitains échappent à la hausse des violences. La dégradation est patente dans toutela zone sud-ouest, tout le Nord, le Languedoc-Roussillon, l'Ouest, l'Est. Les DOM ne figurent pas dans le tableau, mais la délinquance y explose. Seul le Grand Paris connaît une légère embellie, avec une baisse des violences hors vol, souvent intrafamiliales.

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