Le Brésil est actuellement touché par une vague de contestation qui fait trembler le pouvoir en place. L'une des raisons de ces évènements tient à la somme astronomique qu'a investi le gouvernement pour le mondial de football. Mais en marge de ces manifestations et de ces considérations, une réalité bien plus terrible, atroce et détestable s'établit dans l'indifférence générale.
C'est par le quotidien espagnol El Païs que le scandale arrive. On le sait, ce qui compte avant tout lors d'un mondial, c'est l'image que renvoie le pays qui accueille. Et le Brésil compte bien offrir celle d'un pays propre, lisse, sécurisé et moderne. Le problème c'est qu'il est encore loin de l'être, mais que la fin semble justifier les moyens... Une lutte féroce oppose le gouvernement et les gangs des bidon-villes qui sont légion en marge des grandes villes, et malgré ses efforts le statu quo perdure. Et cette volonté de perfectionnement intervient aussi à l'intérieur des métropoles, où des cours d'anglais sont donnés aux prostituées pour que la foule de touristes soit bien accueillie, et les rues nettoyées.
Mais on parle ici d'un nettoyage social. Car ce sont quelques 200 SDF qui ont été assassinés de nuit (le plus souvent brulés) en un peu plus d'un an. Le Centre national de la défense des droits de l’Homme, soutenu par la Conférence épiscopale du Brésil, a tenté d'alerter le gouvernement sur ce phénomène odieux, sans résultats. De fait, cet "assainissement" sert le jeu des autorités locales qui ne bougent donc pas le petit doigt pour faire cesser ces atrocités. Dans un pays qui compte plus d'1,8 millions de sans-abris, il semble que les considérations d'aspect passent avant les droits des citoyens, ce qui ne fera qu'accentuer la grogne populaire... On est bien loin des initiatives d'aide à ces personnes en marge de la société, à l'image de l'engouement pour des pancartes distribuées aux SDF par un avocat dans les rues de Paris.
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