Nous regrettons déjà les anciennes voitures sans électronique, celles que nous pouvions réparer nous-mêmes, qui ne gardaient pas en mémoire nos trajets, qui n’étaient pas repérables et traçables par quelque agence située en un point inconnu (ou par trop connu)… Eh bien accrochez-vous, l’étape supérieure risque d’être franchie très rapidement : des boîtes noires équiperont bientôt en masse nos voitures !
Bourrées d’électronique, elles enregistreront en temps réel des dizaines d’indicateurs, comme la vitesse de déplacement, la pression exercée par le pied sur la pédale de frein, la rapidité de déclenchement de l’airbag, l’orientation des pneus sur la chaussée, la date et le kilométrage auxquels vous avez changé les pneus, les amortisseurs ou fait la vidange. Autant de données « précieuses » pour mieux analyser les causes des accidents de la route et disposer d’éléments techniques objectifs (sic).
C’est le mois prochain, en novembre, que le Conseil national de la sécurité routière (CNSR) devrait publier ses préconisations sur le sujet. C’est notre ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, à la fois en charge de la sécurité routière et de la police, qui lui en avait fait la demande avant l’été dernier. Désormais, rien de ce qui se passera à bord de votre voiture ne sera inconnu. Exactement comme la vidéosurveillance de votre logement (là encore pour votre bien et votre sécurité) ouvre à des yeux extérieurs les secrets intimes de votre vie domestique. Votre téléphone connecté en permanence (joliment baptisé « smartphone ») révèle au monde entier votre situation géographique, vos déplacements, vos préoccupations, vos recherches. Et débranchez-vous la batterie que la vidéosurveillance publique vous filme, que votre carte de paiement à rayonnement enregistre votre passage à proximité d’un terminal géolocalisé, etc. La bagnole, dernier espace de liberté individuelle, « s’ouvre au monde » ! Le joli monde de Big Brother se dessine tel qu’Orwell l’avait imaginé.
Rassurez vous, la CNIL veille !
« La technologie n’est plus un obstacle, mais il nous reste à arrêter les grands principes de cet outil », reconnaît le ministre de l’Intérieur. Monsieur Valls (dont un certain nombre de manifestants tâtent chaque jour le légalisme) s’engage à respecter les préconisations de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) en matière de respect de la vie privée. Une telle profession de foi ne leurre personne. Nous savons que dans le cadre d’une enquête déclenchée le plus simplement du monde par auto saisine, la police aura accès à toutes les informations. Nous savons qu’aujourd’hui déjà, en dehors de toute légalité, les forces de police utilisent les systèmes GPS, peuvent saisir des enregistrements de vidéosurveillance, peuvent intervenir dans les centres de télésurveillance et exiger la mise sur écoute via les systèmes de télé-alarme… Alors, les interdits de la CNIL….
Aux États-Unis, tous les constructeurs automobiles doivent désormais équiper leurs véhicules de ces boîtes noires. L’Europe étudie un projet de directive généralisant le principe pour 2015.
Le leader mondial de la boîte noire embarquée s’appelle Octo Telematics, avec plus de 2 millions de dispositifs actifs à travers la planète. Il est italien.
Inutile de vous dire que la Novlangue, puisque nous sommes dans 1984, bannit le terme de boîte noire et évoque de nouveaux services, la transparence, l’assistance, la sécurité. Ainsi vous vante-t-on le fait que les boîtiers peuvent être associés à de nombreux services télématiques. Par exemple, en cas d’accident, un appel automatique sera transmis aux services d’urgence avec la position GPS du véhicule, sans aucune intervention du conducteur, ce qui permet d’améliorer les délais d’intervention des secours. Bon, bien sûr on omet de vous préciser qu’il est aussi techniquement possible d’alerter les « services d’urgence » si vous dépassez le 130 km/h pendant un temps étalonné. On vous cite la possibilité de bloquer un véhicule à distance en cas de vol. Bon, bien sûr, on omet de préciser qu’il sera aussi possible de le bloquer si vous n’avez pas payer la dernière traite ou si le fisc vous l’a saisi. On vous dit que cet appareillage permettra d’analyser votre conduite pour faire baisser la consommation de carburant, la sinistralité… et le coût de l’assurance. En clair, comme tout sera enregistré et mis en mémoire, si vous avez le moindre pépin, « tout ce qui aura été enregistré sera retenu contre vous ». Un peu comme si vous aviez un gendarme derrière vous en permanence, vous aurez sérieusement intérêt à vous tenir à carreau.
Pour l’instant, la Cnil affirme encadrer l’usage de ces appareils afin que leur utilisation ne les transforme pas « en mouchards destinés à relever les infractions au code de la route et à les transmettre aux assureurs ou aux forces de l’ordre ». Mais reconnait par ailleurs qu’une procédure judiciaire permettra néanmoins d’accéder aux informations stockées.
De plus, nous savons par expérience que tout commence toujours dans la plus parfaite légalité et respect des libertés individuelles pour ensuite, au détour de tel ou tel fait divers, élargir l’usage ou les dérogations.
Bourrées d’électronique, elles enregistreront en temps réel des dizaines d’indicateurs, comme la vitesse de déplacement, la pression exercée par le pied sur la pédale de frein, la rapidité de déclenchement de l’airbag, l’orientation des pneus sur la chaussée, la date et le kilométrage auxquels vous avez changé les pneus, les amortisseurs ou fait la vidange. Autant de données « précieuses » pour mieux analyser les causes des accidents de la route et disposer d’éléments techniques objectifs (sic).
C’est le mois prochain, en novembre, que le Conseil national de la sécurité routière (CNSR) devrait publier ses préconisations sur le sujet. C’est notre ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, à la fois en charge de la sécurité routière et de la police, qui lui en avait fait la demande avant l’été dernier. Désormais, rien de ce qui se passera à bord de votre voiture ne sera inconnu. Exactement comme la vidéosurveillance de votre logement (là encore pour votre bien et votre sécurité) ouvre à des yeux extérieurs les secrets intimes de votre vie domestique. Votre téléphone connecté en permanence (joliment baptisé « smartphone ») révèle au monde entier votre situation géographique, vos déplacements, vos préoccupations, vos recherches. Et débranchez-vous la batterie que la vidéosurveillance publique vous filme, que votre carte de paiement à rayonnement enregistre votre passage à proximité d’un terminal géolocalisé, etc. La bagnole, dernier espace de liberté individuelle, « s’ouvre au monde » ! Le joli monde de Big Brother se dessine tel qu’Orwell l’avait imaginé.
Rassurez vous, la CNIL veille !
« La technologie n’est plus un obstacle, mais il nous reste à arrêter les grands principes de cet outil », reconnaît le ministre de l’Intérieur. Monsieur Valls (dont un certain nombre de manifestants tâtent chaque jour le légalisme) s’engage à respecter les préconisations de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés) en matière de respect de la vie privée. Une telle profession de foi ne leurre personne. Nous savons que dans le cadre d’une enquête déclenchée le plus simplement du monde par auto saisine, la police aura accès à toutes les informations. Nous savons qu’aujourd’hui déjà, en dehors de toute légalité, les forces de police utilisent les systèmes GPS, peuvent saisir des enregistrements de vidéosurveillance, peuvent intervenir dans les centres de télésurveillance et exiger la mise sur écoute via les systèmes de télé-alarme… Alors, les interdits de la CNIL….
Aux États-Unis, tous les constructeurs automobiles doivent désormais équiper leurs véhicules de ces boîtes noires. L’Europe étudie un projet de directive généralisant le principe pour 2015.
Le leader mondial de la boîte noire embarquée s’appelle Octo Telematics, avec plus de 2 millions de dispositifs actifs à travers la planète. Il est italien.
Inutile de vous dire que la Novlangue, puisque nous sommes dans 1984, bannit le terme de boîte noire et évoque de nouveaux services, la transparence, l’assistance, la sécurité. Ainsi vous vante-t-on le fait que les boîtiers peuvent être associés à de nombreux services télématiques. Par exemple, en cas d’accident, un appel automatique sera transmis aux services d’urgence avec la position GPS du véhicule, sans aucune intervention du conducteur, ce qui permet d’améliorer les délais d’intervention des secours. Bon, bien sûr on omet de vous préciser qu’il est aussi techniquement possible d’alerter les « services d’urgence » si vous dépassez le 130 km/h pendant un temps étalonné. On vous cite la possibilité de bloquer un véhicule à distance en cas de vol. Bon, bien sûr, on omet de préciser qu’il sera aussi possible de le bloquer si vous n’avez pas payer la dernière traite ou si le fisc vous l’a saisi. On vous dit que cet appareillage permettra d’analyser votre conduite pour faire baisser la consommation de carburant, la sinistralité… et le coût de l’assurance. En clair, comme tout sera enregistré et mis en mémoire, si vous avez le moindre pépin, « tout ce qui aura été enregistré sera retenu contre vous ». Un peu comme si vous aviez un gendarme derrière vous en permanence, vous aurez sérieusement intérêt à vous tenir à carreau.
Pour l’instant, la Cnil affirme encadrer l’usage de ces appareils afin que leur utilisation ne les transforme pas « en mouchards destinés à relever les infractions au code de la route et à les transmettre aux assureurs ou aux forces de l’ordre ». Mais reconnait par ailleurs qu’une procédure judiciaire permettra néanmoins d’accéder aux informations stockées.
De plus, nous savons par expérience que tout commence toujours dans la plus parfaite légalité et respect des libertés individuelles pour ensuite, au détour de tel ou tel fait divers, élargir l’usage ou les dérogations.
Souriez, vous êtes filmés !
Boris Brault a fondé la société Road Eyes en 2011. Son objectif ? Convertir les Français à la caméra embarquée. Il s’agit de petits boîtiers que l’on installe sur le pare-brise et qui filment la route en enregistrant vitesse et position GPS.
Son argument ? « Notre caméra, c’est un avocat, pas un flic. Les images peuvent servir en cas de litige ou de délit de fuite ». Et l’entrepreneur de citer l’exemple de la Russie (1,5 million de caméras dans les voitures) ou de la Corée du Sud (1 million). « Ces dispositifs sont prévus pour accompagner les usagers de la route dans une conduite sereine. » S’appuyant sur les statistiques qui établissent une recrudescence des délits de fuite, des car-jackings et des agressions, il vous promet ainsi de pouvoir communiquer à vos assureurs et aux forces de l’ordre toutes les preuves nécessaires aux enquêtes. Il cite aussi en référence les assureurs anglais et américains qui accordent des réductions de 10 à 25% aux automobilistes acceptant de s’équiper. À Taïwan, ce sont les bus scolaires qui sont équipés afin de filmer et d’enregistrer tout ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur du véhicule. Un dispositif que la start-up française propose déjà aux taxis de notre pays.
Je ne vous étonnerai pas en vous disant qu’il est difficile de convaincre les automobilistes français de s’équiper en masse avec ce seul discours sécuritaire. En 2014, ce sont tout d’abord les flottes d’entreprises qui devraient se voir équipées. De telles dispositions ont permis aux États-Unis de réduire de plus de moitié les collisions et la consommation. Pour toucher les particuliers, les produits essaieront de se présenter de manière plus ludique, connectés avec les smartphones pour encourager la pratique du « smartdriving » en permettant à chacun de mieux connaître ses habitudes de trajet et ses petits défauts de conduite. Il n’empêche que le handicap numéro un pour le développement de tels systèmes chez nous reste l’insécurité judiciaire. Si dans d’autres pays la notion de « propriété des images enregistrées dans un lieu privé » est respectée par les pouvoirs publics et l’utilisation de telles images soumises à autorisation préalable de leur propriétaire, nous savons tous qu’en France, le respect des lois protégeant la propriété privée individuelle est plus qu’aléatoire. Les bonnes intentions peuvent facilement se retourner contre leur initiateur.
Dans d’autres pays, que la « grande » presse s’entête pourtant à vouloir nous présenter comme liberticide, le respect du droit a incité plus d’1,5 million d’automobilistes à s’équiper.
Boris Brault a fondé la société Road Eyes en 2011. Son objectif ? Convertir les Français à la caméra embarquée. Il s’agit de petits boîtiers que l’on installe sur le pare-brise et qui filment la route en enregistrant vitesse et position GPS.
Son argument ? « Notre caméra, c’est un avocat, pas un flic. Les images peuvent servir en cas de litige ou de délit de fuite ». Et l’entrepreneur de citer l’exemple de la Russie (1,5 million de caméras dans les voitures) ou de la Corée du Sud (1 million). « Ces dispositifs sont prévus pour accompagner les usagers de la route dans une conduite sereine. » S’appuyant sur les statistiques qui établissent une recrudescence des délits de fuite, des car-jackings et des agressions, il vous promet ainsi de pouvoir communiquer à vos assureurs et aux forces de l’ordre toutes les preuves nécessaires aux enquêtes. Il cite aussi en référence les assureurs anglais et américains qui accordent des réductions de 10 à 25% aux automobilistes acceptant de s’équiper. À Taïwan, ce sont les bus scolaires qui sont équipés afin de filmer et d’enregistrer tout ce qui se passe à l’intérieur et à l’extérieur du véhicule. Un dispositif que la start-up française propose déjà aux taxis de notre pays.
Je ne vous étonnerai pas en vous disant qu’il est difficile de convaincre les automobilistes français de s’équiper en masse avec ce seul discours sécuritaire. En 2014, ce sont tout d’abord les flottes d’entreprises qui devraient se voir équipées. De telles dispositions ont permis aux États-Unis de réduire de plus de moitié les collisions et la consommation. Pour toucher les particuliers, les produits essaieront de se présenter de manière plus ludique, connectés avec les smartphones pour encourager la pratique du « smartdriving » en permettant à chacun de mieux connaître ses habitudes de trajet et ses petits défauts de conduite. Il n’empêche que le handicap numéro un pour le développement de tels systèmes chez nous reste l’insécurité judiciaire. Si dans d’autres pays la notion de « propriété des images enregistrées dans un lieu privé » est respectée par les pouvoirs publics et l’utilisation de telles images soumises à autorisation préalable de leur propriétaire, nous savons tous qu’en France, le respect des lois protégeant la propriété privée individuelle est plus qu’aléatoire. Les bonnes intentions peuvent facilement se retourner contre leur initiateur.
Dans d’autres pays, que la « grande » presse s’entête pourtant à vouloir nous présenter comme liberticide, le respect du droit a incité plus d’1,5 million d’automobilistes à s’équiper.
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