Par le capitaine Paul Watson Le Capitaine
Paul Watson à la sortie du procès à Seattle. 6 Novembre 2013 Le Capitaine Paul Watson à la sortie du procès à Seattle. 6 Novembre 2013 Je ne peux pas parler du procès de l’ICR contre Sea Shepherd, mes avocats me l’ont déconseillé, et je ne peux pas non plus aborder le sujet de l’extradition. Je voudrais dire que les gros titres qui me décrivent comme un "fugitif" comparaissant devant la cour sont étonnants et incorrects. Je ne suis pas un fugitif, car si j’en étais un, je ne comparaîtrais pas de plein gré devant le tribunal. Et en vérité je n’ai jamais été un fugitif. Je n’ai jamais été vraiment recherché. Quand j’ai quitté l’Allemagne, le mandat d’arrêt a été abandonné. Je ne suis pas recherché en Allemagne, et ils m’ont renvoyé mon passeport. La notice rouge d’Interpol n’est qu’une simple demande. Ce n’est pas un mandat d’arrêt, et elle n’implique pas une arrestation automatique à mon arrivée. Le terme "fugitif" n’est pas approprié pour une personne qui se trouve simplement sur la Liste Rouge.
Ce que je peux dire sur le procès, c’est que nos témoins étaient excellents, nos avocats sont formidables, notre assurance d’assistance juridique nous a fourni quelques-uns des meilleurs avocats de Seattle, et nous a fait économiser l’argent de nos donateurs.
Je dois admettre que je me suis bien amusé. On m’avait conseillé de mettre un costume, du coup on m’en a donné un de marque italienne, et avec ce costume et une paire de lunettes de soleil à ma propre marque, j’ai fait mon entrée au tribunal dans un style des plus classiques et traditionnels. A l’intérieur du palais de justice, j’ai été accueilli par cinq officiers de police. Ils m’ont dit qu’ils étaient là pour ma protection car il y avait eu des menaces contre moi, et ils m’ont demandé si je voulais bien faire une photo avec eux.
Il a été très utile que le sénateur Bob Brown de Tasmanie et Jeff Hansen, le directeur australien de Sea Shepherd Australie, aient traversé le Pacifique depuis l’hémisphère sud pour apporter leur soutien à la défense. Merci également aux capitaines Peter Hammarstedt et Sid Chakavarty pour avoir témoigné, Peter le faisant par vidéo depuis la Suède, Sid étant venu d’Australie en avion. Et toute ma reconnaissance aux équipiers Todd Emko de New York et Eleanor Lister de l’île de Jersey pour avoir comparu comme témoins, Tod en personne, et Eleanor par vidéo.
Pendant tout le temps que j’ai passé en mer, environ seize mois au total, j’ai fait beaucoup de chemin. J’ai traversé l’Atlantique Nord et tout le Pacifique du Nord au Sud en direction de l’Océan Austral, je suis allé jusqu’à l’Océan Indien puis je suis reparti vers le Pacifique Sud, où je suis allé à terre et où j’ai pu explorer quantité d’îles inhabitées, profitant de l’occasion pour ramasser les débris de plastique et pour passer du temps avec les oiseaux marins, les tortues, les baleines, les dauphins et les requins. J’ai mangé quantité de noix de coco, et observé beaucoup de levers et couchers de soleil spectaculaires. J’ai vu le rayon vert une bonne demi-douzaine de fois, à l’occasion des jours rares où le soleil se couche dans les bonnes conditions pour cela.
Comme je l’ai dit à la Cour, je ne dirigerai pas l’opération Relentless (Implacable). Je ne participerai pas à l’organisation ni aux préparatifs de l’opération Relentless, et je ne prendrai aucune part, de quelque façon que ce soit, à l’opération Relentless. En tant que citoyen américain, je suis tenu légalement de respecter l’injonction émise à la demande de l’ICR par la Cour du Neuvième Circuit.
L’opération Relentless, dont le démarrage est prévu pour le 1er décembre, est une campagne préparée et dirigée à 100% par Sea Shepherd Australie, avec la participation d’autres entités nationales Sea Shepherd, mais sans que Sea Shepherd USA n’y apporte le moindre cent, conformément à cette injonction.
Mais Sea Shepherd n’est pas animée et dirigée par un seul homme. L’ICR a la naïveté de croire que Sea Shepherd était et est contrôlée par l’organisation américaine Sea Shepherd USA. Ce n’est pas le cas. Sea Shepherd est indépendante dans beaucoup de pays, et aucune entité nationale n’a plus d’importance qu’une autre. Et, le plus important, Sea Shepherd est devenue un mouvement.
Autrefois j’étais "le" chef de Sea Shepherd, mais ça fait longtemps que ce n’est plus comme ça, et c’est très bien ainsi. Sea Shepherd a beaucoup de leaders, beaucoup de capitaines, d’officiers et d’équipiers, et des légions de sympathisants.
Ce n’est pas quelque chose qu’on peut paralyser en sapant Sea Shepherd USA ou en me réduisant à l’inaction. Si le Japon croyait qu’il empêcherait la flotte de l’Océan Austral de retourner dans les eaux qui entourent l’Antarctique parce qu’il a intenté un procès et fait délivrer une injonction contre l’entité américaine et contre moi, il doit être déçu.
Sous le commandement de Sea Shepherd Australie, des capitaines non-américains emmèneront un équipage multinational dans l’Océan Austral, plus forts que jamais, malgré l’absence totale de soutien des USA, et bien que je ne sois plus à leur tête.
Les capitaines, officiers et équipiers des bateaux de Sea Shepherd ont tout ce qu’il leur faut pour réussir leur mission une fois encore. Ils disposent de bateaux parfaitement approvisionnés et aux réservoirs de carburant pleins à ras bord ainsi que d’équipages de volontaires passionnés, compétents et expérimentés. Toutes les avaries de l’an dernier ont été réparées, et les fonds recueillis en Australie n’ont jamais été aussi importants.
Les Gardiens de la Baie sont à leur poste à Taiji au Japon, et les campagnes de Sea Shepherd se poursuivent sans trêve à Hong Kong, aux Galapagos, en Europe, en Afrique, en Amérique du Sud et en Amérique Centrale. Cette année, Sea Shepherd est encore plus forte que l’an passé, et, de façon très inattendue, l’injonction des Japonais a eu un effet positif. Elle a démontré que Sea Shepherd est un mouvement global, pas une organisation centralisée. Les organisations peuvent être démantelées, les individus peuvent être réduits au silence, mais pratiquement rien ne peut arrêter un mouvement.
Sea Shepherd continue d’agir selon nos principes de non-violence, et nous n’avons toujours pas causé de blessures à qui que ce soit.
Quant à moi et à mes projets, j’ai l’intention de me mettre au travail et de terminer mes livres, en particulier celui qui portera le titre de "Whale Wars" (la guerre des baleines), l’histoire des dix expéditions de Sea Shepherd dans l’Océan Austral pour défendre les baleines de la chasse illégale des Japonais. Et je me dois d’en remercier à nouveau le Japon, car s’il n’y avait pas eu cette injonction, je n’aurais tout simplement pas le temps de finir ce livre.
Il s’avère donc que, sous bien des aspects, les choses se déroulent pour le mieux pour nous.
Sea Shepherd reste forte, vaillante et implacable dans ses campagnes pour défendre sans trêve la vie et la diversité dans les océans du monde. Whale Wars sera diffusé en décembre, et il y aura une version plus longue pour la distribution internationale. Nous travaillons sur un projet de long-métrage sur Sea Shepherd, et nous continuons à impulser le changement partout où nous allons. C’est un fait très motivant qui nous guide : si l’océan meurt, nous mourrons !
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