Près de 75.000 personnes se sont inscrites au chômage en Espagne en novembre. Le pays affiche l'un des taux de chômage les plus élevés de l'Union européenne, en progression constante. Pas de répit pour les travailleurs espagnols. Le nombre d'inscrits au service de l'emploi a fortement progressé au mois de novembre, de près de 75.000 personnes (+1,54%), après un pic d'inscriptions de 128.000 (+2,73%) en octobre. Seuls les jeunes, parmi lesquels un actif sur deux pointent au chômage, voient leur nombre d'inscrits diminuer. Si la construction enregistre un léger regain, les services continuent par ailleurs à perdre leurs effectifs.
Selon le gouvernement ibérique, le chiffre du mois de novembre est partiellement imputable à la suppression d'une convention avec les aides-soignants non professionnels, qui a gonflé le contingent de nouveaux chômeurs de près de 40.000 le mois dernier.
Il n'empêche: selon l'Institut national de la statistique espagnol, le cap des 25% de chômeurs a été franchi au troisième trimestre, et selon Eurostat, qui utilise une méthode de calcul différente, le pays enregistre même un taux de 26,2% en octobre. Cette dernière statistique place l'Espagne en tête des pays de l'Union européenne pour son taux de chômage, devant la Grèce, dont les dernières données disponibles datent cependant du mois d'août.
Un marché du travail rigide et dual
Le chômage n'a cessé de progresser depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008. A l'époque, la part des actifs espagnols au chômage ne dépassait pas les 9%. Mais confrontée à une conjoncture économique défavorable et à des plans de rigueur successifs destinés à réduire son endettement, l'Espagne est retombée en récession à la fin de l'année 2011. Le PIB a à nouveau reculé de 0,3% au troisième trimestre, après -0,4% au deuxième trimestre.
Le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy n'en table pas moins sur une inversion de la courbe du chômage d'ici la fin de l'année. Selon ses prévisions, le taux de chômage devrait refluer à 24,6 en 2012, puis 23,3% en 2013. Le vote, au printemps dernier, d'une réforme du marché du travail espagnol, réputé dual et rigide, devrait selon lui contribuer à améliorer la situation sur le front de l'emploi, en particulier pour les jeunes.
Tout en appelant l'Espagne à aller encore plus loin, l'OCDE jugeait ces derniers jours que cette réforme représente un «progrès significatif». Mais elle se montrait moins optimiste quant à l'évolution de l'emploi. Tablant sur un recul du PIB de 1,2% en 2012 et de 1,4% en 2013, l'organisation prévoit au contraire une poursuite de la progression du chômage l'année prochaine, à 26,9%.
