Le regretté Philippe Murray avait décrit avec l’ironie qui convenait le passage de l’Homo sapiensà l’Homo festivus. Plus encore que le « jeune » déculturé, le politicien bling-bling, l’homme de la jet-set ou le débile fasciné par la Star Academy, l’une des figures clés de cet univers festif est le « bobo », alias le « bourgeois-bohème ». Parfaitement « hygiéniques » et « politiquement corrects », les bobos, trentenaires ou quadragénaires friqués, libertaires-libéraux « cools » et décontractés, toujours à la recherche d’un « max de fun », dressés à désirer tout et son contraire, gravitent souvent dans le show-biz, l’informatique, l’audiovisuel ou la publicité. On les voit faire leur jogging, le regard absent, leur demi-bouteille d’eau minérale sous le bras. Leur devise, c’est « be positive », et aussi « anything goes ». L’ère des bobos, degré zéro de la vie sociale.
Alain de Benoist, Les démons du bien