CELA SE PASSE DANS LE TARN, ET CE N’EST PAS UNE BLAGUE
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Des pigeons pris dans les griffes, ou plutôt les nageoires des poissons. Ce n’est pas une blague, et ça se passe près de chez vous. Des scientifiques de l’Université de Toulouse (Paul Sabatier) ont publié mercredi dernier dans la revue Plos One une étude aux résultats assez surprenants. Cela s’est passé entre le 30 juin et le 19 octobre de l’année dernière. Une caméra a filmé pendant 72 heures les rives du Tarn et, oh surprise !, pas moins de 54 attaques de silures (de gros poissons-chats) sur des pigeons ont été enregistrées. Du jamais vu !
LE BEACHING : UNE TECHNIQUE DE TUEURS
Ces poissons s’y prennent de la manière la plus rusée : il s’approchent des abords du fleuve, et sautent sur les pigeons qui ont le malheur de s’approcher des rives pour faire trempette. En quelques secondes, l’oiseau est attiré dans l’eau et dévoré, tout cru ! Cette tactique, dite du « beaching », marché un peu plus d’une fois sur quatre : 28% des pigeons attaqués y laissent leur peau, ou plutôt leurs plumes (le même taux que les attaques de souris par les chats…). On estime que certains silures se nourriraient à 80% de pigeons…C’est du moins le chiffre apporté par cette étude incroyable. On a même pu observer des silures sortir complétement de l’eau pour ensuite y retourner sans dommages, note Frédéric Santoul, l’un des auteurs de l’étude. Ce qui ne se produit normalement jamais : un poisson peut sauter hors de l’eau, mais jamais en sortir de son propre gré.
LA NATURE DANS TOUS SES ETATS
Les prédateurs en question appartiennent à l’espère des silures glane (silurus glanis), une espèce dite « invasive ». Ils sont en effet venus d’Europe de l’Est, des cours du Rhin et du Danube. On en trouve maintenant dans les rivières d’Europe de l’Ouest (depuis 1983 dans le Tarn). Ils peuvent atteindre jusqu’à 2,5 mètres de long. Pour les chercheurs, ces silures ont subi une « modification physiologique très nette ». S’attaquer à des pigeons, alors que ces prédateurs se nourrissent normalement de petits poissons ou d’écrevisses, et qui plus est de jour, alors que les poissons chassent normalement la nuit, c’est assez insolite. Pour les scientifiques, les silures mangeurs de pigeons veulent défendre leur territoire face aux autres silures. Comme quoi, toutes les classifications biologiques (genres et espèces) ne sont pas si naturelles que cela. La vie nous réserve toujours des surprises.
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