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Adoption par les homos : pourquoi les disciples de Freud disent non

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Quelle place pour le complexe d'Oedipe dans un monde avec deux papas ou deux mamans ? 
     "La question est de savoir si la loi peut dire qu'un enfant est issu de deux pères et de deux mères. Ce serait une révolution anthropologique. Pas seulement pour les enfants élevés par des couples homos, mais pour tous les enfants", résume le pédopsychiatre et psychiatre Christian Flavigny. "Dire à un enfant qu'il est né de la relation amoureuse de deux adultes du même sexe, c'est introduire un faux dans sa filiation. Plaquer un mensonge sur son origine", s'inquiète ce responsable du département de psychanalyse de l'enfant de la Salpêtrière. "Aujourd'hui, c'est différent. Aucune loi n'assène aux enfants des familles homoparentales que leur situation est banale, alors qu'ils savent très bien qu'elle ne l'est pas".

La théorie des genres
Dans son cabinet, ce dernier reçoit, entre autres, des familles homoparentales et recomposées. "Aujourd'hui, je demande assez rapidement à parler en tête à tête avec le père ou la mère de l'enfant, sans le tiers qui partage sa vie. Avec la nouvelle loi, je me vois difficilement demander aux deux hommes "qui est le papa" ou à deux femmes "qui est la maman"... Comment faire la différence si tous deux considèrent avoir ce rôle ?" s'interroge-t-il ? Tout enfant sait qu'il est né de l'union d'un homme et d'une femme, qu'elle soit fugace ou pérenne, naturelle ou médicalement assistée, martèlent les spécialistes de la psyché. "Qu'on ne vienne pas me dire que c'est un schéma traditionnel ou ringard !" s'agace le psychanalyste Jean-Pierre Winter, qui remet malicieusement le maître viennois en scène dans l'actualité : "Freud avait dit que celui qui débarrasserait l'humanité de la sexualité serait considéré comme un héros. Tous les bricolages généalogiques sont sources de perturbation. L'enfant devra démêler une question difficile. Celle d'être le produit du désir de deux personnes qui ne peuvent pas engendrer. Dans cette situation, comment arrivera-t-il à définir qui il est ?"
     Pour se structurer, un enfant a besoin de la différence des sexes, reprennent en chœur les pédopsychiatres. "La reconnaissance dans la loi de deux parents du même sexe reviendrait à dire qu'elle n'existe pas ou qu'elle ne compte pas. Au nom de la théorie des genres, nous sommes en train de faire disparaître les hommes et les femmes", pointe Pierre-Lévy Soussan, pédopsychiatre à la tête d'une consultation spécialisée dans la filiation et la parentalité. "L'homme n'est pas une mère comme les autres", défend ce spécialiste de l'adoption. "Les interactions avec la mère sont radicalement différentes de celles avec le père", plaide-t-il. "Les mères recherchent plutôt le bien-être de l'enfant, son confort, échangent de longs regards avec lui. Les pères sont dans un rapport plus stimulant, avec des jeux physiques comme soulever le bébé en l'air", acquiesce Maurice Berger, chef de service en psychiatrie de l'enfant au CHU de Saint-Étienne. C'est vers 3 ou 4 ans qu'un tout-petit commence à se rendre compte que deux personnes du même sexe ne peuvent pas concevoir ensemble, selon ce dernier. "L'enfant se retrouvera alors face à une énigme sexuelle. C'est pourquoi ceux que j'ai reçus étaient en général agités. Dans l'incapacité de relier conception de la sexualité et tendresse parentale, ils ne trouvaient pas de solution dans leur fonctionnement psychique." Maurice Berger se rappelle d'une petite fille de 8 ans, élevée par sa mère et la compagne de celle-ci. Elle avait dessiné pour le docteur une reine entourée de plusieurs bambins. "Elle m'avait ensuite expliqué que ces enfants avaient été fabriqués par la sœur de la reine avec une potion magique", rapporte-t-il. 

"Un statut d'objet de consommation"
S'il y a eu effacement du père ou de la mère, "l'enfant devient SDF, "sans domicile filiatif", "enfant de personne", relève Pierre Lévy-Soussan. Comme lorsque l'adoption se passe mal. Il ne cessera de questionner les adultes qui l'entourent, y compris au travers d'attaques ou d'agressions verbales. Certains souffrent de problèmes d'identification sexuelle, d'autres ont du mal avec leur image narcissique." Ils sont de plus en plus nombreux à consulter, avance Maurice Berger. "L'enfant souffre aujourd'hui d'un statut d'objet de consommation. Autoriser l'adoption à des couples dont la sexualité n'est pas destinée à la procréation accentuerait ce statut", craint pour sa part le pédiatre Aldo Naouri.
     "Aujourd'hui, ils peuvent accepter la complexité de la vie affective de leur père ou de leur mère. Malheureusement, le projet de loi risque de brouiller les cartes", se désespère Christian Flavigny. "On nous dit que les enfants élevés par des couples homosexuels ne vont pas plus mal que les autres. Mais sur la base de quelles études, de quels chiffres ?" s'insurge, plus sceptique, Jean-Pierre Winter. De plus, ces études ne font pas la différence entre des enfants issus d'une procréation médicalement assistée, adoptés, nés par mère porteuse... Des situations pourtant différentes."
     "En France, les études qui seraient nécessaires ne sont pas vraiment possibles, car l'Insee n'a pas le droit de répertorier les familles de ce type. Elles sont enregistrées comme "monoparentales". Leur recrutement passe donc forcément par les associations LGBT. Les études étrangères sont soit réalisées en lien avec la communauté homosexuelle soit financées par des organisations religieuses radicalisées", explique le Dr Guillaume Fond, de l'Inserm et du service de psychiatrie adulte du CHU de Montpellier, qui regrette le manque manque de sérénité autour de ces recherches.

Le Figaro N°21 203

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