La procréation médicalement assistée pourrait être incluse dans la loi.
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Le gouvernement lâche du lest sur la procréation médicalement assistée (PMA). Mercredi soir, le président François Hollande a affirmé qu'il reviendrait au Parlement de se prononcer «souverainement» sur l'introduction de la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes, dans le projet de loi sur le mariage homosexuel, même s'il y reste opposé à titre personnel. Depuis la rentrée, cette question parasitait les relations entre un premier ministre réticent, un gouvernement partagé et des parlementaires du groupe PS très décidés. En difficulté sur le plan économique et social, le gouvernement a donc desserré la bride sur ce sujet sociétal à forte valeur symbolique.
Il «n'a pas l'intention de bloquer à tout prix» l'élargissement de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes lors du débat parlementaire sur le mariage homosexuel, avait lâché un peu plus tôt sa porte-parole, Najat Vallaud-Belkacem. Un laissez-passer peu enthousiaste mais en rupture avec le silence du gouvernement. Ce dernier pourrait ne pas donner d'avis défavorable sur l'élargissement de la PMA aux couples de femmes, «qui n'est pas sa position», et laisser les parlementaires seuls juges, avait aussi laissé entendre le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies.
Cependant, du côté du ministère de la Justice, on dénonce un imbroglio. La déclaration de Najat Vallaud-Belkacem s'appuyait en effet sur des propos tenus par la garde des Sceaux la veille. Propos mal interprétés, selon l'entourage de Christiane Taubira. «Le gouvernement ne bloquera pas les choses», a déclaré la garde des Sceaux mardi, lors des 3es Rencontres de la laïcité à l'Assemblée nationale. «Christiane Taubira ne répondait pas à une question sur la PMA, mais sur de possibles modifications des conditions d'ouverture de l'adoption aux couples pacsés, concubins depuis deux ans, homos ou hétéros», rectifie le porte-parole du ministère de la Justice.
Couac ou changement de ton, le bras de fer entre le gouvernement et les parlementaires sur la PMA semble tourner en faveur de ces derniers. Mal à l'aise sur le sujet, Jean-Marc Ayrault a jusqu'à présent renvoyé sine die le sujet de l'ouverture de la PMA à une seconde loi sur la bioéthique ou la famille et martelé que le projet de loi du mariage pour tous était le reflet exact de l'engagement 31 de François Hollande sur le mariage et l'adoption.
Depuis quelques semaines, le contexte a changé. Ces déclarations tombent juste avant la manifestation du 16 décembre en soutien au projet de loi et à l'ouverture de la PMA. Elles arrivent aussi une dizaine de jours après la tribune de 100 députés socialistes pour défendre cet amendement. Lundi, le premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, a confirmé le dépôt d'un amendement sur l'ouverture de la PMA et jugé que ce dernier aurait toutes les chances d'être adopté.
«Nous sommes actuellement en train de travailler à la rédaction et au périmètre d'un amendement sur l'ouverture de la PMA, confie Erwann Binet, député PS rapporteur de la loi. Aujourd'hui, c'est le Parlement qui tient le stylo, mais, bien entendu, nous échangeons avec le gouvernement, et c'est plus confortable de travailler avec sa confiance.» Une délégation de députés de la commission des lois se rendra d'ailleurs lundi à Bruxelles pour visiter une clinique qui pratique la PMA pour les couples de femmes et les femmes célibataires, comme l'autorise la Belgique.
Les opposants au projet de loi se disent peu surpris par cette inflexion du discours. «Cela confirme le double langage du gouvernement et la théorie de la pente glissante. Au moment du pacs, les socialistes promettaient qu'il n'y aurait pas d'ouverture du mariage. Aujourd'hui, le gouvernement ouvre le mariage et l'adoption, mais ne se prononce pas en faveur de la PMA pour les femmes. Maintenant, il ne s'y oppose plus…», dénonce le député UMP Jean Leonetti. «Ce n'est pas bien de se cacher comme ça derrière le groupe parlementaire», a critiqué mercredi l'ancienne ministre de l'écologie Nathalie Kosciusko-Morizet, jugeant «hypocrite» l'attitude du gouvernement.
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