On sait qu'en Allemagne, où grâce à la gauche la prostitution est déjà devenue un "métier comme un autre", certaines ouvrières licenciées par le Capital se sont vu logiquement proposer par l'ANPE locale, au titre de leur reconversion, l'emploi d'hôtesses de charme dans les nouveaux Eros Centers. Cette manière - appelée à se développer - de résoudre la question du chômage des jeunes ne constitue, toutefois, qu'un des aspects du problème. Si, comme le veulent les borillistes et iacubiens, la prostitution est bien un métier comme un autre, et si l'une des fonctions de l'Ecole est toujours de préparer la jeunesse à ses futurs métiers, il est, en effet, logiquement inévitable que l'Education nationale prenne en charge, dès le collège, la formation des élèves désireux de s'orienter vers ce métier d'avenir (création des diplômes, filières et options appropriés ; définition des programmes, ainsi que de la nature, théorique et pratique, des épreuves d'examen destinés à valider les compétences acquises ; constitution, enfin, des corps enseignants et d'inspection, indispensables pour donner vie à ce projet éminemment moderne). On attend avec impatience la préface de Jack Lang et les éditoriaux enthousiastes de Libération.
Jean-Claude Michéa, L'Empire du moindre mal