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Vol West, le survivaliste français du Montana

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Sa découverte de l’Amérique fut une révélation. En 1992, Vol West a 20 ans quand il parcourt pour la première fois ce "pays de liberté et de sauvagerie". A Los Angeles, ce natif de Vitry-sur-Seine près de Paris multiplie les petits boulots et devient charpentier. Pour fuir la mégalopole californienne et "se distancer de la société, du système, de la machine", il s’installe avec sa famille dans l’Etat rural du Montana, au nord-ouest des Etats-Unis. Le Français de 40 ans y mène depuis une vie simple au milieu de la nature. Sur son blog à succès, Vol West partage son expérience personnelle et pragmatique du survivalisme. Sa devise ? "Si la vie était un jeu, la seule règle serait de survivre." Il se confie à quelques jours de "la fin du monde" annoncée pour le 21 décembre 2012. 

France-Amérique : quelle est votre définition du survivalisme et vous considérez-vous comme un survivaliste atypique ? 
Vol West : Pour beaucoup, le survivalisme est encore l'anticipation souvent mélodramatique et plus ou moins théâtrale d'une catastrophe globale menaçant brutalement la pérennité de notre espèce : "la fin du monde". La démarche du survivaliste n'est pas pour moi de se prémunir d'une possible catastrophe biblique, d'anticiper un effondrement global, ou de se préparer a un événement spécifique et calculé comme une guerre nucléaire ou une pandémie, mais bien de privilégier, au travers d'une certaine prise de conscience et de philosophie de vie, une intention d'indépendance et d'autonomie à l'échelle individuelle, familiale et clanique. Cette indépendance, plus ou moins développée et entretenue selon les situations familiales, budgétaires et environnementales, permet certes de faire face à des événements plus ou moins dramatiques comme par exemple la perte de l'emploi, un accident de la route, un incendie au domicile, une catastrophe naturelle et ses séquelles sur l'infrastructure comme l'ouragan Sandy, mais aussi et surtout de pouvoir influencer, d'une manière durable et cohérente, notre environnement immédiat par la mise en place d'un jardin potager par exemple, d'une méthode de récupération des eaux de pluie, ou encore la production de notre propre énergie. Simplement, c'est prendre en main notre propre bien-être et augmenter notre qualité de vie. En ce sens, je suis sans aucun doute un survivaliste atypique ! 

Comment s'est faite votre prise de conscience ? 
Lentement. J'ai toujours été attiré par cette notion d'indépendance et de "self-sufficiency", mais ce n'est qu'en vivant à Los Angeles pendant plus de 16 ans que je me suis réellement rendu compte d'un déséquilibre omniprésent et grandissant au sein de nos structures sociales, notamment au niveau de la nourriture. L'évolution de nos méthodes de production allant toujours plus vers ce "cash-crop" fondamentalement problématique pour l'environnement et nos générations futures, j'ai commencé à étudier certaines solutions plus stables et surtout pérennes comme par exemple la permaculture. Mais l'intention d'indépendance nutritive nous confronte aussi à la dépendance d'une multitude de sous-systèmes comme l'arrosage par exemple, ou encore la préservation de nos aliments. En plus de la question nutritive, il m'a fallu réaliser, peut-être plus globalement, que notre univers est devenu extrêmement complexe, et de cette complexité germe une fragilité difficilement négociable pour une famille totalement dépendante de nos systèmes de support comme l'électricité, la distribution (nourriture, eau, gaz naturel, essence etc.), le système bancaire, la protection civile, les soins… Cette dépendance peut être dramatique à l'échelle familiale, comme nous avons pu le constater durant les ouragans Katrina et Sandy. 

Que pensez-vous du traitement par les médias des survivalistes, souvent décrits comme des illuminés surarmés, enterrés dans leur abri en attendant la fin du monde ? 
Je pense qu'il est tout à fait logique pour les médias de faire la caricature du survivalisme, surtout à quelques jours du 21 décembre. Après tout, la médiatisation est de plus en plus une histoire de divertissement, et dans ce contexte, l'image "traditionnelle" d'un survivaliste ultra armé et prêt a survivre à l'apocalypse dans son bunker apparaît en premier plan. Maintenant, le survivalisme a largement évolué depuis les sentiments exaltés de la Guerre froide. C'est cette évolution qui me paraît intéressante, car le survivalisme offre avant tout des méthodes simples et pragmatiques pour améliorer notre quotidien, catastrophe ou pas. 

Quels sont les principaux mythes et clichés sur les survivalistes que vous dénoncez ? 
Sans aucun doute l'anticipation d'une quelconque "fin du monde". Il est vrai que certaines démarches ne peuvent être dissociées d'une croyance imperturbable dans l'apocalypse, mais la plupart des survivalistes aujourd'hui sont par exemple ces jeunes gens en Grèce qui retournent à la terre de leurs ancêtres pour la cultiver et peut-être minimiser l'impact de la problématique économique de leur pays. Ce sont ces mères de familles, qui s'intéressent à la production et la préservation de la nourriture, pour pouvoir offrir une certaine stabilité nutritionnelle à leur famille tout en faisant des économies. Ce sont ces millions de gens dans le monde qui s'aperçoivent plus ou moins soudainement que leur propre bien être leur appartient. 

Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de paranoïa ? 
Nous avons des détecteurs de fumée à la maison pour nous alerter en cas d'incendie. Nous avons une roue de secours dans la voiture pour gérer une crevaison. Nous avons une assurance médicale, une assurance vie, pour nous aider en cas de problème de santé. Est-ce que ces démarches reflètent une certaine paranoïa ? Même si le survivalisme pourrait faire valoir une attitude anxiogène, voir paranoïaque, la plupart de nos gouvernements nous demandent aujourd'hui, à nous citoyens, d'avoir un minimum d'autonomie familiale en cas de coup dur. Ready.gov par exemple, est un excellent site gouvernemental américain qui propose une autonomie familiale sur le court terme pouvant être salutaire en cas d'effondrement de la normalité à l'échelle locale ou régionale. Le survivalisme devrait selon moi s'appuyer sur la raison et non la peur, sur la prévoyance et non la paranoïa. 

Vous défendez une vision très pragmatique du survivalisme… 
Dans un premier temps, il est important de réaliser que le survivalisme, tel que je le comprends, n'est pas lié a l'échec, c'est-à-dire à la rupture du système ou la catastrophe, mais bien à renforcer l'idée de résilience, d'autonomie et d'indépendance, que celle-ci soit individuelle, familiale, régionale, nationale et peut-être globale. C'est le fameux discours inaugural du 20 janvier 1961 prononcé par le président américain John F. Kennedy : "Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays."Si nous avions tous un minimum d'autonomie à la maison, il me paraît évident que l'impact et les séquelles de la plupart des événements perturbateurs (inondations, tremblements de terre, accidents nucléaires, émeutes, tornades, tempêtes etc.) se trouveraient minimisés. Moins de gens dans le besoin, moins de gens déstabilisés, déracinés ou encore désespérés, influence directement le niveau de résilience et d'adaptabilité ambiant. Ensuite, et peut-être à plus long terme, le survivalisme apporte des solutions aux problématiques plus globales et systémiques comme l'appauvrissement des sols causé par la monoculture, ou encore le gaspillage permanent de ressources vitales comme l'eau. Non seulement nous nous donnons les moyens de gérer une problématique locale et de courte durée, mais nous nous donnons aussi les moyens d'influencer la qualité de vie de nos générations futures au travers de méthodes d'agriculture saines et cohérentes par exemple.

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