Quel culot ! La CGT, à travers les comités d'entreprise de la SNCF, s'est payé en mars 2011 une campagne d'affichage aux accents dramatiques : "Tous les jours, on tue le fret ferroviaire." Comme si le syndicat de Bernard Thibault était étranger à cette Berezina. La situation du fret ferroviaire en France est catastrophique. Le constat dressé par le rapport d'information du sénateur du Bas-Rhin Francis Grignon (UMP) est sans appel : "Le trafic de fret français, à peu près équivalent à celui allemand durant les années 90, est désormais quatre fois plus faible qu'outre-Rhin." L'activité fret de la SNCF perd, bon an mal an, 400 millions d'euros, ce qui plombe les résultats de l'entreprise. Europe oblige, depuis 2006, le réseau ferroviaire est ouvert aux concurrents. Parmi eux, Cargo Rail, filiale de la Deutsche Bahn, essaie de se frayer un chemin, le français Veolia ayant renoncé... Au début, la CGT a bien essayé de bloquer la concurrence en envahissant les voies et en balançant des fumigènes contre les intrus. Spectaculaire, mais pas suffisant. Les concurrents de la SNCF ont pris des parts de marché (de l'ordre de 25%) supérieures à ce qu'ont concédé les opérateurs historiques dans les autres pays. La faute à qui ? le statut des cheminots "a un impact décisif sur la compétitivité de l'activité fret de la SNCF", note le rapport Grignon. Ses employés, que la CGT a défendus bec et ongles, coûtent plus (le double!) et travaillent moins (160 jours, contre 210) que ceux de VFLI, filiale privée de la SNCF. Sans compter qu' "cheminot SNCF ne peut pas passer plus d'une nuit hors de son domicile par semaine, contre deux ou trois pour un salarié du privé".
Le Point n°2014