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Trek africain... à la Goutte d'or !...

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 Un petit tour à la Goutte-d'Or, et puis s'en va. 

Des treks « ethniques» dans la capitale, une drôle d'idée? La dernière trouvaille des tour-opérateurs cible des Parisiens en manque d'exotisme. 

Ils ont chaussé leurs godillots antidérapants, enfilé une veste imperméable et conservent leur appareil photo à portée de main. Fin prêts, les randonneurs s'attaquent ce samedi matin de novembre à... la Goutte-d'Or, quartier africain de Paris. Le tour-opérateur Atalante, spécialisé dans les randonnées à l'autre bout du monde, organise tous les mois un "City trek Afric' à Paris". Pendant trois heures, dix à douze promeneurs, accompagnés par Jean-Marc Bombeau et Mohamed Sissokho, deux habitants du quartier, pénètrent chez les disquaires et les marchands de légumes avant de découvrir l'univers des vendeurs de cheveux et de déjeuner autour d'un poulet yassa. 

Le trek "ethnique" constitue un marché encore embryonnaire mais en pleine expansion. "Nous songeons à en proposer trois ou quatre l'an prochain consacrés au Paris chinois ou indien", assure David Noguès, directeur commercial d'Atalante. La concurrence est vive. Huwans Clubaventure vend déjà depuis 2004 des "cityrandos" qui accueillent chaque année 400 personnes. Au programme : cérémonie du thé dans un temple coréen, rencontre avec un pope dans une église russe, participation au défilé en l'honneur de Ganesh dans le quartier indien. Les deux tour-opérateurs accueillent la même clientèle : des citadins curieux ou en quête de dépaysement, voire des "comités d'entreprise venus de province pour le week-end", remarque Agnès Manesta, chez Huwans, qui estime donner aux clients le goût du voyage. "Par la suite, ils auront envie d'aller en Chine ou en Egypte", affirme-t-elle. 

MALAISE 
Parcourir, accompagné d'un guide, les rues de sa propre ville en fait surgir des facettes inattendues. A la Goutte-d'Or, on découvrira la Ferme parisienne, seul magasin de la capitale où l'on peut acheter de la volaille vivante. Les dizaines de poules qui s'ébattent dans un enclos de verre font le bonheur des marabouts du quartier. Plus loin, la poissonnerie Parivic propose barracudas ou sompattes aux clientes vêtues de boubous. La promenade se poursuit au marché Dejean, où l'on apprend à cuisiner les gombos, les bananes plantain ou les feuilles de manioc qui servent à préparer le saka-saka. Au fil du parcours, on repère quelques noms sur les vitrines : "Elégance exotique", "Beauty land" ou "Obama Fashionhair" avec un portrait géant du président des Etats-Unis. 

A certains moments, on ressent pourtant comme un malaise face à cette dizaine de touristes blancs observant avec curiosité les mœurs des Africains. Chez un marchand de tissus, à la vue des femmes blanches qui se font photographier parmi les bazins – ces étoffes damassées dont on fait les vêtements festifs en Afrique de l'Ouest –, des clientes qui s'apprêtaient à faire leurs emplettes rebroussent chemin. On a déjà assisté à une scène du même genre quelque part. C'était à Mopti, au Mali. 

Olivier Razemon (M, 22 décembre 2012)

Vu sur métapoinfos

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