Ce sont les Echos qui, hier, sous la plume d’Elsa Conesa, ont lancé la polémique : la décision du Conseil constitutionnel sur la loi de Finances 2013 ne coûterait pas 500 millions d’euros, comme l’avait annoncé Bercy, mais 1 milliard.
Le gouvernement, droit dans ses bottes !
La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a aussitôt réagi sur France 2 : le gouvernement maintient son chiffrage. Selon elle, la presse« spécule un petit peu ». Elle ajoute : « Nous restons sur ce chiffre de 500 millions d’euros. La trajectoire des finances publiques n’est pas remise en cause par la décision du Conseil constitutionnel. » Il n’y a pas à dire : si Najat Vallaud-Belkacem avait embarqué en 1912 à bord du Titanic, c’est dans l’orchestre qu’elle aurait joué. Tout prend l’eau, mais en avant la musique !
La ministre évoque également certaines dispositions censurées par le Conseil constitutionnel qui rapporteront des recettes supplémentaires à l’Etat. Elle a parfaitement raison : l’annulation du déplafonnement des niches fiscales outre-mer rapportera, par exemple, quelques dizaines de millions.
Pour le reste, Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac se veulent rassurants : ils infirment les estimations des Echos. Selon eux, la censure de la disposition sur les revenus des capitaux immobiliers (qui en alignait, rétroactivement, le barème sur celui de l’impôt sur le revenu) n’aura que de très minimes conséquences, puisque« l’essentiel du gain provient de la suppression de l’abattement forfaitaire de 1.525 euros (3.050 pour un couple marié) qui n’est pas censurée ». Tout donc devrait s’équilibrer.
La faute de Jérôme Cahuzac
Cependant, l’important n’est pas là, mais dans la façon dont la presse relate l’affaire. Les Échos titrent : « La décision du Conseil constitutionnel va coûter plus de 1 milliard d’euros à l’Etat ». Le Monde fait un quasi copié-collé :« Budget : la censure du Conseil constitutionnel pourrait coûter 1 milliard ». Quant au Huffington Post, il reste dans la même ligne avec un « Budget 2013 : la censure du Conseil constitutionnel a un impact sur les finances publiques plus élevé qu’annoncé ».
En lisant ces titres, on en vient à se dire : « Salaud de Conseil constitutionnel, dont la décision va encore coûter de l’argent à l’Etat, donc au contribuable ! » On ne peut pas tolérer cela. Alors, on descend à la cave voir où l’on a rangé la pique avec laquelle, tout à l’heure, on ira promener la tête de Jean-Louis Debré dans les rues de Paris. Mais, très vite, on se ravise. Car ce n’est pas la censure par la rue de Montpensier de certaines dispositions de la Loi de finances 2013 qui est en cause, mais l’impéritie avec laquelle le ministre du Budget a œuvré.
Jérôme Cahuzac coûte aujourd’hui 500 millions d’euros au budget de l’Etat1. Les accusations et les calomnies portées à son encontre il y a quelques semaines et fondées essentiellement sur des rumeurs étaient des histoires de corne-cul – le colportage de bruit de chiottes est une activité dont Edwy Plenel a su faire, depuis 1991, un métier2. Mais ces 500 millions qui manquent aujourd’hui au budget de l’Etat sont une affaire autrement plus grave. Car c’est une faute politique. Et en politique, on ne fait pas de morale, on fait de la politique.
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