La campagne officielle pour la succession à la tête de l’ex-parti majoritaire s’est ouverte vendredi dernier. Elle est en réalité en cours depuis plusieurs semaines déjà et voit s’affronter l’ancien président général, fidèle relais de Sarkozy au sein du parti pendant le dernier quinquennat, et l’ancien Premier ministre, chef du gouvernement de Sarkozy.
Lourde tâche que de s’affronter lorsque cinq années de misère du sarkozysme ont sapé les fondements institutionnels et sociaux, qu’ils affichent une unité de façade pour jouer un rôle d’opposition face au gouvernement socialiste, mais aussi, qu’ils s’accordent tant sur les questions économiques – lutte contre le déficit, fin des 35h, libéralisation du marché du travail – que sur les questions sociétales – refus du mariage homosexuel et du droit de vote des étrangers non-communautaires. A noter que le refus du mariage homosexuel n’est qu’une opposition de circonstance – suivre la vague de l’opposition et susciter une sympathie de la part de la population rétive à ce projet – et non un refus idéologique. Pour le droit de vote des étrangers, ce n’est aussi que de la poudre aux yeux puisque l’immigration clandestine n’a jamais été aussi forte que pendant le quinquennat de Sarkozy…
On ne voit de différences réelles entre ces « outsiders » que dans leur style respectif. Copé se veut plus offensif, Fillon plus consensuel. Le premier voudrait récupérer une droite plus conservatrice, dénonce le racisme anti-blanc et affiche sa volonté de faire alliance avec le Front National, tandis que le deuxième ne se prononce guère pour ne pas fâcher une partie plus modérée des militants du parti.
Cette élection n’intéresse guère les français, même les sympathisants semblent s’en désintéresser. Il faut dire que la droite affairiste se déchire pour un enjeu qui ne paraît pas déterminant. En effet si le président du parti aura vraisemblablement un avantage pour les prochaines élections présidentielles de 2017, l’élu ne sera à la tête du parti que pendant les trois prochaines années. Les statuts de l’UMP prévoient en effet une nouvelle élection pour choisir son candidat à la présidentielle. Va-t-on assister à une médiocre pièce de théâtres tous les quatre ans ?
La 5ème république, telle que voulue par le Général De Gaulle, est un régime présidentialiste dans lequel le président, directement élu par les français, est le représentant, au-dessus des partis, de tous les français. Dans les faits le président est toujours le héraut d’une faction contre une autre. C’est ainsi que Sarkozy a conservé le contrôle de l’UMP pendant tout son mandat. Aujourd’hui son ombre plane sur ces élections, et, même si ses intentions pour 2017 ne sont pas claires, il semble prêt « à revenir ».
La guerre qui fait rage entre bonnet blanc et blanc bonnet touche essentiellement sur la question des parrainages. Chacun gonfle ses chiffres, les deux s’accusent de truquer le nombre officiel de parrainages, et, au final, personne ne sait réellement quel nombre de parrainages détient chacun. Si la politique n’est pas leur fort, il faut bien admettre que ce sont de remarquables joueurs de poker, pour le bluff tout au moins…