La mondialisation a été pour les pays riches une véritable spirale qui les a tirés vers le bas, en provoquant et en accélérant la désindustrialisation, le chômage, la précarité, la migration du capital, les délocalisations et le ralentissement de la productivité. Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie, ne mâche pas ses mots lorsqu’il dit : « Jouer à l’autruche en enfouissant la tête dans le sable et prétendre que tout le monde bénéficiera de la mondialisation est folie. Le problème avec la mondialisation aujourd’hui vient précisément du fait que peu en bénéficieront en Occident, alors que la majorité en souffrira ».
Tout cela a été décidé par des élites au comportement bien étrange. Elles détiennent le pouvoir politique, économique et financier. Elles sont suffisantes et vouées au culte de soi, dotées d’une absence d’empathie envers celles et ceux qu’elles mettent en difficulté. Elles se plaisent à évoquer les bienfaits supposés de la mondialisation alors que celle-ci accentue le déclin rapide de leur propre pays. Homogènes, nomades, cosmopolites et fonctionnant en réseaux, ces élites dédaignent les réalités humaines de leurs concitoyens et ignorent le sort de leur pays.
Ça commence à se voir.
Au début des années 1910, le banquier américain J.P. Morgan estimait que le système capitaliste ne pouvait fonctionner que si l’écart des revenus entre les dirigeants et les travailleurs ne dépassait pas une valeur maximale de 30 à 40 fois plus élevée. Il est désormais au-delà de 1 000 ! Les 20% d’Américains les plus fortunés contribuent à la moitié des dépenses de consommation. Les 80% restant de la population se paupérisent rapidement car ils tombent dans la spirale de l’endettement qui les a totalement éloignés du circuit de l’investissement et de l’épargne. L’Europe suit ces mêmes statistiques à quelques années de distance. Dans le monde, le 1% des plus riches possède 23% des richesses totales.
Ça commence à se voir. De plus en plus.
Ce que l’on commence aussi à voir, c’est le niveau croissant de dette des pays occidentaux. Tous cumulent une dette publique en forte croissance et pour certains dangereusement élevée (Japon, États-Unis, Italie, France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Belgique, etc.). Prenons comme exemple les États-Unis, première puissance économique et militaire aujourd’hui, et donc nation de toute première importance, la progression de leur dette publique est impressionnante : près de 14 000 milliards de dollars (ou 14 trillions).
Pour se rendre compte de ce qu’est un trillion – soit mille milliards – il faut se l’imaginer en termes non abstraits. Si on empilait des billets de 100 dollars tout neufs, cent billets faisant un millimètre (en tassant bien), il faudrait cent mille billets pour faire un mètre, cent millions pour faire un kilomètre. Un trillion étant milliards, soit un million de millions, il représente un empilement de billets de cent dollars de cent kilomètres de haut.
La dette cumulée des États-Unis, soit la dette publique, ajoutée à celle des ménages, du secteur financier, des entreprises, etc, représente un chiffre encore plus impressionnant : plus de 50 000 milliards de dollars !
Selon certains économistes, la dette devrait inclure les engagements hors bilan des banques. Avec cet ajout, la vraie dette des États-Unis serait de 200 ou 300 trillions de dollars ! Ce sont des chiffres qui donnent le vertige et ne veulent finalement dire qu’une chose : la faillite.
Ce n’est pas le seul lot des États-Unis. C’est une situation qui s’étend à tout l’Occident.
Dette totale rapportée au PIB en 2010 | |
États-Unis | 374% |
Japon | 190% |
Allemagne | 143% |
France | 188% |
Italie | 124% |
Royaume-Uni | 398% |
Belgique | 322% |
Piero San Giorgio, Survivre à l’effondrement économique