Le Kosovo-Métohie est une partie intégrante de la Serbie et de la République fédérale de Yougoslavie dont la souveraineté et l'intégrité territoriale sont garanties, est-il dit dans la Résolution 1244 du Conseil de sécurité. Or cinq mois et demi après le déploiement de la KFOR, on célébrait le 28 novembre dans les rues de Pristina la "Fête du drapeau albanais", celle d'un État voisin. C'est dire que l'esprit du séparatisme albanais est plus vivace que jamais et que tous les problèmes du Kosovo sont liés uniquement à l'aspiration d'une minorité nationale à se séparer par la violence d'un pays où elle jouissait d'une large autonomie et à se rattacher à l'Etat ethnique limitrophe.
A Pristina, cinq mois et demi après l'arrivée des forces internationales, il ne reste plus que quelques centaines de Serbes. Le 28 novembre 1999, le professeur Dragoslav Basic prend sa voiture pour aller, avec sa femme, chercher sa belle-mère et la conduire à l'hôpital. Il est arrêté en pleine rue par la foule bien décidée à couronner la célébration de la fête nationale d'un État étranger par le meurtre d'un Serbe. Extrait de force de sa voiture, il est abattu. On enfonce dans la bouche de sa femme et de sa belle-mère, Borka Jovanovic, des pétards dont l'explosion leur fait perdre la parole et les blesse grièvement. Les nervis fascistes, pour la plupart des membres de l'UCK que l'on dit avoir été désarmée, tirent des coups de feu en l'air autour de la voiture en flammes, pour fêter le nouveau meurtre d'un Serbe, et continuent à tout démolir sur leur passage. La KFOR, elle, brille par son absence.
Le lendemain, Kouchner et Reinhardt se hâtent d'exprimer leur inquiétude. Le général déclare : "A mon avis, tout cela révèle l'absence totale d'esprit humanitaire des hommes de la rue et un degré élevé d'intolérance chez les assaillants et les passants". Une fois de plus, ce haut fonctionnaire qui est pourtant directement responsable de la sécurité collective des populations du Kosmet et qui l'était donc aussi de celle du professeur Basic, relativisait toute l'affaire et, de ce fait même, sa propre culpabilité. "L'absence d'esprit humanitaire", c'est elle qui explique le meurtre, affirme Reinhardt que l'on n'aurait pas été surpris de voir réprimander, au nom de ses 50 000 hommes, les "assaillants et les passants" en leur disant : "Vous devriez avoir honte".
Bernard Kouchner, lui, aime les gestes symboliques. Il fait déposer une gerbe à l'endroit où le professeur Basic a été abattu. A peine une heure après, "les assaillants et les passants" jouaient au foot avec les fleurs de Kouchner. Il est aisé, M. Kouchner, de donner des leçons de morales aux Serbes et d'affirmer que, sur la foi des statistiques, le nombre des Serbes tués est en baisse. Il est très difficile, par contre, de faire quelque chose de concret qui montrerait aux Serbes (qui n'attendent rien de bon de votre part) que vous pouvez surprendre.
Mais il n'y aura pas de surprise de la part de Bernard Kouchner car ce serait enfreindre les instructions des hautes sphères de l'OTAN au risque de se répercuter avec ses revenus. Il continuera donc, avec sa Mission, à tolérer les assassinats et les persécutions des Serbes car, là où il n'y a plus de non-Albanais, les actes de violence sont en diminution. Les statistiques ne l'attestent-elles pas ? Il continuera à violer la souveraineté de la République fédérale de Yougoslavie et, de ce fait même, la Résolution 1244 du Conseil de sécurité qu'il devrait pourtant mettre en œuvre. Il continuera à prélever de temps à autre, sur ses abondants fonds de représentation, quelques dollars pour fleurir la tombe du Kosovo-Métohie multiethnique.
Dusan Vojnovic
La Serbie dans le monde, décembre 1999