Au-delà des idéologies, le million de manifestants qui a battu le pavé parisien hier a demandé une seule chose, le droit de voter. Pour le gouvernement, la réponse est toujours la même, c’est non.
Le gouvernement socialiste s’est raidi de terreur devant la masse qui s’est réunie hier, dans le calme, pour soutenir l’idée de la famille qu’un nouveau projet de loi veut détruire. Les quelques ficelles pour tenter une défense de fortune ne sont pas bien glorieuses, changer en 340’000 le million largement dépassé. Une comptabilité de cette même police qui changeait hier en 150’000 les 30’000 manifestants favorables au mariage, et à l’enfant, “pour tous”. Lorsque Johnny Halliday remplit le champ de mars aux deux-tiers, l’on compte 700’000 (et ici), il est plein à craquer et l’on ne compte que 340’000. Mais qu’importe, les images sont parlantes, les personnes qui ne veulent pas de ce démembrement existent, ce que médias et pouvoirs publics tendaient à faire oublier. Ils existent bel et bien et se sont fait entendre par la manifestation la plus populeuse de ces trente dernières années. Elle est là la vraie fracture sociale, entre un gouvernement de démiurges paniqués, qui court en avant tête baissée, et une immense majorité silencieuse qui semble en avoir assez de se taire.
Postures chagrines
La rage, froide et sourde, d’une administration qui veut avoir raison contre tous et contre tout, comme si cette question était l’urgence vitale du moment, est palpable, cette plèbe catholique, qui s’est laissée tondre pendant si longtemps, se rebiffe. Il faut réprimer la Jacquerie sans la moindre hésitation, l’on dépêche alors ses nervis pour dénoncer le « combat douteux » de Mgr Vingt-Trois – défendre son idée est forcément amoral si l’idée n’est pas de gauche – ou se dépoitrailler, dans un dernier acte de provocation désespéré, place saint Pierre, à l’heure de l’Angelus; quelles piètres réponses. Ils ne se trompent pas de cible, l’esprit de résistance vient bien de là.
Mais au-delà de la simple opposition d’idées, il ne s’agissait là que d’un peuple réclamant le droit de se prononcer, pacifiquement, par la voie démocratique… dans une démocratie. Pour le gouvernement c’est nyet, or comment qualifier un régime qui refuse la démocratie ? Tout cela a de vagues accents de Karl-Marx Strasse, à Leipzig, en octobre 89, « Wir sind das Volk », “nous sommes le peuple“. Vu de Suisse la chose paraît invraisemblable, le gouvernement Hollande, les poings serrés, a déjà laissé entendre que sa vengeance ne serait pas épargnée, refus de reconnaissance des licences canoniques, interdiction du débat dans les instituts catholiques, et quoi d’autre encore ?
Démocratie
Alors quoi, va-t-on revenir aux heures sombres des persécutions du début du XXe siècle, contre une majorité de la population, pour donner raison à une extrême minorité (et ici) gesticulante à qui l’on croit devoir son élection ? La conscience avec laquelle le président Hollande paraît déterminé à tenir cette promesse contraste avec tant d’autres passées à l’encan. Il faut être perdu de folie pour en arriver à s’obstiner à ce point et il faudra affronter un jour l’histoire pour avoir dit: « Moi, président, j’ai refusé le droit de vote à 60 millions de Français. »
Que l’on ne s’y trompe pas, en Suisse, étape par étape, l’on tentera de faire passer la chose dans le silence feutré des Parlements. Nous qui en avons le droit, demanderons-nous le référendum ?
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