Tous les gros lecteurs ont des rituels de lecture. Qui changent probablement, les années passant. L’adolescent qui cornait les pages de ses livres avec insouciance est devenu plus tatillon avec l’âge, celui qui les prêtait avec largesse refuse aujourd’hui de les confier à quiconque – on ne les lui rend jamais ! Un tel qui, une fois lus, les abandonnait n’importe où les range dorénavant dans sa bibliothèque avec précaution et amour.
C’est cela qui est formidable avec les rituels de lecture, personne n’a raison ni tort, chacun est libre de faire comme il l’entend, ils ne sont là que pour créer un lien unique entre le lecteur et le livre.
Mon meilleur ami, qui est également un lecteur assidu, note dans de gros carnets le titre, l’auteur, la date, son avis sur l’ouvrage lu et s’il a envie d’en lire d’autres du même auteur.
Pour ma part, une fois un livre terminé, je note mon nom et la date sur sa première page. Il en est ainsi depuis vingt-cinq ans environ. Si j’étais dotée d’une meilleure mémoire, je ne procéderais sans doute pas de cette manière. Il y a d’ailleurs une part de masochisme dans cette habitude, voire un peu de désespoir face à mes souvenirs qui s’envolent. Quand je me rends compte que dans ce livre lu il y a deux ans seulement, il ne me reste… rien. Je suis obligée de le parcourir à nouveau pour que ma mémoire veuille bien sortir de son sommeil. Mais je sais que la lecture n’est pas qu’une affaire de mémoire, elle bien davantage et s’inscrit au plus profond de votre être : « Des heures et des heures de lecture pour cette légère teinture de l’âme, pour cette infime variation de l’invisible en vous, dans votre voix, dans vos yeux, dans vos façons d’aller et de faire », écrit Christian Bobin dans Une petite robe de fête.
C’est cela qui est formidable avec les rituels de lecture, personne n’a raison ni tort, chacun est libre de faire comme il l’entend, ils ne sont là que pour créer un lien unique entre le lecteur et le livre.
Mon meilleur ami, qui est également un lecteur assidu, note dans de gros carnets le titre, l’auteur, la date, son avis sur l’ouvrage lu et s’il a envie d’en lire d’autres du même auteur.
Pour ma part, une fois un livre terminé, je note mon nom et la date sur sa première page. Il en est ainsi depuis vingt-cinq ans environ. Si j’étais dotée d’une meilleure mémoire, je ne procéderais sans doute pas de cette manière. Il y a d’ailleurs une part de masochisme dans cette habitude, voire un peu de désespoir face à mes souvenirs qui s’envolent. Quand je me rends compte que dans ce livre lu il y a deux ans seulement, il ne me reste… rien. Je suis obligée de le parcourir à nouveau pour que ma mémoire veuille bien sortir de son sommeil. Mais je sais que la lecture n’est pas qu’une affaire de mémoire, elle bien davantage et s’inscrit au plus profond de votre être : « Des heures et des heures de lecture pour cette légère teinture de l’âme, pour cette infime variation de l’invisible en vous, dans votre voix, dans vos yeux, dans vos façons d’aller et de faire », écrit Christian Bobin dans Une petite robe de fête.
Bernard Pivot et Cécile Pivot, Lire !