Pour que l'homme soit une matière première docile, il est finalement nécessaire d'éliminer l'obstacle de la démocratie. La monarchie ne permettait certes pas l'interchangeabilité absolue des hommes et l'oligarchie, pour s'installer au pouvoir, a dû l'abattre, en se trouvant pour elle-même, une nouvelle légitimité : la démocratie fut alors mise en avant au XIXe siècle.
Mais par la suite, la démocratie fondée sur la nation et la participation active des citoyens s'est révélée un obstacle à l'interchangeabilité mondiale des hommes, donc à l'utilitarisme au service de l'oligarchie.
Il a donc fallu soit détruire la démocratie, comme l'ont fait le fascisme et le communisme au XXe siècle, soit vider la démocratie de son contenu réel. Cela consiste à dissoudre le cadre national qui est un cadre d'enracinement, le cadre historique d'enracinement de la démocratie. Le parlementarisme a été affirmé et en même temps vidé de son contenu : il n'y a plus de séparation des pouvoirs et le soit disant pouvoir législatif est totalement dominé par l'exécutif. Le vrai pouvoir est dans les mains des dirigeants oligarchiques des grands partis politiques en liaison avec de puissants lobbies syndicaux, bancaires, culturels et cultuels. la démocratie directe est bannie (sauf en Suisse, aux USA, en Italie et en Allemagne) car le citoyen doit être réduit à la condition de spectateur., non d'acteur, de la politique. Le citoyen est magnifié en paroles mais il est réduit dans les faits à n'être qu'un agent économique, une matière première de premier choix, un "animal technicisé" (autre formule de Heidegger).
Tout d'abord, l'oligarchie, jouant les apprentis sorciers, cherche à enlever aux hommes leurs racines pour les rendre plus interchangeables ; c'est ce que Heidegger appelle "la destruction de la terre" produite par le Gestell. La race a été la première à être mise aux gémonies, au nom des horreurs commises lors de la Deuxième Guerre mondiale. Puis c'est le tour de la nation, de son histoire (qui doit devenir l'occasion de repentance), de la famille classique (dont l'existence discriminerait les homosexuels, semble-t-il) ! L'immigration a été encouragée pour affaiblir ce qui restait de racines. Les résistants ont été diabolisés, traités de "populistes" voire de "racistes", l'accusation suprême ! Tout cela se fait au nom d'une morale imposée qui n'a jamais fait l'objet du moindre référendum ! Sous ces prétextes moraux, il y a en réalité la volonté de ramener l'homme à sa condition sujette de matière première disponible pour l'oligarchie et sa politique.
L'oligarchie assiste complice au déclin des valeurs transcendantes, et l'argent devient peu à peu la seule valeur suprême. Les politiques de lutte contre la discrimination n'ont pas d'autre but : on ne doit jamais faire de distinction entre les hommes, sauf par l'argent, seul critère de discrimination reconnu légitime !
Bien sûr, tout cela a des conséquences négatives : la montée du crime tout d'abord. L'immense majorité des crimes et délits sont commis pour de l'argent : les grands trafics mondiaux criminels, trafic de drogue, trafic d'êtres humains, trafic d'armes, n'ont pas d'autre objet que de rapporter de l'argent. Comme l'écrivait plaisamment Sigmund Freud : "dès qu'il s'agit d'argent, le surmoi en Amérique devient très tolérant". Aujourd'hui, cela atteint tout l'Occident ! Les crimes et délits sont passés de 1,5 million en France, chiffre stable de 1946 à 1966 à 4,5 millions aujourd'hui !
Yvan Blot, L'oligarchie au pouvoir