Ces deux paradigmes nouveaux - communication et marché - constituent les piliers sur lesquels repose le système du monde contemporain au sein duquel ne se développent avec forte intensité que les activités possédant quatre attributs principaux : planétaire, permanent, immédiat et immatériel. Ce tétralogue est le fer de lance de la mondialisation, phénomène majeur et déterminant de notre époque.
Qu'est-ce que le système PPII ? Celui qui stimule toutes les activités (financières, commerciales, culturelles, médiatiques) ayant quatre qualités principales : planétaire, permanent, immédiat et immatériel. Quatre caractéristiques qui rappellent les quatre principaux attributs de Dieu lui-même. Et, de fait, ce système s'érige en moderne divinité, exigeant soumission, foi, culte et nouvelles liturgies.
Tout a désormais tendance à s'organiser en fonction des critères PPII : valeurs boursières, échanges commerciaux, valeurs monétaires, information, communication, programmes de télévision, multimédia, cyberculture, etc. C'est pourquoi on parle tant de "globalisation" ou de "mondialisation". Le modèle central ce sont les marchés financiers. Ils imposent comme science de référence non plus les sciences naturelles, la mécanique newtonienne ou la chimie organique, mais le calcul des probabilités, la théorie des jeux, la théorie du chaos, la logique floue et les sciences du vivant. Au cœur de ce système : l'argent. Hasard, incertitude et désordre deviennent des paramètres forts pour mesurer la nouvelle harmonie d'un monde où la pauvreté, l'analphabétisme, la violence et les maladies ne cessent de progresser. Un monde où le cinquième le plus riche de la population dispose de 8% des ressources, tandis que le cinquième le plus pauvre dispose d'à peine 0,5%... Un monde enfin où le montant des transactions sur les marchés monétaires et financiers représente environ cinquante fois la valeur des échanges commerciaux internationaux...
Ignacio Ramonet, Géopolitique du chaos