François Hollande sait que depuis dix ans l’économie française a perdu sa compétitivité. Il dit avoir fait « le choix du redressement » et reconnaît que, dans ce but, « nous [le secteur public] devons faire mieux en dépensant moins ». Mais le fera-t-il réellement ?
Ses déclarations à la conférence de presse du 13 novembre dernier ne laissent aucun doute : la France ne retrouvera pas sa compétitivité vis-à-vis de l’Allemagne.
Certes François Hollande a confié un « audit » sur ce sujet à Louis Gallois, qui a dirigé une entreprise franco-allemande, EADS, et « pouvait établir la comparaison avec l’Allemagne ».
Mais Louis Gallois est un homme de gauche qui, pour ne pas déplaire à ses camarades, n’a pas voulu voir la réalité en face.
Car la réalité a été présentée en 2011 par le Directeur de la compétitivité (ministère des Finances) à une mission d’information de l’Assemblée nationale: les prélèvements obligatoires sur les entreprises sont en France supérieurs à ceux de l’Allemagne de 8 % du PIB, soit 160 milliards d’euros par an.
Comme les entreprises françaises subissent des handicaps importants et durables vis-à-vis des allemandes, par exemple la réputation inférieure de qualité de leurs produits, elles ne pourront redevenir compétitives que si les prélèvements publics sont nettement inférieurs à ceux des allemandes. Il faut les décharger de plus de 160 milliards de prélèvements.
Les impôts français étant déjà beaucoup plus élevés que les allemands, ce n’est pas l’augmentation des impôts sur les ménages qui le permettra.
C’est seulement la baisse des dépenses publiques qui assurera la compétitivité de nos entreprises. Ces dépenses sont supérieures à celles de l’Allemagne de 10 % du PIB, soit 200 milliards d’euros par an.
L’objectif est donc simple : il faut baisser en deux ou trois ans de plus de 160 milliards nos dépenses publiques. La différence de rémunération des fonctionnaires entre les deux pays étant de 6 % du PIB, soit 120 milliards d’euros, la première source d’économies se trouve là.
Or François Hollande a fermé cette porte : « Il n’est pas question de revenir sur le statut des fonctionnaires » ; « on ne baissera pas les effectifs des fonctionnaires d’Etat ». Le gouvernement socialiste de Zapatero a diminué les salaires des fonctionnaires espagnols de 5 %, puis les a gelés.
Pour la France une telle mesure représenterait une économie immédiate de 17 milliards, puis 10 milliards par an.
La seule suppression des 35 heures dans la fonction publique représenterait une économie de 25 milliards par an.
L’alignement des régimes de retraite publics sur celui du privé fournirait à terme 50 milliards d’économies par an.
François Hollande a certes écrit : « J’affirme l’engagement de réduire les inégalités en matière de retraite ». Mais il n’a pas l’intention de respecter cet engagement, ni de prendre des mesures courageuses diminuant le coût des fonctionnaires, comme celles prises par les socialistes Zapatero, Schroeder, Persson et autres.
Il préfère rester dans le flou : « L’Etat fait son devoir pour trouver des économies » ; « nous allons pratiquer le socialisme de l’offre » ; « nous allons faire des réformes structurelles : banque publique, contrat de génération, emplois d’avenir, négociation sur la sécurisation de l’emploi, grandes filières ».
Il refuse les réformes structurelles qui procureraient des économies, car elles affecteraient sa base électorale, le secteur public. Il justifie ce refus en affirmant que « les politiques de rigueur conduisent à la récession ».
Pourtant ces politiques ont tiré d’affaire l’Irlande, ont fait progresser les exportations espagnoles de 22 % cette année et ont fait baisser le chômage anglais. L’Angleterre exporte maintenant plus de voitures que la France. PSA ferme son usine d’Aulnay-sous-Bois et développe celle de Madrid.
François Hollande reconnaît que « pour le chômage tout n’a pas été tenté ». Mais il refuse de tenter ce qui marche à l’étranger, une baisse importante des dépenses publiques. Il croit « veiller à ne pas être en difficulté sur les marchés » en augmentant massivement les impôts.
Les marchés ne sont pas dupes. Ils constateront rapidement que le manque de courage de son Président mène la France dans le mur.
Alain Mathieu, président de Contribuables Associés
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