Il s'appellera "Alternative pour l'Allemagne" mais signifie en fait "Alternative à l'Europe". Plusieurs personnalités conservatrices ont fait savoir dans l'édition dominicale de la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) qu'elles se lançaient dans la création d'un parti démocrate – pas question d'attirer les extrémistes – mais anti-euro. Principaux instigateurs de cette initiative, Bernd Lucke, un économiste de Hambourg qui a claqué la porte de la CDU en 2011 en raison de la politique européenne d'Angela Merkel, Konrad Adam, ancien journaliste à la FAZ et Alexander Gauland, ancien responsable politique de la Hesse.
Ces personnalités sont très peu connues du public. Parmi leurs soutiens, deux noms sont un peu plus médiatiques : Joachim Starbatty, un juriste qui attaque régulièrement les décisions européennes du gouvernement devant la Cour constitutionnelle de Karlsruhe et surtout Hans-Olaf Henkel, ancien président d'IBM Allemagne et du patronat allemand (le BDI) de 2000 à 2005. Ce conservateur a écrit en 2010 un livre intitulé Rettet unser Geld ! Deutschland wird ausverkauft – Wie der Euro-Betrug unseren Wohlstand gefährdet ("Sauvez notre argent ! L'Allemagne va être bradée – Comment l'euro-tromperie menace notre bien-être, éd. Wilhelm Heyne). Dans cet essai qui lui permis d'être l'invité de nombreux talk-shows, cet ancien administrateur d'Orange prônait la création d'un euro pour l'Europe du Nord et un euro pour l'Europe du Sud (dans laquelle il incluait la France).
L'assemblée générale constitutive du parti est prévue pour avril. Ses responsables n'excluent pas de présenter des candidats aux législatives de septembre 2013 et veulent en tout cas être présents aux élections européennes de juin 2014.
Cela fait environ deux ans que les eurosceptiques, souvent membres de la CDU ou du parti libéral, envisagent d'organiser un tel parti. En vain jusqu'à présent. En Bavière, un mouvement eurosceptique – Freie Wähler ("Les Electeurs libres") – a déjà pignon sur rue. Hans-Olaf Henkel a un temps envisagé d'en prendre la présidence.
Ce parti, s'il se structure réellement, risque d'attirer surtout d'attirer une partie de l'électorat conservateur. Mais pas uniquement. Thilo Sarrazin, membre du SPD, célèbre pour son best-seller aux relents racistes paru en 2010, Deutschland schafft sich ab ("l'Allemagne disparaît", publié en français aux éditions Toucan), qui lui a valu d'être mis à la porte du directoire de la Bundesbank, a écrit en 2012 un autre livre à succès : Europa braucht den Euro nicht ("l'Europe n'a pas besoin de l'euro", éd. DVA). Le retentissement de cet ouvrage n'a toutefois pas égalé celui de son précédent essai sur l'immigration.
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