Une nouvelle monnaie débarque ce jeudi 31 janvier au sein de l'Europe. Qu'on se rassure toutefois, malgré l'euroscepticisme de quelques pays de la zone, l'euro ne perdra pas un de ses membres. "L'eusko", monnaie basque "complémentaire" de la devise officielle, visera essentiellement à renforcer les circuits courts de l'économie locale.
Concrètement, l'eusko sera calé sur la valeur de l'euro et pourra être échangé auprès de 40 bureaux de change à travers le Pays basque. Ils seront essentiellement situés chez les entreprises ou artisans partenaires. Des billets sécurisés de 1, 2, 5, 10 ou 20 euskos sont ainsi mis en circulation.
Qu'est-ce que ça va changer ? Quand un porteur d'un de ces billets achètera un bien, le receveur ne pourra pas l'utiliser dans un autre circuit que celui des utilisateurs de l'eusko. C'est-à-dire qu'il sera obligé de le dépenser dans un autre commerce basque. De cette façon l'économie locale subira moins de flux sortants, ce qui profitera à la région. Un des principes est de devenir un pouvoir d'achat "captif": car si le prestataire peut à tout moment reconvertir ses euskos en euros, il y perd 5%.
L'initiative, qui a mis plus d'un an avant dêtre réalisée, ne devrait qu'apporter des bénéfices mineurs, tant le montant total mis en circulation est limité. Seulement 22.000 euros de transactions seront possibles dans un premier temps avec l'eusko. L'association Euskal Moneta, à l'origine de l'initiative, compte à l'heure actuelle 73 prestataires (artisans et commerçants), et 300 particuliers adhérents. Une gouttelette d'eau dans l'océan de l'économie, donc.
Si la Banque de France ne frappe naturellement pas cette nouvelle monnaie, elle n'a pour autant pas émis de réserve. "C'est du troc. La seule monnaie qui a cours légal, c'est l'euro", s'est contentée de commenter une porte-parole de l'institution.
D'autres initiatives en France et en Europe
La création d'une monnaie alternative non-officielle n'est pas une première. L'eusko est d'ailleurs née de l'observation de "l'abeille", une monnaie locale ayant cours à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), mais aussi de la Bavière (Allemagne), où des transactions se font en "Chiemgauer".
En tout, c'est plus de 24 départements français qui sont déjà concernés par le phénomène des monnaies locales complémentaires. La ville de Roman sur Isère a développé "la mesure", "la muse" circule à Angers, le "sol-violette" à Toulouse et plus récemment, "l'héol" a pris son envol dans le Finistère, autour de Brest . Elles sont souvent à l'initiative de citoyens désireux de proposer une alternative à l'euro. Il existe même un réseau national pour tous les responsables de ces monnaies se regroupent, via le site "Monnaies locales complémentaires."
Pour Bastien Yverneau, cité par Le Figaro, "ce genre de monnaie est un très bon moyen de redémarrer une économie locale en période de crise." Il compte d'ailleurs lancer à l'été 2013 "la pêche" dans la commune de Montreuil. "C'est une façon de se réapproprier l'économie. Par exemple, quand vous payez un produit 10 euros dans un Franprix, vous ne savez pas où va votre argent, probablement dans une banque, puis sur le marché financier. En payant avec des 'pêches', le citoyen sait que sa monnaie va passer dans plusieurs mains pendant que les euros convertis seront en sécurité dans une société coopérative de finances solidaires."
En Allemagne, il existe environ 60 monnaies régionales. La ville de Bristol en Grande-Bretagne peut deviser avec le "Bristol pound", la Grèce expérimente le "TEM" à Volos, mais la palme revient à la Suisse. La Communauté helvétique dispose de la plus ancienne monnaie solidaire encore en circulation, la WIR, utilisée depuis 1936.
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