Les réseaux informatiques de chaînes de télévision et de banques sont paralysés. Dans le climat actuel de vives tensions entre les deux Corée, Séoul soupçonne Pyongyang d'être à l'origine de cette cyberattaque.
Scènes de panique dans les rédactions des télévisions sud-coréennes. Depuis le début de l'après midi à Séoul (6h10 heure française), le système informatique des principaux médias audiovisuels de la Corée du Sud ainsi que de deux des plus grandes banques du pays sont mystérieusement paralysés. Un blocage qui fait craindre une cyberattaque de la Corée du Nord, en pleine escalade des tensions sur la péninsule. Le gouvernement sud-coréen affirme qu'un logiciel malveillant est responsable de la paralysie du réseau et de la mise hors ligne de plusieurs sites, mais il n'est pas en mesure d'en déterminer l'origine pour l'heure.
«Nos 500 ordinateurs se sont bloqués d'un seul coup et, depuis, un message d'erreur barre les écrans. Il est impossible de les relancer», explique au Figaro Choi Jung-yoon, journaliste à la chaîne d'information continue YTN. Même punition pour les journalistes des chaînes publiques KBS et de leur concurrente privée MBC. Les agences bancaires Shinhan, partenaires de BNP Paribas, et Nonghyup, deux des établissements les plus populaires du pays, sont également paralysées. Toutes ces entreprises utilisent le même serveur LG Uplus qui dénonce une opération de piratage informatique de grande ampleur.
L'armée sur le qui-vive
Le palais présidentiel a immédiatement déclenché une enquête pour tenter de déterminer l'origine de ce blocage. L'armée a relevé son niveau d'alerte informatique et demeure sur le qui-vive en plein exercice militaire Key Resolve, mené conjointement avec les forces américaines. Si aucune accusation officielle n'a été lancée, tous les soupçons se tournent vers Pyongyang. «Tout laisse à penser que cela est orchestré par la Corée du Nord», explique Choi.
Depuis janvier, le régime de Kim Jong-un a multiplié les menaces, promettant de mener des «actions spéciales» contre Séoul. Et la semaine dernière, le régime nord-coréen a accusé sa rivale du sud et les États Unis d'avoir conduit une cyberattaque à son encontre.
Ces dernières années, plusieurs banques et entreprises sud-coréennes ont été victimes de piratages massifs et Séoul a régulièrement accusé le Nord d'en être responsable. Des accusations réfutées par le Nord et difficiles à confirmer selon les experts informatiques.
La cyber-guerre est devenue un enjeu clé de l'affrontement larvé entre les deux Corée rivales. Le NIS, les services de renseignement sud-coréens, a même installé une «situation room» de crise dans son quartier général pour faire face à une cyber-attaque du Nord. Les espions de Séoul estiment que le régime nord-coréen a fortement renforcé ses capacités d'attaques informatiques ces dernières années grâce à la création d'une unité spécialisée de plusieurs milliers de hackers. Des efforts qu'aurait directement supervisé le jeune Kim Jong-un, alors héritier en apprentissage, selon Ha Tae Kyung, parlementaire du parti conservateur au pouvoir, Saenuri. La Corée du Sud, berceau de Samsung et LG, est l'un des pays les plus «accro» à l'Internet de la planète et affirme avoir subi 40.000 attaques de l'extérieur ou de l'intérieur l'an dernier.
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