La théorie de la vitre brisée a été élaborée en 1969 par le psychosociologue américain Philip Zimbardo. James Wilson et George Kelling en ont proposé une reformulation en 1982, dans un article intitulé The broken windows (traduction française en 1994 : "Fenêtres brisées : la police et la sécurité de voisinage"). Ph Zimbardo fit une expérience sur les comportements de vandalisme : il abandonna des voitures dont il avait retiré les plaques d'immatriculation, dans le Bronx et à Palo Alto (proche de la Silicon Valley en Californie); puis il observa ce qu'il advenait de ces voitures... Dans le Bronx, la voiture fut rapidement vandalisée. A Palo Alto, au contraire, il dut "donner l'exemple" en commençant ouvertement à vandaliser lui-même la voiture, pour être enfin imité...
Il tira de cette expérience le principe suivant : "Si une vitre brisée n'est pas remplacée, toutes les autres vitres de l'environnement connaîtront le même sort." Autrement dit : ce n'est pas le délitement social qui crée les incivilités et la délinquance, c'est l'inverse. C'est l'absence de réaction et de résistance des citoyens aux dégradations et aux incivilités qui engendre le délitement du lien social. Les incivilités contribuent à la désorganisation sociale d'un environnement et créent un climat propice au développement de la délinquance. Les citoyens, confrontés à l'insécurité, désertent l'espace public, évitent les transports en commun... Plus personne ne défend l'espace commun.