Les médias ne se bousculent pas pour analyser le succès de la Manif pour tous. Il est vrai que la plupart auront étouffé les appels à la mobilisation de cette société du refus, principalement fédérée par les réseaux sociaux. Il suffisait pourtant de s’immerger dans la foule, mêlant jeunes et vieux, pour identifier une dynamique qui ne s’arrêtera pas aisément. Il s’en est fallu de peu que les manifestants, pourtant rétifs aux transgressions, ne suivent plus massivement ceux qui voulaient descendre les Champs-Elysées en dépit des interdits. Oui, un vent d’insurrection civile s’est levé dimanche. Il est annonciateur d’un probable Printemps français, porté par un peuple attaché à défendre sa culture, ses valeurs, son mode de vie. A côté des slogans contre le mariage homosexuel, dominaient des mots d’ordre contre François Hollande et sa politique. Quarante-cinq ans après mai 1968 et sa révolution progressiste, une France réactive et conservatrice, héritière de 1500 ans d’histoire, entend porter un coup d’arrêt aux adeptes de la table rase, soutenus par un politiquement correct qui assure que tout se vaut. L’histoire est familière de ces retours de balancier.
A lui seul, ce combat de civilisation insuffle une énergie surprenante, surtout auprès d’une jeune génération qui côtoie pourtant la culture, médiatique et éducative, de l’oubli des racines et du mépris de la religion catholique. Cependant, comme le remarque le sénateur (UMP) Jean-Pierre Raffarin, ce mercredi dans Les Echos : "Si la grogne sociale rejoint la colère sociétale, nous risquons d‘avoir un printemps agité". L’augmentation constante des chiffres des chômeurs (ils sont 18 400 de plus en février) ajoutée à une insécurité urbaine croissante liée aux repliements communautaristes sont autant de raisons supplémentaires de s’exaspérer du gouvernement. Depuis mai 2012, il n’est à la hauteur d’aucune de ses responsabilités ; la guerre (mal assumée) contre les islamistes au Mali mise à part. Se dirige-t-on vers un prochain "mai 2013" ? Si Hollande, qui doit s‘exprimer jeudi soir sur France 2, n’infléchit pas sa politique, il prend le risque d’enflammer un peu plus les esprits. Au fait : se trompent ceux qui croyaient la France profonde dépressive, sous calmants, quasi-agonisante. Elle pète le feu !
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