Qu’on se le dise, la Manif pour Tous a été un succès. Je me fiche de savoir combien de personnes y étaient exactement, cette bataille de chiffres n’anime que l’esprit des boutiquiers. Nous étions nombreux, ils le savent, et c’est bien pour cela qu’ils se gardent d’être sincères.
Quant à la question de savoir s’il avait-il des personnes d’extrême droite dans la manifestation ? Oui peut-être, tout comme il y avait aussi des personnes de sensibilité politique différente. Les contestataires n’étaient pas seulement des militants extrémistes, mais bien des personnes issues de tous milieux, de toutes conditions, et même de religion différente. Jamais pareil événement n’avait réuni des personnes d’horizons aussi différents sur une aussi grande échelle, c’est justement là que le bat blesse : les apologues de l’égalitarisme observant main dans la main ouvriers et cadres, urbains, péri-urbains et personnes de province, jeunes et vieux, athées, catholiques, juifs et musulmans, personnes de droite et de gauche, tout cela pour un idéal fort : la famille et l’enfant.
Avec un projet de loi, ils ont réussi à faire contre eux, ce qu’ils n’ont jamais réussi à faire pour leur intérêt. Pareil comble de l’ironie doit bien être noté.
Alors ils se réfugient dans la mauvaise foi, le silence ou le déni pour ne pas admettre que la solidarité et la force d’un idéal n’est pas nécessairement un apanage de leur schéma d’idées.
Ce qu’il y a de bien avec l’histoire, si on s’y intéresse, c’est d’observer si des cas similaires ou des précédents ont eu lieu. Faisant le jeu de la « Logique », nouvelle religion d’Etat, l’empirisme prend à contre-pied les thuriféraires du progressisme pour les mettre sur le fait accompli.
Se référer à l’histoire, pourquoi ? Parce-que ce contexte actuel montre une cristallisation de la vie politique, à l’image de Mai 68 ou de l’affaire Dreyfus, le mot est lâché. Et qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit, il n’y a pas les antisémites d’un côté, et les justes de l’autre, ce serait trop facile.
Cette cristallisation de la vie politique montre déjà que les Français ne se désintéressent pas de la politique, bien au contraire, et ils sont des centaines de milliers à le montrer. Ils se désintéressent juste des hommes politiques, ce qui n’a rien à voir : 5% de vote blanc aux dernières élections et un fort taux d’abstention n’est pas synonyme d’abandon de la conscience politique, mais plutôt, du rejet et/ou de la lassitude de l’offre que les hommes politiques actuels s’évertuent à nous faire ingurgiter.
Dans l’affaire Dreyfus, nous retrouvions les dreyfusards, partisans de la justice, et les antidreyfusards, partisans de l’ordre (je schématise pour les pointilleux historiens qui viendraient apporter des notifications).
Aujourd’hui, ce sont les familles et ceux qui manifestent qui sont les dreyfusards, demandant à ce que justice soit faite, et les antidreyfusards – les partisans du gouvernement et le gouvernement lui-même –, qui souhaitent imposer leurs dogmes en combattant toute idée de sacré.
Dommage pour vous, il n’y a pas que les catholiques dans l’histoire, car, le texte qui a été mis en avant par les religieux est un texte fort pertinent écrit par le rabbin Antoine Bernheim. Par ailleurs, les musulmans condamnent aussi ce projet de loi, tout comme les protestants et les orthodoxes.
Mais je n’ai pas vu les FEMEN perturber une prière dans une mosquée ou attaquer des musulmans, ni militer devant une synagogue. C’est beaucoup plus facile de reprendre la vieille antienne anti-cléricale sous fond d’athéisme libertaire.
Dreyfus encore, car avec tout le bruit et la fureur que cet événement qu’on peut, je pense qualifier d’historique, il n’y a pas eu de Zola contemporain, avec ses « J’accuse ». Pourtant, un tel comportement des CRS à l’égard des syndicalistes ou de manifestants de gauche dans toute autre situation aurait vu plusieurs couvertures et Une de journaux appeler au scandale et à ce que justice soit faite.
Que criaient les manifestants ? « Démocratie ! », « Liberté(s) ! », « Nous sommes le peuple » (slogan des allemands de l’Est avant que le maudit Mur de Berlin ne tombe enfin). Il y avait même des pancartes mettant en avant le droit des enfants, comme partie intégrante des droits de l’homme. Dimanche, la gauche a non seulement perdu ses slogans, mais elle a aussi perdu son peuple.
A cela, le ministre socialiste de l’Intérieur répond par le biais de son préfet de police et de ses suppôts avec la matraque et le gaz lacrymogène (qui plus est sur des femmes, des enfants et des personnes âgées). Et ne me dites pas le contraire, je l’ai vu de mes propres yeux, quand ceux-ci n’étaient pas fermés à cause du nuage de gaz lacrymogène, expression spontanée des « poètes » de la compagnie républicaine de sécurité.
Où sont donc les « J’accuse ! » dans les médias ? Que font nos chers « intellectuels » et autres membres de l’intelligentsia ? Plus d’un million de personnes toutes origines confondues qui se serrent les coudes pour demander à ce que leurs droits soient respectés, n’y a-t-il pas ici solidarité, fraternité, et justice sociale. ? La gauche a peur (et elle a raison d’avoir peur) car le peuple applique sur le pays réel des idéaux que la gauche ne fait qu’évoquer.
Alors, aussi modeste soit-il, je me permets d’évoquer mon « J’accuse ! » pour que les libertés soient effectives, pour que la justice sociale existe bel et bien, et non plus seulement sur leurs parchemins poussiéreux de mai 68 ou dans leurs textes législatifs.
J’accuse un gouvernement qui a des œillères, ou pire, qui ne veut voir que ce qu’il a envie de voir.
J’accuse le fait qu’on ne veuille pas écouter ce peuple besogneux qui de tradition ne sort pas dans la rue, et qui historiquement rompt les lignes pour un face à face inégal avec des lâches équipés de matériel anti-émeutes.
J’accuse cette fausse justice sociale, qui préfère s’occuper d’un projet de loi inepte, de la suppression du jour de carence, de l’amnistie pour les casseurs lors de mouvements sociaux, mais qui n’hésite pas à matraquer ce qui constitue l’essence du peuple, qui focalise l’attention sur autre chose pour ne pas devoir s’occuper du chômage grandissant et de la désindustrialisation.
J’accuse les donneurs de leçon de nous dire « Faites ce que je dis et non pas ce que je fais ».
J’accuse les hypocrites du gouvernement qui, s’ils étaient un tant soit peu de vrais politiques, prendraient en compte la vindicte populaire et essaieraient de faire preuve de bon sens.
Je ne crois pas qu’il y aura de Printemps français, mais rien ne m’interdit d’y espérer.
Toutefois, je crois en la force des idées et des valeurs qui constituent la base de la cité. Taxez les gens, ils seront mécontents mais continueront à travailler, mettez-leur des amendes, mais ce que vous n’avez toujours pas compris, c’est que priver les Français de libertés, et s’attaquer à leur famille (que ce soit par la loi, en gazant femmes enceintes et enfants, ou en considérant les pères et grands-pères de famille comme des délinquants), c’est la pire erreur que vous ayez pu faire.
J’accuse votre incompétence, mais j’accuse encore plus fortement votre bêtise.