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"Quarante députés et sénateurs possèdent ou ont possédé des comptes à l'UBS"

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Grande gueule et bon vivant, Xavier Kemlin, héritier du groupe Casino, a pris sa retraite à 40 ans. Depuis 16 ans, il vit dans le canton de Genève. "Né avec une cuillère en argent dans la bouche, je préfère être un pauvre chez les riches en Suisse plutôt qu'un riche chez les pauvres à Saint-Étienne", assure-t-il en souriant. L'UBS, dont il est client, lui a parfois demandé de l'accompagner dans des manifestations huppées à l'étranger. 

"Il s'agissait de donner des conseils utiles à une clientèle qui envisageait de se délocaliser en Suisse. Comment se loger, quelles assurances souscrire, où inscrire les enfants à l'école. Bref, tous les bons tuyaux que l'on apporte aux expatriés", raconte Xavier Kemlin. À ces occasions, le millionnaire a pu recueillir quelques confidences. "J'ai appris qu'au moins 40 députés et sénateurs de droite comme de gauche possèdent des comptes rien qu'à l'UBS. Ces titulaires devraient se méfier car, à trop recevoir de coups, Jérôme Cahuzac risque, lui aussi, de faire des révélations", ajoute l'exilé fiscal, qui se déclare proche de Manuel Valls et de Claude Bartolone. Au cours de l'entretien, Xavier Kemlin donnera au Point.fr le nom d'un ministre titulaire, selon lui, de plusieurs comptes non déclarés à l'UBS, sans pouvoir en apporter la preuve. 

Pas de trace des 15 millions 
En revanche, le procureur Jean-Bernard Schmid, qui a exécuté la commission rogatoire internationale avec le premier procureur Yves Bertossa, balaye toutes les rumeurs quasi quotidiennes qui entourent l'affaire Cahuzac. Désignant plusieurs chemises de couleur verte qui encombrent son bureau, le magistrat genevois lâche : "Elles concernent toutes des commissions rogatoires internationales. Nous en recevons plusieurs par mois. Celle portant sur Cahuzac relève du degré zéro de la complexité. Le procureur parisien a très bien fait son travail, nous communiquant les noms des banques, UBS et Reyl & Cie. Il n'y a eu aucun recours pour bloquer la transmission des informations", résume le magistrat. 

Il constate que les deux établissements financiers ont fait correctement leur travail, dans la mesure où les fonds détenus par l'ancien ministre étaient parfaitement identifiés. "Je ne me prononce pas sur le chiffre de 600 000 euros donné par l'avocat de Jérôme Cahuzac, mais on peut penser qu'il aurait été idiot de donner une somme erronée en sachant que nous avions identifié le compte", commente Jean-Bernard Schmid. Il assure que la justice suisse ne possède pas d'éléments concernant les 15 millions d'euros que l'ancien ministre du Budget aurait tenté de placer en 2009, selon la Radio-Télévision suisse (RTS). "Si cette somme n'a finalement pas été déposée en Suisse, on ne risque pas de la retrouver dans les comptes", ajoute-t-il. 

La triche, en Suisse, n'est pas illégale 
Pour ce magistrat particulièrement pugnace, qui a exécuté des commissions rogatoires sur la vente de sous-marins au Pakistan, à l'époque de Balladur, et sur le dossier Bettencourt, l'affaire Cahuzac se résume, pour l'instant en Suisse, à l'histoire d'un homme qui a déposé il y a deux décennies de l'argent à Genève. Il n'est pas démontré que cet argent soit d'origine criminelle. Par ailleurs, Jérôme Cahuzac aurait plutôt laissé dormir ces 600 000 euros. "Je considère personnellement que pratiquer la triche fiscale, c'est voler la collectivité. Mais organiser cette triche en Suisse, qu'on le veuille ou non, ce n'est pas toujours illégal, donc ce n'est pas poursuivable", déplore le magistrat genevois.

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