Spécialiste de l'Algérie coloniale et professeur d'histoire à l'université Paris-8, Daniel Lefeuvre avait déjà contribué à modifier du tout au tout le regard porté sur la présence française en Algérie avec son livre
Chère Algérie, la France et sa colonie, 1930-1962, devenu un classique. Il y démontrait de manière irréfutable que, loin d'exploiter les populations indigènes de ses trois anciens départements d'outre-Méditerranée, la France avait consacré des sommes colossales à leur développement au détriment de la métropole et de ses habitants. Il était donc mieux placé que quiconque pour dénoncer les manipulations flagrantes de la coterie intellectuelle qui paraît s'être donné pour seule mission de culpabiliser les Français, grâce aux puissants soutiens dont elle dispose dans la classe politique et jusqu'au sommet de l’État. Dans l'implacable réquisitoire dressé par ceux qu'il appelle les Repentants, Daniel Lefeuvre ne voit qu'une accumulation de contrevérités, de billevesées et de bricolages hâtifs tendant à transformer notre histoire en un album politiquement correct où s'affrontent les gentils colonisés et les méchants Français. Il montre surtout comment une telle vision déformée de notre histoire, enseignée chez nous aux jeunes générations issues de l'immigration, ne peut que conduire à l'éclatement de notre pays en mille communautés haineuses et repliées sur elles-mêmes dans un communautarisme farouche et sans issue. Notre plaisir serait donc complet si l'auteur ne cédait trop souvent, quand il traite de la situation intérieure, à cette dictature du politiquement conforme qu'il dénonce par ailleurs avec talent.
