Quand le fim de Paul Verhoeven, Starship Troopers, est sorti il y a maintenant 16 ans, il a été massacré par la critique aux Etats-Unis comme en France. Le New York Times le qualifiait de film «dérangé et horrible». Deseret News écrivait que Starship Troopers est une «orgie continue d’éclaboussures tellement privée de goût et de logique qu’elle fait du plus idiot des navets de l’été un film intelligent».
Mais le magazine The Atlantic a entrepris de réhabiliter Starship Troopers et explique que les critiques n’ont rien compris. C’est «une satire impitoyable, délirante et drôle qui démolit avec passion le militarisme de droite». Pour The Atlantic, si le film a été pris au premier degré et continue à l’être, c’est que les spectateurs et les critiques sont nuls.
Car la rhétorique de Starship Troopers est férocement anti-fasciste et anti-militaire. L’univers décrit par le film est un délire pas très éloigné du Docteur Folamour. Un futur dans lequel l’humanité a entrepris de coloniser des planètes de notre galaxie et se heurte à une race d’insectes géants dans une guerre sans merci. Les troupes terrestres dans des uniformes ridicules sont constituées de jeunes recrues stupides envoyées se faire massacrer et qui récitent des slogans d’une rare bêtise d’une propagande guerrière à laquelle personne de sensé ne peut croire.
Starship Troopers est «une critique du complexe militaro-industriel, de l’arrogance sans limite de la politique étrangère américaine» de la fin des années 1990 et du début des années 2000 et «d’une culture qui privilégie les réactions violentes à la sensibilité et à la raison» souligne The Atlantic. Même «la conclusion vise à dégonfler tout sens de l’héroïsme et de la valeur : nous voyons nos protagonistes qui ont tout juste échappé à la mort après une mission suicide qui retournent à la bataille dans une vidéo de recrutement de volontaires qui suggère que la seule récompense d’une bataille bien menée et la perspective d’autres batailles».
Près de deux décennies après sa sortie, la réputation de Starship Troopers ne s’est pas encore vraiment améliorée. Mais pour The Atlantic, les choses sont en train de changer. Certains sites considèrent aujourd’hui qu’ils s’agit «d’un des plus grands films anti-impérialistes» ou d’une «satire destinée et même conçue pour être mal comprise». Scott Tobias, ancien éditeur de la rubrique cinématographique du A.V. Club, va encore plus loin et considère que Starship Troopers est tout simplement «le film le plus subversif fait par un grand studio de Hollywood depuis bien longtemps».
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