Un plateau de télévision soudainement plongé dans le noir. Cette scène étrange pour un présentateur d'émission a eu lieu jeudi soir pour les téléspectateurs sur le plateau de Complément d'enquête sur France 2. Mais c'est le matin pendant le tournage que l'affaire a eu lieu. Benoît Duquesne tourne depuis la salle des mariages de la mairie du XIXe arrondissement de Paris. Ce lieu de tournage n'est pas anodin. Le journaliste a choisi de traiter le sujet des «croisades antigays». Il voulait être dans une belle salle. Au bout de cinq minutes, alors qu'il est en entretien avec Frigide Barjot, égérie de la lutte contre le mariage homosexuel, les lumières s'éteignent. Les deux interlocuteurs poursuivent leur conversation, l'une n'a pas l'air perturbée, l'autre ne cache pas son étonnement voire son désarroi et sa colère. Car il n'y a pas eu de coupure d'électricité dans la mairie. Il s'agit d'un sabotage de l'émission.
Frigide Barjot trouvée par surprise, installée dans un fauteuil
Une lettre envoyée au PDG de France Télévisions
Source Le Figaro
Frigide Barjot trouvée par surprise, installée dans un fauteuil
Derrière ce «boycott», Roger Madec, maire PS du XIXe. Il n'a jamais dissimulé ses convictions en faveur du mariage gay. Il n'a pas supporté de ne pas avoir été informé de la venue de Frigide Barjot. Il s'est senti trahi. «Cette invitation n'était pas du tout prévue! s'insurge-t-il encore excédé ce vendredi matin. L'émission traitait de l'homophobie et des victimes de l'homophobie. Benoît Duquesne devait, dans ce sens, recevoir l'écrivain Louis-Georges Tin, et à la place, ma directrice de communication trouve hier matin, Frigide Barjot, installée dans un fauteuil! Ce ne sont pas des manières de faire!» Sur son site, l'animateur Jean-Marc Morandini, explique que le maire se serait donc opposé au tournage. Face au refus du journaliste de s'exécuter, il aurait demandé aux employés de la mairie d'éteindre progressivement les lumières au moment de l'entretien avec l'humoriste antimariage gay.
Une lettre envoyée au PDG de France Télévisions
Roger Madec confie d'ailleurs que, même s'il avait été prévenu en avance de la venue de Frigide Barjot, il «s'y serait opposé si une personne de l'autre camp n'avait pas été invitée pour lui répondre.» Le sénateur maire s'est empressé d'envoyer le jour même une lettre dévoilée par le Huffington Postà Rémy Pflimlin, président-directeur général de France Télévisions où il affirme: «Il ne s'agit pas pour moi de contrarier le débat sur cette réforme majeure de la société (…) ni d'empêcher les opposants à cette réforme de s'exprimer [sic] : pour le coup, j'ai eu l'occasion de débattre en direct avec Mme Barjot sur un autre média (…). Il ne serait guère raisonnable que la mairie du XIXepuisse entraver de quelque manière que soit la liberté des journalistes de faire leur métier correctement. Cette correction suppose en revanche, un dialogue franc et honnête, qui en l'espèce n'a pas eu lieu.»
Source Le Figaro