«Dire à son épouse ‘Tu t'habilles comme une salope', ce n'est pas une violence conjugale», estime l'ancien ministre de la Ville. Il comparaîtra pourtant ce 30 novembre devant le tribunal correctionnel de Bobigny
Les faits se seraient produits entre le 1er décembre 2011 et le 1er janvier 2012. Maire UMP du Raincy, en Seine-Saint-Denis, Éric Raoult, 57 ans, est accusé par son épouse, dont il est séparé, de «violences sur conjoint» et de «menaces en vue de déterminer un victime à ne pas porter plainte ou à se rétracter».
Placé en garde à vue en octobre à deux reprises, Eric Raoult a toujours nié les faits, évoquant un divorce qui a mal tourné. «Je l'ai insultée, c'est vrai», avait-il reconnu sur Europe 1, le 10 octobre. «Mais dire à son épouse, qui a 15 ans de moins que vous, ‘Tu t'habilles comme une salope', ce n'est pas une violence conjugale», avait-il estimé.
Volontiers provocateur, Éric Raoult a par ailleurs lâché au journal 20 minutes: «Si c'est pour assister à mon lynchage féministe, ce n'est pas encore le moment attendez l'audience».
Il risque trois ans de prison et une amende de 45 000 euros
«Je ne veux pas salir mon mari qui reste toujours mon mari, avait indiqué en octobre, au Parisien, Corinne Raoult, qui fut son assistante parlementaire et avec laquelle il se trouve en instance de divorce. La plainte a été déposée, mais je ne fais pas de ma vie privée un fond de commerce, un sujet médiatique…» L'affaire n'échappera pourtant pas à la médiatisation. L'ancien ministre de la Ville (1995 à 1997), qui a perdu son siège de député aux législatives en juin, a bien souvent défrayé la chronique. Lors des émeutes de 2005, il avait été le premier à imposer un couvre-feu aux mineurs de sa commune, pourtant épargnée par les violences, avant que le gouvernement ne décrète l'état d'urgence. Le tribunal correctionnel de Bobigny, qui l'a convoqué cet après-midi, donnera son verdict. Il encoure une peine de trois ans de prison et risque une amende de 45.000 euros. Ce procès survient moins d'une semaine après la journée internationale contre les violences faites aux femmes. Selon les derniers chiffres officiels, près de 2 % des femmes ont subi, en l'espace de deux ans, des violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint. L'an passé, 122 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ex-compagnon.
Le Figaro