L’obsolescence programmée ou planifiée, « planned obsolescence » en anglais, le processus par lequel un bien devient obsolète pour un utilisateur donné, parce que l’objet en question n’est plus « à la mode » ou qu’il n’est plus utilisable.
Cette stratégie est planifiée ou programmée par les entreprises, et le raccourcissement de la durée de vie est pensé dès la conception du produit. Cela crée en permanence chez le consommateur un besoin concret (l’appareil ne fonctionne plus) ou le sentiment du besoin (l’appareil ne lui plaît plus) de racheter de nouveaux biens.
Cette obsolescence n’est pas nouvelle. La technique est née avec la révolution industrielle et le modèle productiviste. Dès la fin du XIXe siècle, l’apparition aux Etats-Unis de T-shirts à usage unique en est l’un des premiers signes annonciateurs.
Dans les années 1930, un ingénieur a proposé à la General Electrics de développer les ventes d’ampoules de lampes de poche en accroissant l’intensité des lampes sans augmenter la capacité des piles. Cela a entraîné une diminution de la durée de vie de ces mêmes ampoules et a augmenté la fréquence de renouvellement.
Pendant cette période de marasme économique aux Etats-Unis, l’obsolescence programmée est apparue comme une solution pour résoudre les problèmes de surproduction et pour favoriser le phénomène de renouvellement illimité des biens.
Cette stratégie s’est généralisée dans les pays industrialisés, y compris en France, pendant la deuxième moitié du XXe siècle lors de la reprise économique de l’après-guerre avec l’apparition de la consommation de masse, dont elle est l’un des moteurs, et le développement de la publicité.
Pour les produits électriques et électroniques ciblés par notre étude, ces techniques de diminution de la durée de vie des produits étaient à la base utilisées dans l’industrie informatique, qui s’appuie sur le renouvellement permanent des composants (processus, système d’exploitation et logiciels), mais depuis les années 1990 et l’arrivée de nouvelles technologies (Internet, les ordinateurs de maison, etc.) ce phénomène s’étend à tous les domaines de l’électronique.
Comparées aux autres types de biens, les TIC connaissent l’une des croissances les plus importantes de ces cinquante dernières années. Une croissance entamée principalement dans les années 1970 avec la démocratisation de la téléphonie fixe, puis entretenue depuis les années 1990 avec Internet et la téléphonie mobile. Ainsi, les appareils électroniques ont bel et bien « tiré » la croissance de la consommation depuis cinquante ans, avec des phases cycliques, qui correspondent aux grandes phases d’équipement des ménages : téléviseurs en noir et blanc, puis en couleurs dans les années 1960 et 1970, appareils photos dans les années 1970, magnétoscopes et caméscopes dans les années 1980, ordinateurs et téléphones portables depuis la fin des années 1990 et enfin tout récemment l’arrivée des télévisions à écran plat. Les différentes techniques d’obsolescence programmée permettent ainsi à un marché saturé, de se « redynamiser ».
Ces techniques pour diminuer la durée de vie des produits ont été mises au point pour écouler les stocks en pleine crise économique, dans un contexte où les ressources étaient considérées comme illimitées. Aujourd’hui, ces techniques perdurent, voire s’intensifient, malgré la prise de conscience des capacités d’absorption et de régénération limités de la planète.
L’obsolescence programmée, symbole de la société du gaspillage, Rapport septembre 2010, Les amis de la Terre