L'emploi salarié s'est effondré cet été. Au cours du deuxième trimestre, 41.700 postes ont été détruits dans les secteurs marchands, soit une baisse de 0,3%. L'Acoss, qui comptabilise l'emploi différemment, enregistre de son côté une baisse plus limitée, de 0,15%. Si l'ampleur de la chute est plus faible que ne l'avait d'abord anticipée l'Insee lors sa première estimation fin novembre (50.400 postes en moins), elle marque une nette accélération des destructions d'emplois par rapport aux trimestres précédents. Au troisième trimestre, l'économie française a perdu deux fois et demie plus d'emplois qu'au deuxième. Et, en valeur absolue, de telles pertes n'avaient pas été recensées depuis le troisième trimestre 2009. Les secteurs principalement marchands ont perdu 56.600 postes depuis un an et 85.000 depuis que l'économie a recommencé à détruire des emplois au troisième trimestre 2011. Le chiffre de ce trimestre en génère quasiment la moitié.
Baisse de l'intérim
Comme au cours du trimestre précédent, l'intérim représente l'essentiel des destructions d'emplois. Ces effectifs ont fondu de 5,7% entre juillet et septembre, après -3,2% au deuxième trimestre. Là encore, ces 31.300 postes perdus sur la période représentent la plus forte évolution à la baisse depuis le début de l'année 2009. Ils constituent les trois quarts des destructions de postes au troisième trimestre. Avant de se séparer des salariés en contrat à durée indéterminée, les employeurs commencent par ne pas renouveler leurs contrats d'intérim… Les moins de 30 ans, qui constituent près de 50% des effectifs intérimaires, en sont les premières victimes.
Mais, signe d'une aggravation de la crise, les effectifs du secteur tertiaire hors intérim ont cette fois également reculé au troisième trimestre, pour la première fois depuis un an. Ils ont perdu 2 200 postes, après en avoir gagné 14.400 au trimestre précédent. Parallèlement, l'hémorragie que connaît l'industrie depuis plus de dix ans se poursuit, à un rythme ce trimestre plus modéré qu'au deuxième. Les 5500 postes détruits cet été, et même 7400 dans l'industrie manufacturière, portent à 24.600 les emplois détruits dans ce secteur depuis un an, et à 250.000 depuis le début de la crise en 2009. Le niveau actuel des destructions de postes dans l'industrie reste toutefois loin de ceux de 2009, quand ce secteur détruisait chaque trimestre plus de 40.000 emplois à lui seul.
La dégradation du marché du travail, dont attestent ces chiffres, compliquera un peu plus l'objectif du gouvernement de ramener le chômage à la baisse d'ici la fin 2013. D'autant plus que chaque année, environ 150.000 nouveaux actifs font leur entrée sur un marché de l'emploi désormais incapable de les absorber.
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