« Nous ne devons pas trouver dans l’amour l’occasion de manifester plus crûment des défauts que nous nous connaissions déjà, mais celle de déployer des qualités que nous ne nous étions pas encore si bien connues : il ne s’agit pas de déballer tout notre fonds pêle-mêle, mais de montrer une grâce une délicatesse, une libéralité qui n’ont pas lieu de s’exercer dans la vie ordinaire, et parmi toutes les jouissances que nous lui devons, il n’est pas pour nous de plus vive que d’être portés par lui au plus bel état de notre nature. Cette magnificence mutuelle de leurs sentiments, ce luxe familier où leurs âmes se réalisent prouvent à deux amants qu’ils s’aiment vraiment dans l’amour. Quand une liaison n’est faite que d’égoïsme et de jouissances, c’est que l’Amour n’y est pas venu, quand elle n’est faite que de souffrances, c’est qu’il est parti. »
Abel Bonnard, « L’amour et l’amitié », 1939.