La réduction de la dette, la lutte contre la désindustrialisation mais aussi des sujets sociétaux paraissent plus importants, selon un sondage Ifop réalisé pour un collectif d'opposants au mariage gay.
L'ouverture du mariage aux couples homosexuels est loin d'être une priorité pour les Français, selon un sondage Ifop réalisé mi-décembre auprès d'un échantillon de 1005 personnes pour le collectif de la Manif pour tous, emmené par la polémiste et humoriste catholique Frigide Barjot. 70% des personnes interrogées jugent le sujet secondaire tandis qu'une grande majorité pointe l'urgence de s'attaquer aux dossiers de la réduction de la dette publique (62%) ou de la lutte contre la désindustrialisation (56%).
«Pour les Français, c'est loin d'être la priorité du moment. Aux critiques de fond sur le texte s'ajoute donc une critique de forme sur le timing du projet de loi, note le directeur du département opinion publique de l'Ifop, Jérôme Fourquet. Même d'autres sujets sociétaux comme la dépendance (30%) ou la réforme de la formation professionnelle (24%) arrivent largement devant le mariage pour tous, jugé prioritaire par seulement 7% des sondés. Pourtant, ces sujets sont bien moins médiatiques. Cette crainte partagée des Français, y compris dans l'électorat de gauche, de perdre du temps sur ce dossier qui n'est pas au cœur de leur préoccupation est un argument de plus pour les opposants au texte». Un sentiment relayé cette semaine par la lettre à François Hollande d'une quinzaine de députés et d'élus socialistes du collectif Gauche populaire pour lui demander de «remettre l'agenda économique et social en tête des priorités de l'action gouvernementale».
Attentes fortes sur le pouvoir d'achat
«Le scepticisme croissant des couches populaires et moyennes (…) nous invite à hiérarchiser notre action, car elles attendent d'abord des réponses fortes sur le terrain du pouvoir d'achat et de l'emploi», ajoutent-ils.
«Ces chiffres reflètent un sentiment diffus de malaise vis-à-vis du mariage pour tous, estime Frigide Barjot. Seuls 11% des sondés de gauche le trouvent prioritaire. On les a obligés à monter dans un train mais il n'y a pas d'adhésion massive à ce projet de loi qui est vécu par beaucoup comme une diversion politique pour ne pas parler des vrais problèmes économiques. Ce résultat nous donne beaucoup d'espoir pour la suite. Nous espérons obtenir l'ouverture d'états généraux et la remise sur le canevas d'un autre texte», avance celle qui est devenue l'égérie des opposants au mariage pour tous.
Autre pierre dans le jardin des défenseurs du texte, 66% des sondés trouvent regrettable (31%) ou choquante (35%) la disparition des termes «père» et «mère» dans les actes de naissance. «Les Français les plus âgés, dont l'attachement au schéma traditionnel de la famille est plus fort, sont les plus déstabilisés par cette conséquence administrative, décrypte Jérôme Fourquet. Mais cet argument semble aujourd'hui moins puissant dans l'opinion publique que celui du droit à l'enfant».
Enfin, le sujet de la liberté de conscience rassemble aussi les citoyens de tous bords. 81% des Français interrogés estiment que les députés doivent pouvoir voter, sur un sujet comme celui-là, selon leurs convictions personnelles indépendamment des consignes de leur parti. Seuls 19% plaident pour le respect des positions défendues pendant la campagne électorale. «C'est le match de la liberté de conscience contre le respect des engagements électoraux, résume Jérôme Fourquet. Sur ce type de sujet qui touche à des convictions personnelles, philosophiques et religieuses, l'inclinaison des Français de privilégier le libre-arbitre est d'autant plus amplifiée». Le collectif de la Manif pour tous dénonce de son côté les risques de consignes de vote à gauche, voire la mise à l'écart des élus indisciplinés.
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