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Radioactivité, l'ennemi invisible 2/3

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Aliments toxiques
Il en va de même pour le deuxième mode d'exposition, la contamination radioactive. Les 600 000 personnes qui ont travaillé sur et dans les environs de la centrale, les habitants d'Ukraine, de Biélorussie et de Russie "arrosés" par le nuage radioactif ont inhalé des particules "toxiques" en suspension dans l'air ou en ont ingéré via les aliments.
     Comme pour les rayonnements, l'ennemi est invisible, mais ses conséquences à court terme le sont aussi : aucun symptôme. Les conséquences de la contamination se mesurent jusque quarante ans plus tard, sous la forme d'une augmentation chiffrée à 5% du risque de développer certains cancers. Trois sont concernés : ceux du côlon, du poumon et de la thyroïde, un autre est très suspecté : celui du sein. "Dans une situation de contamination, nous savons avec certitude, depuis Tchernobyl, que le cancer thyroïdien est apparu en surnombre, mais uniquement chez les moins de 18 ans et chez les enfants de moins de 4 au moment de l'accident. Pas du tout chez les adultes. Cette augmentation particulière n'était pas attendue"; assure Jean-René Jourdain. Entre 1991 et 2005, 6 848 cas de cancer thyroïdien ont été diagnostiqués chez des mineurs en Biélorussie, Ukraine et Russie. Quinze malades sont décédés. Une augmentation équivalente des cancers de la thyroïde a été mesurée dans les territoires contaminés et les territoires non contaminés d'Europe, liée cette fois à l'amélioration du dépistage. 
     Après les bombardements de Hiroshima et Nagasaki, aucune hausse de ce cancer n'avait été observée. Les médecins et les chercheurs ont donc été surpris de ces résultats. Le lien avec l'iode radioactif libéré dans l'atmosphère par l'explosion de la centrale nucléaire ukrainienne a été formellement prouvé. L'explication est limpide : l'iode radioactif est retombé dans la nature, des vaches ont continué à paître et à ruminer des herbes contaminées, le poison s'est retrouvé dans leur lait bu par les enfants, a intoxiqué leur glande, qui s'est cancérisée. D'autant plus facilement que le programme de supplémentation en iode du sel alimentaire, qui existe dans les pays occidentaux, avait été arrêté en ex-Union soviétique en 1978 pour des raisons économiques, rendant la thyroïde des enfants exposés particulièrement sensible à la contamination par l'iode radioactif. Lors de l'accident de Tchernobyl, les populations n'ont pas reçu de pastille d'iode, qui saturent les récepteurs de la glande, à condition de les avaler deux heures avant l'explosion et pas plus de vingt-quatre heures après. 
     Autour de Fukushima, neuf jours après le début de l'alerte nucléaire, le gouvernement japonais a fait état de niveaux de radioactivité supérieurs aux normes de sécurité dans les épinards et le lait produits à proximité de la centrale. Le réseau d'eau potable de Tokyo contiendrait des traces d'iode radioactif. Les autorités nipponnes sauront-elles mieux protéger leurs enfants que les autorités russes ? 

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