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LA PREUVE PAR LES CHIFFRES: LES CATHOLIQUES ALLEMANDS VOTAIENT BEAUCOUP MOINS POUR LES NAZIS

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Par Jean-Marie Pottier | publié le 28/02/2014 à 12h42, mis à jour le 28/02/2014 à 16h45
Des colleurs d'affiches nazis, en juin 1932. German Federal Archives, via Wikimedia Commons.
On savait déjà que les catholiques allemands avaient constitué un des principaux foyers de résistance au nazisme –il suffit de se souvenir, par exemple, du mouvement de résistance de la «Rose Blanche»,majoritairement composé d'étudiants catholiques, et resté notamment dans l’Histoire du fait du martyre de Hans et Sophie Scholl, qui étaient eux protestants.

Voici de nouveaux chiffres pour le prouver: deux chercheurs en économie politique, Jörg L. Spenkuch (Northwestern University) et Philipp Tillmann (université de Chicago), livrent une analyse extrêmement détaillée —vous pouvez la lire ici en PDF ou là en version abrégée— de la façon dont le catholicisme a freiné la progression électorale du parti nazi d’Adolf Hitler pendant la République de Weimar.

Entre 1928 et 1933, année de la nomination d'Hitler à la chancellerie, le NSDAP est passé de 2,6% à 43,9% des voix aux élections législatives. Mais il est resté comparativement plus faible dans les régions à prédominance catholique, très marquées en Allemagne depuis la Paix d’Ausbourg de 1555, qui avait donné le droit aux seigneurs locaux d’imposer leur religion à leurs sujets.

En haut, la population catholique en Allemagne en 1932 (plus une région est foncée, plus il y a de catholiques). En bas, le vote en faveur du NSDAP aux élections de la même année. (Carte extraite de l'étude de Jörg L. Spenkuch et Philipp Tillmann)
Mais cela était-il dû au catholicisme en lui-même, ou au fait que les catholiques allemands présentaient un profil économique (davantage de paysans) et géographique (davantage présents dans le sud et loin des grandes villes) que les protestants? Pour en avoir le cœur net, les deux chercheurs ont mené une analyse croisée des résultats des élections au niveau local (comtés et municipalités) et des variables socio-économiques (religion, CSP, emploi…). Conclusion:

«La religion est le facteur prédictif le plus important du vote nazi. Plus spécifiquement, la composition religieuse des circonscriptions explique un peu plus de 40% de la variation du résultat du NSDAP au niveau d’un comté. […] Toutes choses égales par ailleurs, les protestants étaient au moins deux fois et demi plus enclins à voter pour les nazis que les catholiques.»

Pour expliquer ce résultat, les chercheurs éliminent statistiquement plusieurs facteurs (la supposée «religiosité» plus grande des catholiques, qui les aurait rendu moins réceptifs au paganisme nazi, ou un rapport à l’autorité politique différent...) pour se concentrer sur l’attitude de la hiérarchie catholique. Très liée au Zentrum, le parti de centre-droit catholique, celle-ci a pris à l’époque, contrairement à son homologue protestante, des positions offensives contre les nazis, en interdisant à ses fidèles d’adhérer au parti.

«Celui qui vote pour Hitler devra le justifier le jour du Jugement dernier. Il n’y a pire péché que voter pour lui!», a ainsi déclaré un jour le curé de Waldsee, une ville de Rhénanie. Jörg L. Spenkuch et Philipp Tillmann ont d’ailleurs observé, là encore toutes choses égales par ailleurs, un taux de vote pour les nazis nettement supérieur dans les villages dont les curés se montraient «sympathisants» envers le parti hitlérien.

Des prêtres qui ont été rejoints, après mars 1933, par la hiérarchie catholique allemande, qui s'est ralliée au régime—un reflet de l'attitude parfois ambiguë de l'Église envers le régime, y compris en dehors d'Allemagne.

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Un Allemand aurait trouvé le trésor des Nibelungen

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Un trésor antique a été découvert dans une forêt de Rhénanie-Palatinat, en Allemagne. Le type d'objets, le lieu et la valeur rappellent la légende du trésor caché des Nibelungen.

Wagner l'a mis en musique mais les prémices remontent au XIIIe siècle et cette légende puise son origine au plus profond de l'Antiquité : le trésor des Nibelungen, ou l'or du Rhin. Ce magot fantastique gardé par les ondines et fruit d'un conflit entre les divinités, les héros et les créatures diverses de la mythologie germanique et scandinave existe-t-il ? Pour l'immense majorité des historiens et des archéologues, il s'agit d'une légende magnifiée par des conteurs et sublimée par le génie de Richard Wagner.

Et si la légende reposait sur un fond de vérité ? Si les nains de la légende, ces fameux Nibelungen, avaient réellement existé et enterré un fabuleux pactole dans les forêts rhénanes ? Un Allemand muni d'un détecteur de métaux a mis au jour une impressionnante collection d'objets anciens en or qu'il a tenté de revendre sur le marché noir. C'est alors que les forces de l'ordre l'ont interpellé, ont saisi le trésor et ont ouvert une enquête.

Pour les spécialistes immédiatement appelés à la rescousse par les enquêteurs afin de déterminer l'origine des objets découverts, des bijourx d'or et d'argent, la nature des pièces découvertes, leur style, le lieu de leur mise au jour, l'époque à laquelle ils renvoient a immédiatement fait penser au trésor de la légende. «En termes de datation et de localisation, la découverte correspond à l'époque évoquée par la légende des Nibelungen. Mais nous ne pouvons pas dire dès maintenant avec certitude que ces objets appartiennent au trésor de la mythologie», explique Axel von Berg, archéologue en chef du Land de Rhénanie-Palatinat.

Evalué à plus d'un milliion d'euros (1,2 million de francs), le trésor aurait dû être signalé par son découvreur aux autorités avant qu'une part de celui-ci ne lui soit remise ou qu'une récompense ne lui soit attribuée. La découverte a donc été saisie et les archéologues vont donc désormais tenter de savoir d'où venaient ces dizaines d'objets d'or et d'argent.

Source

Food Inc

Belle et rebelle

Sortie comité d'entreprise

Sécurité à Versailles : Caméras en ville, Mazières accélère le pas

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Le maire de Versailles prévoit de doubler le nombre de caméras dans Versailles pour passer de 50 à 100. Un sujet suivi de près par le commissaire de Versailles, Ludovic Jacquinet.

Le développement de la vidéosurveillance est suivi de très près par le commissaire Ludovic Jacquinet. Pas seulement à Versailles, mais pour toutes les communes de sa circonscription s’étendant de Vélizy-Villacoublay à Fontenay-le-Fleury, en passant par Buc ou Le Chesnay. Sous la plaque en verre de son bureau, il a d’ailleurs glissé plusieurs cartes montrant l’implantation des caméras de différentes communes. «C’est devenu un réflexe. A chaque fois qu’une infraction est commise, nous regardons sur la carte s’il y avait une caméra pour récupérer les enregistrements.»
Mais pour le commissaire, en plus du nombre et de la qualité des appareils, c’est le pilotage du système qui est essentiel. Autrement dit, un centre de supervision urbain (CSU) reste «l’aboutissement du principe de la protection par la vidéo. Je l’affirme comme un professionnel de la sécurité publique.» A cela, il existe une raison très simple. Le CSU permet de raccorder les images au commissariat, voire au centre départemental situé à Viroflay. Et avec un agent qui regarde en direct, 24h/24, les flagrants délits sont assurés. «Nous avons récemment eu le cas à Versailles pour un échange de drogue. Un policier municipal regardait la vidéo en direct. Il nous a prévenus. Nous sommes intervenus et nous avons arrêté les trafiquants.» Autre cas d’utilisation : un délit de fuite. «Les caméras nous permettent de suivre en direct le parcours des personnes et donc d’orienter les patrouilles en conséquence.» D’ores et déjà, le “19, avenue de Paris”, peut voir les caméras de villes comme Buc, Les Loges-en-Josas, Rocquencourt ou encore Versailles. Et suite à une récente réunion avec Versailles Grand Parc, la décision a été prise de permettre aux policiers le visionnage en temps réel différé. En d’autres termes, depuis le commissariat, il est possible de prendre la main sur les appareils (en suivant une procédure stricte : ndlr) et de “rembobiner” l’enregistrement plusieurs minutes avant un acte. Cela va être mis en œuvre ces prochains jours. Un opérateur peut même piloter les caméras à distance. 

La vidéo-patrouille 
Enfin, pour le commissaire, quelle que soit la ville, le maillage renforcé des caméras permet d’être indirectement plus présent sur le terrain. «C’est ce que l’on appelle de la vidéo-patrouille. Cent caméras regardées par des agents assermentés, c’est autant de points surveillés en même temps après que la patrouille soit passée. Cela est utile, tant contre la délinquance que contre des incivilités courantes.»Pour l’heure, une ville comme Vélizy possède une caméra pour 300 habitants. Actuellement, Versailles en a une pour 1 800 habitants. En doublant son parc, on passerait à une pour 900 habitants.

Alain de Benoist : « De nombreuses personnes s’expriment contre l’Europe alors qu’en réalité elles dénoncent l’Union Européenne »

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Alain de Benoist est un auteur controversé. Souvent mis de côté de la scène médiatique parisienne, le fondateur de la revue Éléments a le mérite d’avoir une vision tranchée quant à notre société moderne. Auteur de plus de 90 ouvrages, propriétaire de l’une des plus grandes bibliothèques d’Europe, le penseur de la « Nouvelle droite » évoque ici de nombreuses questions qui ont rythmé son itinéraire intellectuel, notamment celles de l’Europe et du penseur allemand Carl Schmitt. Entretien.

Le Rideau : Alain de Benoist, on vous présente souvent comme celui qui a la plus grande bibliothèque privée d’Europe… 
Alain de Benoist : Je ne sais pas si c’est vrai. Je ne pense pas, il y en a certainement d’autres. En plus, il y a différents types de bibliothèques : des bibliothèques de bibliophiles, c’est-à-dire des gens qui achètent des livres rares, très chers, des beaux livres, des éditions illustrées, etc. Ce n’est pas mon orientation. J’aime bien les beaux livres mais j’achète d’abord les livres en fonction de leurs contenus ; je suis plus bibliomane que bibliophile. D’autre part, j’ai une bibliothèque relativement spécialisée, dans la mesure où j’ai assez peu de littérature. Plus des trois quarts de ma bibliothèque est consacré à ce que les Anglais appellent « non-fiction » : tout ce qui n’est pas œuvre de fiction. Parmi les grandes allées figurent la philosophie, l’histoire des religions, l’archéologie, l’antiquité, l’histoire contemporaine, les sciences sociales, les sciences de la vie, etc. Ce sont les domaines sur lesquels je travaille et qui m’intéressent le plus.

Par ailleurs, mon côté collectionneur se manifeste sur un certain nombre d’auteurs que j’aime particulièrement. Il doit y en avoir une centaine, je pense. Là, je dois dire que j’ai un peu tendance à acheter tout ce qu’ils ont publié, tout ce qu’on a publié sur eux. Par exemple, j’ai une bibliothèque célinienne assez énorme, tout comme celle consacrée à Bernanos, à Péguy, etc. Ça va assez loin : si je vais en République tchèque, je vais acheter des livres de Céline, de Bernanos et de Péguy que je vais trouver en langue tchèque, que je suis évidemment incapable de lire, mais je veux les avoir. J’ai des éditions de Carl Schmitt en chinois, en turc, en japonais d’un certain nombre d’auteurs…

J’ai arrêté d’acheter sur catalogue – évidemment ça prenait un temps fou, car, quand vous recevez un catalogue il faut le lire tout de suite, téléphoner pour retenir les livres…c’est toute une industrie -, ç’a coïncidé avec l’apparition d’Internet. Il y a tellement de possibilités d’achat, pas seulement de livres neufs bien entendu, mais aussi de livres d’occasion sur des sites qui regroupent eux-mêmes des dizaines ou des centaines de libraires, lesquels proposent des centaines de millions de livres ! C’est vertigineux ! J’achète donc moins de livres anciens, plutôt des livres nouveaux. Je reçois pas mal de livres en service de presse et je continue surtout mon travail de repérage, en lisant pour chacun des pays dont je maîtrise à peu près la langue – en France, c’est Livres-Hebdo – des publications professionnelles qui recensent toutes les semaines la totalité des livres sortis. À priori, il n’y a pas grand-chose qui m’échappe. Un journal comme Livres-Hebdo recense toutes les semaines 2 à 3000 livres. C’est classé par rubriques, donc c’est plus facile à consulter. Tous ces facteurs ont influé sur l’importance de ma bibliothèque. Elle est pour l’instant dispersée dans deux maisons, une maison que j’ai près de Versailles et une maison en Normandie. Le grand problème est évidemment toujours de trouver de la place, de classer. Ces dernières années j’ai beaucoup classé : ç’avait commencé à s’empiler d’une manière qui n’était plus tellement accessible. Maintenant c’est bien classé, mais les murs ne sont pas extensibles : j’essaie de me restreindre. C’est à la fois de la collectionnite, de la manie, incontestablement – il est très clair que j’ai des milliers de livres que je n’ai jamais lus et que je ne lirais jamais – mais c’est quand même une bibliothèque de travail. Si je travaille sur un sujet, je vais trouver tout un rayon de livres qu’à ce moment-là je vais lire crayon à la main, de manière très attentive.

Quand est-ce qu’a commencé cette « collectionnite aigüe » ? 
Très tôt, dès que j’ai eu les moyens d’acheter des livres. J’ai commencé par les livres de poche puisqu’à ce moment-là, c’était les débuts de la collection du Livre de Poche. Évidemment, je m’étais mis en tête d’acheter tous les livres de la collection ! C’est mon côté collectionneur. J’ai énormément lu et après je n’ai cessé d’acheter des livres. J’en ai acheté énormément pendant une dizaine d’années sur des catalogues de livres d’occasion français et étrangers. Ce qui fait que ma bibliothèque a à peu près autant de livres en langues étrangères qu’en langue française.

Est-ce que vous avez pensé à votre succession ? 
Oui, j’y ai pensé. Et je dois avouer que je n’ai pas trouvé de bonne solution. J’ai deux enfants que ça n’intéresse pas fondamentalement. J’ai une grosse bibliothèque germanophone que j’envisage de léguer à une fondation en Allemagne. Pour le reste, je ne sais pas. L’hypothèse la plus probable, c’est que tout cela sera vendu et dispersé. On peut aussi faire des ventes groupées dans des hôtels de vente, mais il faut établir un catalogue ce qui est un travail énorme. Je n’ai pas fait de catalogue parce que, lorsque j’ai commencé à avoir des masses considérables de livres, il n’y avait pas encore les ordinateurs, tout simplement. Mais là, pour rattraper quarante ans d’achats en différentes langues, il faudrait salarier quelqu’un pendant plusieurs années. Disons que le catalogue est dans ma tête et que je sais à peu près où est chaque livre.

Comment jugez-vous le marché du livre actuellement ?
Il est clair qu’aujourd’hui il y a une crise de l’édition. Beaucoup de gens en parlent. Il y a aussi une crise de la lecture qui est évidente et qui a pour cause fondamentale toutes les nouvelles technologies fondées sur l’image. En dehors même du flot d’images qui nous est dispensé par ces technologies, il y a le fait qu’on peut accéder par internet à tout un tas de fichiers numériques, de livres rares parfois. Mais je dois dire que là je suis totalement fermé. Je pense que c’est en partie un problème de génération. Je suis vraiment un enfant de la galaxie Gutenberg ! Un texte est indissociable, pour moi, d’un livre qu’on prend dans la main, qui, à la limite, peut avoir une odeur. Le plaisir d’avoir un livre dans la main, de pouvoir écrire dessus, dans les marges, est quelque chose qui est indissociable de la lecture. Lire à l’écran ou imprimer sur des feuilles volantes, ce que je fais bien entendu, comme tout le monde, n’est pas du tout ce que j’attends de la lecture. J’ai peut-être un côté un peu « dinosaure » à ce sujet : peut-être que dans cinquante ans le livre n’existera plus du tout.

C’est possible, selon vous ? 
J’ai du mal à le croire. J’ai tendance à penser qu’il y aura toujours des petits cénacles. Subsiste aussi le problème des livres très spécialisés. Des tas de livres sont édités dans un cadre universitaire et ne touchent que quelques dizaines de lecteurs. Ce n’est donc pas rentable numériquement d’exploiter tout cela. Mais on ne sait jamais. Rappelez-vous le film de Truffaut, Farenheit 451, dans lequel on brûle les livres… C’est une perspective que je trouve tout à fait désespérante, mais c’est quelque chose que je ne verrai pas, et, par conséquent, je suis content d’avoir ma bibliothèque.

N’est-il pas préférable, conformément à la phrase de Diderot, de ne compter que « sur peu de lecteurs » tout en aspirant « qu’à quelques suffrages », plutôt que d’être mal lu par tout le monde ? 
La question de savoir par qui on est lu est une très vieille question. Quand vous vendez un livre à 1000, 3000, 10 000 exemplaires, parmi ceux-ci, combien y a-t-il de vrais lecteurs ? De gens qui vont descendre dans le texte et en retirer la substantifique moelle ? Cela vaut pour n’importe qui. La différence reste que dans un passé si lointain, certaines lectures changeaient la vie des gens ; quand on parle avec un certain nombre de personnalités, elles peuvent nous citer les livres qui les ont marquées. Évidemment, on est marqué différemment selon l’âge, qu’on lise à 17-18 ans ou à 35-40 ans. Mais est-ce qu’on peut être encore marqué à vie et même orienter sa vie en fonction d’une lecture faite sur écran ? C’est une question que je me pose.

Trouvez-vous encore des auteurs contemporains « valables » ? 
Il y en a toujours, heureusement. Je dirais simplement qu’on ne voit plus l’équivalent des grands noms de l’époque de Sartre, Barthes, Derrida, Bourdieu…Les grands intellectuels ont un peu disparu. Ça ne veut pas dire que les gens n’ont plus de talent, mais plutôt que c’est la fonction même qui a subi une mutation : on est sorti de l’époque où le grand intellectuel, qui avait sa base à l’Université, jouait le rôle de porte-parole des sans-voix ou de grande autorité morale. L’intellectuel a été destitué de son autorité morale, à la fois parce que le monde universitaire et scolaire est entré dans une très profonde crise – peut-être faudrait-il dire de « décadence » –, mais aussi parce que le canal par lequel l’intellectuel peut s’exprimer aujourd’hui, c’est le journal, la télévision. Il rentre par la même dans la société du spectacle. Le fait d’être invité à participer à une émission de télévision ne vous donne pas d’autorité morale particulière : c’est juste une visibilité spectaculaire. Par conséquent, on est sorti de l’ère des intellectuels. Mais il y a toujours des auteurs importants. J’ai été assez proche de Jean Baudrillard qui est quelqu’un dont l’œuvre est, je pense, admirable. J’aime beaucoup l’école d’Alain Caillé et Serge Latouche. Je trouve que Jean-Claude Michéa fait aujourd’hui des livres importants qui renouvellent certaines problématiques. J’ai beaucoup d’admiration pour un politologue et sociologue comme Louis Dumont, par exemple.

Parmi vos nombreuses publications, lesquelles préférez-vous ? 
C’est assez compliqué de répondre, car je n’ai jamais fait de livre qui soit une sorte de somme, comme l’ont fait certains auteurs qui ont écrit « le » livre de leur vie. Je n’ai pas du tout un esprit de système ; j’ai donc abordé des sujets très différents. Par goût du paradoxe, je dirais peut-être le livre publié avec Thomas Molnar sur la notion de sacré (L’éclipse du sacré, éditions La Table Ronde, NDLR), certainement l’un de ceux que j’ai le moins vendu, d’ailleurs. Dans des écrits plus proprement théoriques, j’ai publié un gros livre à l’Âge d’Homme qui s’appelle Critiques – Théoriques et qui, en l’état actuel, est ce qui donne la vue la plus générale de mes positions dans différents domaines. Et puis mon autobiographie, Mémoire vive, publiée chez Bernard de Fallois il y a deux ans : j’y tiens beaucoup, car elle n’est pas seulement le récit de ma vie – qui, après tout, ne passionne pas nécessairement les foules –, mais surtout le récit d’un itinéraire intellectuel, itinéraire qui n’est pas toujours perceptible quand on me lit.

Au vu de ce que vous venez de dire, peut-on en déduire que vous pensez que la société actuelle est trop spécialisée ?
Effectivement, il y a dans les domaines du savoir, de la connaissance, dans les disciplines académiques, une très grande spécialisation. Mais cette spécialisation vient de deux choses ; d’abord du fait que le nombre d’informations à traiter est tellement énorme aujourd’hui qu’il est extraordinairement difficile et très ambitieux de vouloir faire une sorte de synthèse globale ; d’autre part, l’évolution du système universitaire et scientifique, qui fait obligation aux auteurs de publier beaucoup (« publish or perish »), fait qu’il est plus facile, dans une certaine mesure, de devenir spécialiste d’un petit territoire plus ou moins inexploré. Ainsi, vous devenez spécialiste du commerce des gains entre 1644 et 1722. Formidable…

C’est un contraste énorme par rapport au XIXe siècle qui a été l’époque des grandes synthèses, quand on pense aux Histoires universelles, aux Histoires de France en 40 volumes écrites par des auteurs qui ne doutaient de rien et n’avaient à leur disposition ni machine à écrire ni ordinateur. Je trouve ça stupéfiant et admirable. Quand on prend un livre comme Le déclin de l’Occident, de Spengler, par exemple, qui est une considération sur l’histoire universelle nourrie par une culture absolument phénoménale, quoi qu’on pense de ses orientations : c’est un projet que plus personne – aujourd’hui – n’entreprendrait, tout simplement.

En soi ce ne serait pas dramatique si la spécialisation se bornait à une répartition des tâches, de division du travail : le problème c’est que les gens qui deviennent spécialistes d’un petit secteur ont souvent une absence totale de culture sur le reste. Dans mes mémoires, je cite l’exemple d’un helléniste que j’ai très bien connu, François Chamoux, avec lequel j’avais effectué un voyage en Grèce. Je lui avais posé une question qui ne devait pas être bien compliquée, mais il m’avait répondu : « Ah, la question que vous me posez se rapporte au VIe siècle avant notre ère et je suis spécialiste du Ve siècle ; je ne peux donc pas vous répondre ». Ça m’avait frappé parce que j’avais cru qu’il se moquait de moi. Or, il était sincère.

Je crois très profondément, et c’est aussi le fond de ma démarche, à la nécessité d’un certain encyclopédisme. Je veux dire par là qu’il y a des choses, des idées et des vérités qui naissent de la rencontre des points de vue. J’ai fréquemment déploré le fait que les spécialistes des sciences de la vie, par exemple, et ceux des sciences sociales s’ignorent et se méprisent en général très cordialement. Alors que je crois qu’au contraire, c’est la confrontation des données que l’on peut recueillir dans ces deux domaines qui s’éclairent mutuellement et qui peuvent donner une idée plus juste et fructueuse. Je crois que c’est Jules Monnerot qui parlait de la nécessité des « coordinateurs-synthéticiens », les gens qui veillent au carrefour. Le grand problème de la spécialisation est qu’elle fait disparaître ces synthéticiens.

Quelles études avez-vous suivi ? 
J’ai fait une filière qu’on appelait « A », totalement littéraire. J’ai appris autant que possible le grec et le latin avant d’aller ensuite au lycée Montaigne, puis au lycée Louis-Le-Grand où j’ai fait la classe de philo. J’ai ensuite été un an à l’Institut d’études politiques, mais je n’ai pas continué. Puis, j’ai effectué mes études à la Sorbonne, essentiellement en sociologie, morale, philosophie générale et histoire des religions.

J’ai su que vous avez bien connu Raymond Abellio. Des anecdotes ? 
J’ai en effet été lié d’amitié avec Raymond Abellio, que j’ai très bien connu dans les dernières années de sa vie pour des raisons de chronologie évidentes. C’est l’un des hommes dont la conversation était la plus passionnante. Ça partait un peu dans tous les sens, mais c’était une sorte de jaillissement continu de points de vue, d’idées paradoxales…C’était un homme en même temps très enthousiaste. Je me souviens que lors de l’écriture de son dernier livre il était assez malade et il répétait : « Il faut que je le termine absolument ». Il l’a terminé et il est mort juste après. On pourrait dire qu’il s’est retenu de mourir, ce qui n’est pas forcément absurde comme idée. Il voulait terminer sa dernière œuvre.

Venons-en à un sujet très actuel, Carl Schmitt. Pour reprendre le titre d’un ouvrage sorti chez Gallimard (J.F. Kervégan en est l’auteur, NDLR) : Que faire de Carl Schmitt ? 
Le lire, tout simplement. Ce sont des questions un peu ridicules : « De quoi Carl Schmitt est-il le nom ? », « Que faire de Carl Schmitt ? ». Le statut de Carl Schmitt est très paradoxal : on a beaucoup focalisé, surtout à date récente d’ailleurs, sur le fait qu’il s’est indéniablement compromis sous le IIIe Reich. Pas pendant longtemps, mais entre 1933 et 1936. En 1936, le parti nazi et la SS constatent qu’il n’est pas du tout dans la ligne, qu’il n’est pas national-socialiste, et engagent une très violente campagne contre lui à l’issue de laquelle il est destitué de toutes ses fonctions officielles. Il garde seulement son professorat. 

On peut discuter à l’infini des raisons pour lesquelles Carl Schmitt s’est engagé de la sorte. C’est d’autant plus étrange qu’il faut rappeler qu’en 1932, un an avant l’arrivée d’Hitler, lui-même demandait l’interdiction du parti nazi. Je laisse cela aux biographes. Je suis quelqu’un qui ne disqualifie jamais une œuvre au motif de la biographie de son auteur. La biographie de l’auteur, je m’y intéresse de manière distincte. Savoir ce qu’a fait Heidegger ou Carl Schmitt entre 1933 et 1936, c’est comme si j’apprenais demain que Shakespeare était cleptomane ou qu’il tuait des petits garçons tous les matins : je m’en fiche complètement, dans la mesure où cela ne change rien à la valeur de son œuvre. Dans le cas de Carl Schmitt, c’est encore plus frappant, car l’essentiel de son œuvre date d’avant 1933 et d’après 1945. Ce qu’il a publié pendant la guerre et sous le IIIe Reich – même si cela ne manque pas d’intérêt, je pense notamment à Terre et Mer–, ce n’est pas l’essentiel de son œuvre. Ses grands livres restent ceux qui traitent de la notion de politique, du parlementarisme, de la théologie politique, de la figure du partisan, du Nomos de la Terre, etc.

On a quand même retrouvé, dans ses journaux qui datent d’après la guerre, des passages antisémites… 
Oui, mais le problème c’est qu’il ne faut pas tomber dans l’anachronisme. Il faut d’abord avouer que l’antisémitisme était extrêmement répandu à cette époque-là dans les milieux les plus différents, et que ce n’est pas parce que quelqu’un a écrit des phrases antisémites qu’il était nazi. Des antisémites, on sait aujourd’hui qu’il y en avait aussi dans la Résistance française ! Schmitt pouvait penser ce qu’il voulait des Juifs, mais ce qui est important c’est qu’il n’y a pratiquement aucune remarque antisémite dans ses ouvrages, à une ou deux exceptions près. On peut les enlever, ça ne change absolument rien à la valeur de son œuvre.

Le statut de Carl Schmitt est extrêmement bizarre. Il est fréquemment critiqué et, périodiquement, il y a des campagnes dirigées contre lui. En même temps, je peux vous dire que Carl Schmitt est aujourd’hui l’auteur de science politique le plus discuté dans le monde, et non de manière hostile. Il est traduit systématiquement dans toutes les langues : aux dernières nouvelles, ses œuvres complètes sont en cours de traduction à Pékin. Les traductions et les livres sur lui se multiplient également. Il se trouve que je suis cela de très près, car j’ai publié il y a quatre ans en Autriche une bibliographie schmittienne de 600 pages, que je continue à mettre à jour. Depuis 1985, année de la mort de Carl Schmitt, plus de 500 livres lui ont été consacrés, ce qui signifie qu’il sort dans le monde pratiquement un livre toutes les semaines ou tous les quinze jours. Les articles, eux, se comptent par milliers dans toutes les revues de sciences politiques. Il y a une influence indéniable de Carl Schmitt, plus sensible peut-être encore auprès d’auteurs de gauche que d’auteurs classés à droite : les schmittiens de gauche sont légion. Il est donc à la fois un auteur sulfureux et, en même temps, considéré comme le dernier grand classique en matière de science politique.

Comment en êtes-vous venu à la lecture cet auteur ? 
Le premier livre de Schmitt que j’ai lu est évidemment La notion de politique, paru en 1972 aux éditions Calmann Lévy, dans la collection « Liberté de l’esprit » dirigée par Raymond Aron. Aron s’est beaucoup intéressé à Carl Schmitt. Il est d’ailleurs très significatif que ceux qui ont introduit ou réintroduit l’œuvre de Schmitt en France après la guerre étaient Raymond Aron et Julien Freund, ancien résistant arrêté plusieurs fois par la Gestapo. Ce dernier était devenu un grand ami de Carl Schmitt. Vous voyez que les choses ne sont jamais très simples. Ensuite, je l’ai lu au fur et à mesure des publications et des traductions. Pour finir, j’ai moi-même travaillé sur Schmitt, j’ai publié cette bibliographie, un livre intitulé Carl Schmitt actuel, qui a été traduit dans six langues différentes, ainsi que trois recueils de textes de Carl Schmitt inédits en France.

Pensez-vous que sa vision de l’Europe correspond à la vôtre ? 
J’apprécie beaucoup l’œuvre de Carl Schmitt, je pense que c’est un auteur absolument fondamental. Il fait surtout partie de ces auteurs que l’on peut lire indéfiniment en trouvant quelque chose que l’on n’avait pas aperçu avant, et ce à chaque lecture. Un livre comme la notion de politique, par exemple, j’ai dû le lire six ou sept fois et j’y trouve toujours des éléments nouveaux. Je pense par ailleurs qu’il y a une très grande actualité de Carl Schmitt : sa critique du libéralisme est plus actuelle que jamais, ses travaux sur le parlementarisme également, ainsi que ses études en matière de droit constitutionnel. Ce qu’il a écrit sur la figure du partisan nous renvoie à l’actualité du terrorisme, sa critique de la « guerre juste » tombe à point nommé au moment où l’on voit réapparaître les guerres « humanitaires », les interventions de police internationale, etc. Dans toute une série de débats qui concernent l’actualité la plus immédiate, il apporte quelque chose et on est pratiquement tenu de le citer.

Cela dit, je ne suis pas un disciple inconditionnel de Carl Schmitt. Il y a des points sur lesquels je suis même en désaccord avec lui. D’abord, il ne faut pas l’oublier, c’est un auteur très profondément catholique, ce qui n’est pas mon cas. Ensuite, sur la notion même de politique, je fais quelques réserves sur son analyse. Ce qu’il dit sur la dialectique ami/ennemi est très intéressant dans le domaine de la politique étrangère, mais beaucoup plus difficilement applicable pour ce qui concerne la politique intérieure. Je suis aussi en désaccord avec le fait que Carl Schmitt fasse venir en premier l’inimitié par rapport à l’amitié. L’amitié est, pour lui, une conséquence de l’inimitié. Pour moi, c’est le contraire. Je fais venir en premier la notion d’amitié politique ; mais c’est peut-être parce que je suis assez aristotélicien, alors que Schmitt est plutôt un augustinien. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a peur de voir la politique disparaître. Dans ses livres, il exprime à plusieurs reprises la crainte que ce qu’il appelle la « dépolitisation libérale » finisse par l’emporter et qu’on rentre dans un monde sans politique, où le politique aurait disparu. Je ne sais pas s’il a raison, mais je suis beaucoup plus réticent quant à admettre cette idée. Pourtant, en fonction même de ce qu’il dit, le politique ressurgit toujours. D’un côté, il exprime la crainte que le politique puisse disparaître, de l’autre il dit que toute inimitié dans quelque domaine qu’elle s’exprimee, restitue une dimension politique dès l’instant où elle monte aux extrêmes. Si c’est vrai – et il n’y a pas de raison de considérer que c’est faux –, on voit mal comment le politique pourrait disparaître.

Parmi les grands « schmittiens », que pensez-vous de Giorgio Agamben ?
Je crois que Giorgio Agamben n’est pas vraiment un grand schmittien ; je pense d’ailleurs qu’il serait le premier à récuser cette étiquette. Il est très critique de Schmitt sur plusieurs points, mais il est exact qu’il en parle beaucoup. Tout d’abord parce qu’il est italien et que la fortune de Schmitt en Italie a toujours été considérable. En Italie, tout le monde cite Schmitt ! Et les réticences que peuvent avoir les Français, suite aux campagnes menées par Emmanuel Faye ou Yves Charles Zarka, les Italiens ne les comprennent pas du tout. Les grands auteurs de gauche italiens comme Massimo Cacciari, Danilo Zolo et tant d’autres écrivent énormément sur Schmitt. Les Français sont très en retrait par rapport à la lecture de Schmitt, telle qu’elle se fait en Italie et secondairement en Espagne, par exemple. De son vivant, Schmitt a eu beaucoup de liens avec l’Espagne, puisque sa fille avait épousé un Espagnol.

Votre influence est également importante en Italie…
Oui, je vais souvent en Italie, j’ai beaucoup d’amis italiens et j’en suis à 36 ou 37 livres publiés en langue italienne, ce qui est assez considérable.

Comment vous expliquez cette préférence géographique ? 
Cela s’explique d’abord par les liens personnels que j’ai tissés avec des intellectuels, des journalistes, des écrivains italiens. J’ai toujours été très « italophile » ! Évidemment, quand on noue beaucoup de liens, ça favorise les traductions d’articles ou de livres. Deuxièmement, il y a le fait que les Italiens, en général, s’intéressent beaucoup plus à la France que les Français ne s’intéressent à l’Italie. Ils sont incroyablement cultivés concernant tout ce qui se passe en France sur le plan intellectuel. C’est également un pays dont la langue est évidemment assez proche, par certains aspects, de la langue française. Les Italiens, enfin, sont des gens qui ont des réactions très rapides, tout à fait à l’opposé des Allemands sur ce plan-là : ils sont toujours à l’affût des nouveautés. Tout va très vite en Italie…

Revenons à l’Europe. Êtes-vous du même avis que Carl Schmitt à ce sujet ?
Non. Schmitt est fondamentalement un étatiste. En même temps, il est très lucide et a compris que l’Etat-nation est entré en crise depuis les années 1930 ; il s’interroge donc sur son avenir. C’est un étatiste qui prend soin, par ailleurs, de dire que la politique et l’État sont des choses très différentes. L’État peut se vider de son contenu politique, le politique va ressurgir ailleurs. Il n’en reste pas moins que, de façon presque sentimentale, Carl Schmitt est un étatiste, un disciple de la souveraineté selon Jean Bodin, et aussi un élève de Hobbes. Il attache de l’importance à des contre-révolutionnaires comme Maistre et Donoso Cortés, mais c’est fondamentalement un souverainiste.

Je ne me situe pas dans cette optique parce que j’ai subi d’autres influences, notamment celles du milieu fédéraliste. Je vois beaucoup plus l’Europe comme une fédération, alors que Schmitt, notamment dans sa Théorie de la Constitution, critique assez nettement la fédération dans une dialectique, assez fine d’ailleurs, où il oppose fédération, confédération, etc. Ma conception de l’Europe est fédérative. Je dois beaucoup à des théoriciens issus de ce qu’on a appelé le fédéralisme intégral, avec des gens comme Robert Aron, Alexandre Marc, Denis de Rougemont…

Je ne suis pas pour une Europe des régions, mais pour une Europe qui prenne en compte les régions et les nations dans une optique fédéraliste. Je reste donc partisan d’une Europe politiquement unie, dont je reconnais d’ailleurs que c’est une perspective très lointaine aujourd’hui. Il est très clair que l’actuelle Union européenne ne correspond pas du tout à ce modèle : à mon avis elle est même l’inverse. Il y a des gens qui disent aujourd’hui que l’Europe de Bruxelles est fédérale ; je la trouve au contraire extrêmement jacobine puisqu’elle s’est bâtie à partir du haut – de la Commission de Bruxelles – au lieu de partir d’une démocratie locale fondée sur le principe de subsidiarité. Le drame c’est que l’UE a mis en marche un mode de construction européenne vicié dès le départ, en s’imaginant que par une sorte d’effet de cliquet, la citoyenneté économique allait donner naissance à la citoyenneté politique. On s’aperçoit que ça ne marche absolument pas.

Aujourd’hui, l’UE qui, de surcroît, s’est étendue hâtivement à différents pays d’Europe de l’Est – qui étaient très mal préparés à rentrer dans l’Europe et qui voulaient surtout intégrer l’OTAN pour se placer sous le parapluie américain –, se retrouve à la fois impuissante et paralysée. Elle fait désormais l’objet de toutes les critiques. C’est une chose qui me désole. Il y a vingt ou vingt-cinq ans, l’Europe était une solution pour la plupart des gens. Aujourd’hui c’est « l’Europe problème ». Les gens ont peur de l’Europe et lui attribuent, parfois d’ailleurs à juste titre, des initiatives absolument désespérantes, notamment la perte des souverainetés des États nationaux. C’est un thème que les souverainistes développent beaucoup, et il est certain que les États perdent leur souveraineté. Le drame est que ce n’est pas au profit d’une souveraineté européenne. La souveraineté qu’ils font disparaître tombe dans une espèce de trou noir au profit d’un ensemble mou qui ne sait même pas, parce qu’il n’a jamais voulu déterminer ses finalités, s’il veut être un marché ou une puissance. En ce sens, l’Union européenne discrédite l’Europe. Beaucoup de gens parlent contre l’Europe alors qu’en réalité ce qu’ils dénoncent c’est l’UE. Pour moi l’UE, c’est toute autre chose que l’Europe !

Le mythe de la Révolution égalitaire : les biens nationaux

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Avec une très grande lucidité, Napoléon déclarait : « A l’origine de la Révolution il y a la vanité. La liberté n’a été qu’un prétexte. » La vanité et donc l’envie... La Révolution a donné lieu à un énorme transfert de propriétés, le plus important de notre histoire. La confiscation des biens du clergé (10 octobre 1789) puis celle des biens d’émigrés, qui fut de moindre ampleur, ont créé une nouvelle catégorie de propriétaires : les acquéreurs de biens nationaux. 

La finalité de la « nationalisation » 
La confiscation – improprement appelée « nationalisation » car aucune indemnité ne fut versée à l’Eglise – des biens du clergé visait à combler le déficit des finances de l’Etat. Ces biens, mis à la disposition de la nation, devaient être vendus et l’argent rentrerait dans les caisses publiques. 
Mais, ce trésor n’était pas immédiatement disponible. Il était formé de forêts, de terres, de bâtiments et non de liquidités. C’est parce que les besoins de l’Etat étaient pressants et que l’on ne pouvait mettre sur le marché tous ces biens en même temps sous peine de dépréciation, que l’on a émis un papier, l’assignat, gagé sur ces biens et permettant d’anticiper les rentrées prévues. 

Les ventes se sont faites aux enchères. Rien n’a été prévu pour les pauvres : pas de « loi agraire », pas de morcellement à l’origine. Le texte fondamental est du 14 mai 1970. Il classe les biens d’Eglise en quatre catégories et fixe les évaluations pour la mise à prix : 22 fois le revenu net, d’après les baux en usage pour une terre ou un bois ; pour les immeubles urbains, des estimations par des experts sont prévues. 

Mais, ce qu’il faut surtout retenir, ce sont les longs délais accordés pour le paiement. La vente est au comptant jusqu’à 12% pour les champs. Le surplus est prévu en douze annuités égales, avec un intérêt de 5%. L’achat est dispensé du droit de mutation et soumis à un simple droit fixe peu élevé. Ces délais de paiement ont transformé la vente en une opération extrêmement avantageuse. Car le remboursement s’est fait en assignats ; ceux-ci se dévaluant, l’acquéreur a remboursé en papier sans valeur

Les nouveaux propriétaires 
Les acquéreurs des biens nationaux furent de plusieurs catégories. Il y eut des spéculateurs, comme la fameuse « bande noire » qui enlève des enchères à bas prix pour la menace : telle abbaye des environs de Périgueux fut vendue 560 000 livres au lieu des 12 millions de l’évaluation ! Viennent ensuite des bourgeois, hommes de loi, négociants, architectes, entrepreneurs, etc. Notons, au passage, que la noblesse et le clergé lui-même n’ont pas boudé ces ventes : le comte de Valence, par exemple, n’hésite pas à se porter acquéreur du château de l’évêque du Mans. En Île-de-France, toutefois, les acquéreurs sont à une écrasante majorité, des bourgeois. 

Les paysans devraient être les premiers intéressés. Mais, ces achats étaient impossibles pour un journalier, sauf s’il s’agissait d’un petit lot. En dehors de gros fermiers, de métayers aisés (il y en a), ce sont plutôt des représentants de catégories les plus élevées du monde rural, aubergistes, marchands, artisans, qui achètent. 

Un instrument politique de fidélisation au régime 
Les biens nationaux ont été un facteur puissant d’enrichissement. Leur succès s’explique par la fureur, la passion de posséder des terres, qui a toujours caractérisé la société française. Grâce à la Révolution, on devient propriétaire. Et ces nouveaux propriétaires ne pourront qu’être attachés à la Révolution. C’était le calcul secret des auteurs de ces confiscations. Secret tout relatif cependant, car Mirabeau vendit la mèche à la Constituante. 

Tout acquéreur de bien national ne peut qu’être hostile à un retour de l’Ancien Régime qui remettait en cause sa propriété. Il ne peut également qu’être hostile aux idées des révolutionnaires extrémistes comme Babeuf. Sous la Révolution, les comportements sont dictés par cet instinct de propriété. C’est ce que comprit Saint-Just quand il fit voter les décrets de Ventôse (février-mars 1793), qui n’eurent cependant qu’une application très limitée, visant la distribution gratuite de terres aux indigents : il fallait atténuer les amertumes, s’attacher les paysans qui n’avaient pu profiter de ces ventes. 

Par la suite, Bonaparte fut porté au pouvoir par les acquéreurs de biens nationaux. Il était leur rempart. Et ils lui furent reconnaissants de faire figurer en bonne place dans les négociations du Concordat de 1801 la reconnaissance par le pape de la vente des biens d’Eglise. Quant aux acquéreurs des biens des émigrés, il les garantissait contre un retour des Bourbon. Ce « pacte » n’est pas secret. Lorsque Napoléon fut sacré empereur, la cérémonie religieuse expédiée et le pape s’étant retiré, Napoléon 1er assis, la couronne sur la tête, prononça un serment où il jurait de maintenir notamment « l’égalité des droits, la liberté politique et civile et l’irrévocabilité des ventes des biens nationaux »

A son tour, Louis XVIII, pour pouvoir succéder à Napoléon, dut s’engager à ne pas revenir sur ces ventes. L’article 9 de la Charte de 1814 énonçait que « toutes les propriétés » étaient « inviolables, sans aucune exception », y compris celles qui étaient appelées « nationales ». 

Jean Tulard, Jean-Pierre Deschodt, Mythes et polémiques de l’histoire

Les Lansquenets

Le dieu finance est en colère... Sacrifions quelques pauvres

Jeune et rebelle

Etats-Unis: la Bible d'un chauffeur de bus stoppe la balle qui devait le tuer

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Agressé par balle, un chauffeur de bus de l'Ohio a eu la vie sauve grâce au Nouveau Testament qui se trouvait dans la poche de sa chemise.

Rickey Wagoner peut croire en sa bonne étoile... et en Dieu. Lundi matin, ce chauffeur de bus de Dayton, Ohio, aux Etats-Unis, a eu la vie sauve grâce à la Bible qui se trouvait dans sa poche et qui a stoppé les balles que lui ont porté ses agresseurs.

Ce jour-là, le chauffeur s'est arrêté sur le bord de la route pour régler un problème. L'homme de 49 ans, visage rond et front dégarni, s'est alors fait accoster par trois adolescents. Avant de recevoir deux balles dans la poitrine, Rickey Wagoner n'a pu qu'entendre l'un des suspects "dire qu'il était temps de tuer un ours polaire pour faire partie du club", relate Michael Pauley, le porte-parole de la police de Dayton, à la chaîne locale WCPO News.

Mais là, miracle: le chauffeur est resté debout, et a lutté pour saisir l'arme des mains de son agresseur. "J'avais un livre dans ma poche", a-t-il expliqué après coup, lors d'un appel passé à la police diffusé dans les médias locaux. Un exemplaire du Nouveau Testament. "J'ai d'abord cru que les balles l'avaient traversé. J'avais eu l'impression d'avoir été heurté par une énorme masse à la poitrine."

"Intervention divine" 
L'un des adolescents lui a alors asséné un coup de couteau dans le bras. L'arme est tombée à terre et un autre coup de feu est parti, le touchant à la jambe. Mais le chauffeur a réussi à écarter les deux armes, avant de "poignarder l'un (de ses agresseurs) avec (son) stylo", a-t-il relaté, cette fois, dans un appel aux secours. Les fugitifs ont fini par prendre la fuite, alors que Rickey Wagoner ramassait le revolver.

Selon WCPO, la phrase énigmatique prononcée par l'un des agresseurs au moment de tirer peut se référer à un rite d'initiation au sein d'un gang. Le sauvetage du chauffeur, lui, pourrait relever d'une "intervention (divine)", selon le porte-parole de la police. C'est du moins ce qu'il croit.

Pour les municipales, NKM met ses convictions à la poubelle

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On le savait, NKM est prête à tout à pour obtenir cette mairie de Paris qu’elle brigue face à la candidate PS Anne Hidalgo. Lors du débat sur le mariage homosexuel, la candidate UMP avait brillé par son implication dans le débat homosexuel par le strict minimum. Elle s’était abstenue lors du vote, le seul point qui la gênait étant l’adoption par les couples homosexuels. Aujourd’hui, c’est le revirement. 

Comme de nombreuses associations le font, l’association des familles homoparentales a adressé un questionnaire lié à l’homoparentalité aux listes présentées dans les 15 plus grandes villes de France. Cette dernière se félicite du revirement de NKM sur la question de l’adoption qu’elle met bien en avant sur son site. Ainsi la candidate UMP est prête à favoriser les couples homosexuels qui voudraient adopter. Elle considère aussi l’adoption comme un progrès social. Mais cela ne s’arrête pas là. A la question : Proposerez-vous que des ouvrages/études/bandes dessinées ou outils traitant de l’homoparentalité soient disponibles dans vos bibliothèques municipales :a) pour adultes b) pour enfants ? Elle répond oui toutefois sans donner plus de précisions.

Après Copé qui a retourné allègrement sa veste, c’est au tour de NKM de totalement tout lâcher mais c’est sans surprise. L’UMP continue de tout faire pour séduire l’électorat Manif Pour Tous et en même temps, le parti se montre plus que girouette. Ceux qui croiraient barrer la route au PS en votant NKM font fausse route !

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L’envahissement du champ politique par le compassionnel

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L’envahissement du champ politique par le compassionnel est aussi révélateur de la submersion de la sphère publique par le privé. La généralisation des bons sentiments accompagne et aggrave le repli de l’homme sur la sphère privée. La vie politique bascule ainsi du côté d’une « société civile » appelée à participer à la « gouvernance » par des « demandes citoyennes » qui n’ont plus le moindre rapport avec l’exercice politique de la citoyenneté. Parallèlement, les politiciens recourent à la ritournelle des « valeurs » (« nous entendons bien défendre nos valeurs »), lesquelles ne sont jamais précisées, sinon en termes flous (dialogue, tolérance, humanisme, etc.). Rachida Dati : « La politique, pour moi, c’est le partage et la communion, la tolérance et l’ouverture. » Bigre ! 
     L’actualité se concentre elle-même sur les grands événements émotionnels (la mort de Lady Di, la libération d’Ingrid Betancourt), traitant sur le mode lacrymal tous les drames de la planète. Le moindre incident de la vie quotidienne (une tempête, un train bloqué, un accident de car, une violence scolaire, etc.) est prétexte au déferlement de « cellules de soutien psychologique », permettant aux « acteurs concernés » de ne pas céder à la « déprime », de « faire leur deuil » et de se « reconstruire » dans les meilleurs délais en « posant des actes forts » – dans une optique de « dialogue » et de « partage citoyen », bien entendu. Le mot d’ordre général est celui de la compagnie. C’est le point de départ de la réflexion de Myriam Revault d’Allonnes, que nous avons déjà citée : « Notre société est saisie par la compassion. Un « zèle compatissant » à l’égard des démunis, des déshérités, des exclus ne cesse de se manifester dans les adresses au peuple souffrant. Au point qu’aucun responsable politique, quel que soit son bord, ne semble en faire l’économie, au moins dans sa rhétorique. 

Petites peines, petits plaisirs, petites exhibitions, petits scandales. Les films et les romans exploitent jusqu’à la corde la veine de la confession impudique, de la saga des « paumés », de l’autobiographie complaisante, de l’humanisme douceâtre à la provocation convenue. Violée à huit ans par son père, déportée trois ans plus tard, handicapée à son retour, trois divorces, cinq dépressions, sans compter les avortements : oh la belle histoire ! Le filon ! Le best-seller peut-être ! Premiers romans à périr d’ennui, presque toujours autobiographiques (mes amours, mes ruptures, mes maîtresses, mes amants), films vite vus vite oubliés, mais inévitablement présentés comme « sympathiques » ou « attendrissants », belles histoires « douloureuses », qui nourrissent à leur tour, dans les médias, une inépuisable cascade de « débats », de « témoignages », sous l’œil compatissant, mais en réalité goguenard, des animateurs à paillettes, des vedettes bling-bling et des amateurs de flonflons. Mères célibataires, femmes battues, « seniors » du troisième ou du quatrième âge, boulimiques et anorexiques, obèses confrontés à leurs problèmes de « surpoids », lesbiennes handicapées, homosexuels en mal d’enfant, la crise de la quarantaine, les problèmes des retraités, les fournitures scolaires, les accidents des plages, et les couples, toujours les couples, les problèmes de couples, l’interminable saga bourgeoise des couples qui se font et se défont... De même que la politique se réduit aux faits divers, la société ne s’appréhende plus qu’au travers du prisme des « faits de société »

Alain de Benoist, Les démons du bien

Une roche relance le débat sur l'existence de vie extraterrestre

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Il suffit de très peu pour que la polémique autour de la vie sur Mars reparte de plus belle : cette fois-ci c’est la météorite Yamato 000593 qui relance le débat. Elle cacherait dans ses entrailles des structures dont l’origine biologique est discutée…

Une affaire qui rappelle l’histoire d’ALH84001, cette météorite martienne qui a fait la une des journaux en 1996 dont on assimilait certaines structures à des bactéries. A l’époque, les signataires de l’article avaient clamé ni plus ni moins la découverte de la vie extraterrestre… avant que le soufflé ne se dégonfle : rien de biologique n’était présent dans ces minuscules formations logées au cœur de ALH84001. 

La nouvelle publication dans le journal en ligne Astrobiology analyse minutieusement la météorite Yamato 000593, une roche de plus de 13 kg, tombée en Antarctique il y a 10 000 ans. Or, Yamato 000593, comme ALH84001 a été classée parmi les météorites martiennes : en effet ces roches renferment au sein de leurs microscopiques pores, un gaz ayant la composition chimique de l’atmosphère de Mars. 

Yamato 000593 se serait formée il y a 1,3 milliard d’années dans une région riche en eau de la planète rouge. Puis, au gré d’un impact de météorite, un fragment de cette ancienne croûte martienne se serait retrouvé sur Terre. 

L’équipe américaine signataire de l’article a exploré les entrailles de Yamoto 000593 et a identifié des tunnels microscopiques et des sphérules – des microscopiques billes- riches en carbone. 

C’est leur provenance qui est discutée « Des formations similaires sur Terre sont issus de l’activité biogénique… » expliquent les chercheurs qui examinent l’hypothèse d’une forme de vie martienne qui aurait été à l’origine de ces sphérules à la lumière des similarité de forme et d’environnement géologique. 

Certes, la planète Bleue porte la vie dans tous ses interstices. Mais retrouver sur Mars des structures dont la forme rappelle celles créées par une activité biologique sur Terre ne veut pas dire qu'elles ont été façonnées de la même manière sur la planète rouge. 
Car pour l'heure, aucune trace de vie n'a été décelée sur Mars.

Source

Coal War - Joshua James

Votre siège de député est en danger !

Nous revenons à un totalitarisme comme au Moyen Age

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Nous revenons à un totalitarisme comme au Moyen Age, c’est-à-dire à une convergence puissante de toutes les passions, de toutes les idées dans tous les plans dans une même direction. 

Drieu La Rochelle, Notes pour comprendre le siècle

Belle et rebelle

La stratégie du choc - Naomi Klein

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