Quantcast
Channel: ORAGES D'ACIER
Viewing all 15201 articles
Browse latest View live

Alerte ! Une journaliste réfléchit !

$
0
0
"Si les thèmes liés à la finitude des ressources et à la nécessité de préserver la planète divisent autant, c'est qu'ils remettent en cause le modèle de développement qui est aujourd'hui le nôtre, et la certitude que, quoi qu'il arrive, le progrès technique parviendra à nous tirer de ce mauvais pas. Qui plus est, rien ne presse, nous explique-t-on. La crise économique actuelle le démontre une fois de plus, l'écologie, c'est la sécurité et la lutte contre le chômage. Voilà pourquoi les gouvernements, de droite comme de gauche, obnubilés par les élections à préparer et à venir, ne peuvent être des arbitres efficaces de ce dialogue impossible."
Marie-Béatrice Baudet, Le Monde, 6-12-2013. Voilà une journaliste qui ne devra pas répéter trop souvent ce genre de fantaisie dans le journal de Bergé, Niel et Pigasse si elle veut faire carrière.

La Décroissance N°106

Avec la politique de la pitié, c’est la politique elle-même qui finit par faire pitié

$
0
0
La féminisation de la société va de pair avec l’infantilisation. Quand l’enfant est roi, ce sont les femmes qui exercent la régence ! La distinction de sexe est donc désormais à manier avec précaution. Il est entendu qu’il n’y a plus de « chef de famille », et que les femmes peuvent faire tout ce que peuvent faire les hommes, mais que les hommes ne peuvent pas faire tout ce que peuvent les femmes (accoucher, par exemple). On distingue le sexe et le « genre » pour accréditer l’idée que l’identité sexuée ne s’acquiert que socialement. En abolissant le plus possible les rôles sociaux masculines-féminins, on pose l’égalité comme similitude (et la hiérarchie comme synonyme d’exclusion, alors que la hiérarchie est d’abord inclusion et englobement du contraire, comme l’a montré Louis Dumont). On croit réhabiliter le hors-norme en en faisant une norme parmi d’autres. On fait du « droit à l’enfant » un absolu, « sans apercevoir que ce qui distingue avant tout une famille humaine d’une famille animale est d’être instituée en référence à un système symbolique de parenté ». On confond l’autorité et le pouvoir en englobant les deux notions sous le terme de « domination », ce qui permet de faire croire que les femmes ont de tout temps été des victimes. En faisant croire à son partenaire qu’elle prend la pilule, une femme peut se faire faire un enfant et exiger ensuite de celui qu’elle a ainsi mystifié qu’il paie pour élever cet enfant. Elle peut aussi décider seule de l’avortement d’un enfant conçu à deux. 
     Rien ne résume mieux cette évolution que celle du statut attribué à l’homosexualité. S’il y a cinquante ans, « l’apologie de l’homosexualité » tombait sous le coup de la loi, aujourd’hui c’est « l’homophobie » qui peut faire l’objet d’une sanction pénale, à tel point que dans les écoles on organise désormais des campagnes visant à « sensibiliser les enfants à l’homophobie » (sur le thème : « On a tous le droit d’aimer »). Quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir sur l’homosexualité, le rapprochement de ces deux faits a quelque chose de sidérant. Voici un demi-siècle, l’homosexualité était de façon assez ridicule présentée comme « honteuse » ou « anormale », aujourd’hui elle est devenue si admirable qu’il est interdit de dire qu’on ne l’apprécie pas. Dans l’un et l’autre cas, c’est la liberté qui n’y trouve pas son compte
     Bien entendu, l’homme compassionnel n’est pas forcément un homme compatissant, pas plus que la moraline n’est la morale ou la sensiblerie, la sensibilité. Quand on veut avoir de l’amour pour tout le monde (agapè), on n’en a en réalité pour personne : ce qui se gagne en intensité se perd en extension. On tombe alors dans la pose avantageuse ou dans la pétition de principe. Dans l’alibi et dans la bonne conscience. Cet amour indifférencié dérive subrepticement du souci de soi. Il relève d’une forme « d’altruisme » qui n’est que de l’égoïsme déguisé : « C’est pour ne pas souffrir moi-même que je ne veux pas que l’autre souffre, et je m’intéresse à lui pour l’amour de moi. »« Moins il y a d’humanité, remarque Michel Maffelosi, plus l’humanitarisme bien-pensant pousse la chansonnette d’un humanisme étriqué et sclérosé qui, telle la scholastique inquisitoriale des XVIIe, XVIIIe siècles, est incapable de reconnaître la puissante vitalité des modes de vie alternatifs et de l’hétérodoxie théorique. » 
     Dans son Essai sur la révolution, Hannah Arendt s’était livrée à une critique dévastatrice de la « politique de la pitié », montrant notamment qu’elle était le contraire même d’une politique social, et même d’une politique tout court. « Le point fondamental, souligne Myriam Revault d’Allonnes, est qu’avec la politique de la pitié, c’est la notion de people qui voit son acception profondément modifiée et même, aux yeux d’Arendt, dénaturée. Le peuple citoyen – celui qui participe à l’agir-ensemble, au pouvoir en commun – devient le peuple souffrant, celui des malheureux et des victimes. » Un tel « peuple » ne cherche plus à s’afficher comme une puissance politiquement souveraine, mais à surenchérir dans la concurrence victimaire et lacrymale. Avec la politique de la pitié, c’est la politique elle-même qui finit par faire pitié

Alain de Benoist, Les démons du bien

Sale climat pour le nucléaire

$
0
0
« L’énergie est notre avenir, économisons-là », nous serinent les entreprises du gaz, du nucléaire ou du pétrole à la fin de chaque message publicitaire. Mais, adepte des injonctions paradoxales, EDF se glorifie dès que ses centrales tournent à plein régime : début janvier, presque tous les réacteurs étaient en fonctionnement. Pourtant, derrière ces communiqués satisfaits, l’atome a du plomb dans l’aile : en moyenne, l’équivalent d’un réacteur sur quatre était à l’arrêt l’an passé. 
Japon 54, France 1 ! Non, les équipes de rugby d’EDF et de Tepco ne se sont pas livrées à une aimable partie sur l’herbe radioactive de la préfecture de Fukushima. Cet impressionnant score est celui d’un étrange match, celui du nombre de réacteurs nucléaires arrêtés. En effet, en ce début janvier 2014, EDF se gargarise du fonctionnement simultané – et rarissime – de 57 réacteurs sur 58, alors que l’atome nippon, lui, est réduit au zéro absolu depuis le 15 septembre. Le Japon bat donc la France par 54 réacteurs arrêtés (dont 3 en fusion il est vrai !) à 1
     Mais voyons plutôt ce qu’il se passe chez EDF, dont les dirigeants fanfaronnent un peu trop pour être honnêtes : le « record » de ce début d’année n’est en fait qu’un cache-misère. Ainsi, le quotidien Les Echos (17-01) se désespère en tirant « La gestion de la maintenance nucléaire dérape à EDF », et en précisant que « la disponibilité du parc nucléaire a chuté autour de 78% l’an dernier ». Cela signifie que, en 2013, chaque réacteur nucléaire a été à l’arrêt pratiquement un jour sur quatre. Et dire que les atomistes raillent le fonctionnement par intermittence des éoliennes !
     Or, un taux de disponibilité de 78% est, pour un parc nucléaire, un résultat catastrophique. Aux USA, par exemple, ce taux frôle les 90%, bien que les réacteurs soient plus âgés que ceux de la France. On ne sait d’ailleurs plus trop où est le pire danger : aux USA où de vieux réacteurs fonctionnent à flux tendu ? Ou bien en France où des réacteurs moins vieux fonctionnent de façon chaotique ?
     C’est en tout cas un bel imbroglio pour Proglio, le PDG d’EDF, qui exigeait un score de 85% avant de viser les 90%. Pire : dès l’an prochain, ce monsieur a prévu de gaspiller des sommes astronomiques (probablement 100 milliards au final !) dans une opération baptisée de façon grotesque « Le grand carénage » : il s’agit de rénover – ou plutôt de rafistoler autant que faire se peut – les réacteurs français. L’objectif est de les faire durer au-delà de 30 ans d’âge – et paraît-il jusqu’à 60 ans... hormis ceux qui auront explosé entre temps ! – tout en augmentant leur taux de disponibilité. Mais, pour faire ces travaux qui doivent s’échelonner sur une bonne dizaine d’années, il faudra bien évidemment arrêter les réacteurs et... faire chuter le fameux taux !

Nucléaire et gaz à effet de serre, un duo explosif 
Revenons donc au Japon où, comme signalé plus haut, le taux de disponibilité des réacteurs est désormais de 0%. Assurément un bel exemple à suivre : si le Japon a pu arrêter en environ un an ses 54 réacteurs, la France, qui en compte 58, doit bien pouvoir faire de même. « Pas si simple ! » nous disent les pronucléaires : avant Fukushima, l’atome ne produisait « que » 35 % de l’électricité nippone, alors qu’en France c’est 75%. Certes, répondons-nous, mais si 130 millions de Japonais peuvent se passer de nucléaire, c’est forcément deux fois plus facile pour 65 millions de Français ! « Mais ça va faire augmenter les émissions de CO² ! », s’étranglent les atomistes qui, en réalité, n’en ont rien à faire du changement climatique comme l’a bien démontré le dénommé Jacques-Emmanuel Saulnier : porte-parole d’Areva pendant 10 ans, il n’a cessé de pourfendre les émissions de CO²... avant de se recaser chez Total où il fait la promotion des énergies les plus carbonées qui soient ! 
     Mais voilà que, le 15 janvier, l’université québécoise de Concordia a publié une grande étude classant les principaux coupables des émissions de gaz à effet de serre : USA (20% du total !), Chine, Russie, Brésil, Inde, Allemagne, Royaume-Uni, France, Indonésie, Canada, et Japon (les chiffres pris en compte s’arrêtant en 2005, c’est donc bien du Japon nucléarisé qu’il s’agit). Si l’on excepte l’Indonésie, non nucléarisée, et le Brésil qui ne compte que deux petits réacteurs et un troisième en chantier depuis... 30 ans ( !), on voit que les principaux coupables des émissions de gaz à effet de serre sont aussi... les grands pays du nucléaire. C’est la confirmation éclatante de ce que la prétendue « solution » que représenterait le nucléaire, pour lutter contre le changement climatique n’est que pure baliverne.
     Ceci dit, l’atome ne produit plus que 9% de l’électricité mondiale contre 17% en 2001. Et il s’agit d’une chute aussi brutale qu’irréversible : d’une part parce que la production atomique va continuer à décroître avec les fermetures inévitables de centaines de réacteurs arrivant en fin de vie. Et d’autre part parce que, pendant ce temps, toutes les autres énergies continuent à progresser. Nous avons donc une bonne nouvelle : l’atome n’a d’avenir que « grâce » à ses catastrophes, ses contaminations, ses déchets radioactifs, etc., mais pas en tant qu’industrie. Et une mauvaise nouvelle : atome ou pas, la consommation effrénée d’énergie et la recherche désespérée de la croissance détruisent notre environnement et nuisent à notre santé. Bonne année 2014 tout de même : le grand carénage d’EDF ne commence qu’en 2015 ! 

Stéphane Lhomme, La Décroissance N°106

Wild Thing - The Troggs

C'est beau une centrale nucléaire ! sic

Ne rien faire, c'est collaborer. Agir, c'est résister !

$
0
0

Les chiffres qui vont suivre sont tout bonnement édifiants. Mis côte à côte, ils constituent un cocktail détonnant. Révolutionnaire, même. Voyez donc :

- 5,5 millions de chômeurs inscrits au Pôle Emploi
- 9 millions de personnes sous le seuil de pauvreté
- 3,2 millions de salariés au SMIC
- 1,7 million de personnes au RSA
- 1 million de Français inscrits aux Restos du Coeur
- Le taux de croissance moyen perd un point chaque décennie
- La dette publique double tous les 12 ans
- 1 entreprise fait faillite toutes les 2 minutes
- 34% des 18-34 ans envisagent de quitter la France
- 25% des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage
- 80% des nouveaux emplois créés sont des CDD
- Seuls 4% des Français éprouvent du respect pour les partis politiques

Voici donc le funeste bilan de ces trente dernières années... Pourtant, pendant cette période, la France a continué à produire des richesses. Elles ont même plus que doublé, mais se sont concentrées entre les mains de ceux qui gèrent l'abondance et qui profitent du système. Je fais d'abord référence à la génération du baby-boom, propriétaire de 68% du parc immobilier et de la moitié de la capitalisation boursière. Leur revenu moyen dépasse de plus de 15% celui des actifs... Je pense aussi aux corporations et aux syndicats, qui veillent sur leurs avantages comme des dragons veillent sur leurs trésors. Et comment ne pas citer les gouvernants politiques de tous bords qui se sont succédés ces trente dernières années, complices de ces injustices aussi bien par lâcheté que par incompétence ?

Nous avons là, sous nos yeux, tous les ingrédients qui pourraient donner lieu à un soulèvement populaire de grande ampleur, et pourquoi pas, même, une révolution. Mais pourquoi alors rien de tel ne se produit ? Qu'attendons-nous pour manifester notre indignation ? Il y a plusieurs raisons à cela. D'abord, les moins de quarante ans sont les enfants de la crise. Ils ne connaissent de ce monde que la précarité et la tourmente, et se sont résignés à l'accepter. Dans le Mythe de la Caverne, Platon met en scène des personnes enchainées et immobilisées dans une grotte, qui tournent le dos à l'entrée, et ne perçoivent que les ombres véhiculées par des objets situés loin derrière eux. Ces ombres constituent leur unique réalité. Notre jeunesse est aujourd'hui dans cette situation. Enchaînée, elle n'a pour réalité que la crise et la rareté.

Mais cela va bien plus loin : c'est l'ensemble de la population qui a été infantilisée. Le spectacle médiatique occupe les âmes et aliène les masses. L'esprit de responsabilité est anéanti par un pouvoir politique qui se mêle de tout, et surtout de l'inutile et du dérisoire. La prise du risque est mise à mal par un principe de précaution absurde et décadent. La finance impose ses lois à des Etats devenus faibles. L'Euro et la mondialisation, supposés nous prémunir contre la crise et générer de la croissance ont créé plus de problèmes qu'il n'en ont résolus...

Dans le chapitre des Misérables intitulé L'extrême bord, Victor Hugo eut cette formule lumineuse : « Il vient une heure où protester ne suffit plus; après la philosophie il faut l'action; la vive force achève ce que l'idée a ébauché ». Nous y sommes. Le temps est venu de nous réveiller ! Le temps est venu de reconquérir la France ! Nous, les enfants de la dette, les enfants de la crise, libérerons-nous des forces qui nous emprisonnent et qui nous brident ! Notre pays a des atouts immenses (sa géographie, sa démographie, ses infrastructures, son savoir-faire, son agriculture, sa culture...). Ajoutez à cela que nous sommes à l'aube d'une possible nouvelle révolution industrielle : tout va être bouleversé par les innovations à venir dans le numérique, les biotechnologies, l'impression 3D, la robotique, les nano-technologies, l'intelligence artificielle... Alors saisissons-nous de la fabuleuse mutation qui est à l'oeuvre ! Ne laissons pas l'incompétence et l'ignorance décider de notre devenir ! Ne rien faire, c'est collaborer. Agir, c'est résister.

A vous, à nous, de jouer !

Rafik Smati

La vision du couple franco-allemand outre-Rhin

Belle et rebelle


Un robot de 18.000 euros signe l'arrêt de mort de l'ouvrier

$
0
0
© Stephen F. Bevacqua/Courtesy of Rethink Robotics
Des robots sophistiqués destinés à travailler menacent de rendre superflus de nombreux métiers de travailleurs ayant peu de formation. C'est ce qu’affirme l'entrepreneur en technologie Jerry Kaplan. Selon lui, des inventions comme le robot Baxter de l'entreprise américaine Rethink Robotics offrent en effet aux machines la possibilité de se déplacer librement et d'exécuter une combinaison de différentes opérations. De ce fait, les tâches d'un travailleur peuvent être totalement effectuées grâce à la technologie et selon Kaplan, à terme, certains métiers disparaîtront complètement. Notamment, on sait que le centre de technologie Sirris à Diepenbeek expérimente un robot Baxter.

Le robot Baxter coûte 25.000 dollars et est équipé d'un ordinateur-tablette qui peut passer pour un visage. De récents manquements dans les capacités optiques d'un ordinateur qui ont longtemps été considérés comme un des plus grands problèmes de l'intelligence artificielle sont à la base de l'introduction de machines comme le Baxter. En outre, grâce à la révolution du smartphone, les prix des sensors, une pièce essentielle des ordinateurs, vont s'effondrer, selon Rodney Brooks qui a conçu le robot Baxter. Cependant, selon lui, d'autres développements dans le domaine des machines aptes à apprendre étaient aussi nécessaires pour mettre la technologie au point et affiner le cerveau des engins.

« En premier lieu, le Baxter sera peut-être incorporé sur des lieux de stockage pour manipuler des marchandises ou pour charger les véhicules de transport », indique Jerry Kaplan. « Sur ce genre de lieu de travail, les travailleurs n'utilisent en effet plus que leurs mains et leurs yeux, ce qui peut être pourra être parfaitement assuré par Baxter. Ces travailleurs seront alors peut-être rapidement remplacés par des robots. Par contre, il faudra sans doute encore des décennies avant que les voitures automatiques de Google puissent fournir un service tout à fait autonome de taxis, mais la technologie a déjà démontré qu'il est possible d'organiser un transport sans conducteur en toute sécurité sur des autoroutes ».

Selon Kaplan, il n'est pas non plus impensable que le trafic cargo transcontinental soit assuré par des camions-drones et que la présence d'un chauffeur ne soit nécessaire que dans les derniers kilomètres avant l'arrivée à destination. « De cette manière, beaucoup de tâches peuvent peut-être restructurées ce qui rendrait un bon nombre de professions inutiles en grande partie». Rodney Brooks signale que des trusts importants comme Amazon et Google se sont mis au rachat d'entreprises de robotique. Cela peut, selon lui, conduire à de nouvelles évolutions grâce auxquelles, entre autres, des compétences mécaniques plus précises pourraient être attribuées aux mains des robots, ce qui entraînerait de nouvelles possibilités.

source

Fusillez-moi ça

Onoda : un héros mort dans son lit

$
0
0
Le sous-lieutenant japonais Onoda Hirō vient de mourir (16 janvier 2014). Il avait poursuivi, seul, la Seconde Guerre mondiale jusqu’en 1974, sur la petite (30 km x 10 km) île de Lubang (Philippines). Né en 1922 dans une région rurale, il fut un élève médiocre, pourtant passionné de kendo (sabre de bambou), et se mit au travail à 17 ans, d’abord pour fuir une famille avec laquelle il s’entendait mal. L’escapade le conduisit jusqu’en Chine, au service d’une société d’import-export. Travailleur, Onoda, mais fumant comme un pompier, et au dancing tous les soirs. Pas vraiment le profil d’un samouraï héroïque ! Mai 1942 : il est incorporé dans l’infanterie. En septembre 1944, parvenu au grade d’aspirant, il intègre une école d’espionnage. Trois mois plus tard, il est envoyé aux Philippines, où on lui confie une mission de renseignement et de guérilla sur l’île de Lubang, avec cet ordre : « Ne capitulez jamais ! ». Fin février 1945, 4 000 US Marines nettoient l’île au lance-flammes, balayant la garnison japonaise de 450 hommes, presque tous malades ou blessés avant même l’ouverture du bal. 

Désormais sous-lieutenant, Onoda se replie dans la jungle avec six camarades. Puis trois. Le dernier est tué en 1972. Et notre héros reste seul, blindé dans un délire paranoïaque, insensible aux tracts qui pleuvent pour lui apprendre que la guerre est finie. Il se procure une radio à transistor : les émissions de Radio Tokyo lui semblent des provocations américaines destinées à le démoraliser. Ses frères et sœurs sont convoyés à Lubang pour l’appeler à se rendre, arpentant l’île avec des haut-parleurs. Il pense que le barbare étranger les y a contraints. C’est finalement un journaliste japonais qui parvient à l’apprivoiser, en campant seul dans sa jungle. Il rend son sabre intact au président philippin Marcos. La presse internationale lui tombe dessus. Il lui déclare : « Pas un seul instant de bonheur en trente ans. »À l’époque, cette affaire me remue profondément. Trotskiste non moins fanatique et paranoïaque que le soldat impérial perdu, je m’y identifie, et je nous compose une « Ode à Onoda » qui s’achève ainsi :

« Nous ne ferons pas le printemps, 
mais nous n’en demandons pas tant, 
aussi cons que des hirondelles, 
et sans savoir à quoi, fidèles ! »

ONG

Belle et rebelle

Le crime de Jean-Claude Michéa

$
0
0
La gauche a congédié le peuple 
Le fossé qui sépare désormais la gauche et le peuple a fait l’objet ces dernières années de nombreux travaux (notamment de la part de Vincent Coussedière, Pierre Sansot, Laurent Bouvet et Christine Guilly, Gaël Brustier, etc.). « Ce peuple, dont elle louait autrefois l’instinct révolutionnaire, la gauche dominante le caricature maintenant en ‘beauf’ réactionnaire et raciste, condamnant son conservatisme étroit et son attachement à de vieux principes moraux qui le qui le rendent rétif au nouvel esprit du capitalisme ». En dépit des apparences, il en va de même ainsi d’un Jean-Luc Mélenchon, chez qui le peuple « ressemble davantage à un regroupement de victimes d’opprimés aux contours assez flous qu’au prolétariat révolutionnaire des marxistes ou à ces masses laborieuses que prétendait autrefois défendre le parti communiste français », comme en témoignage sa conception irénique des problèmes de l’immigration. 
     La gauche a congédié le peuple en même temps qu’elle a abandonné sa volonté de changement social et qu’elle est soumise à la logique libérale, ce qui l’a conduite à faire sienne l’idée qu’il n’y a au fond pas d’alternative à l’expansion illimitée du capitalisme et à la mise en place d’une société de marché. Cette double dérive doit s’analyser dialectiquement, car chacune de ses orientations est à la fois cause et conséquence de l’autre. L’originalité et le mérite de Michéa ont été d’en donner une explication qui ne se ramène pas à des questions de conjoncture ou à une simple montée du « réformisme » : il faut plutôt y voir l’ultime aboutissement (et la conséquence logique) d’une contradiction interne de la gauche résultant de son inspiration duale : d’un côté la défense des classes populaires héritée du mouvement ouvrier, de l’autre celle du « progressisme », en clair de l’idéologie du progrès hérité des Lumières, dont se réclament aussi les libéraux. 
     Le socialisme ouvrier est né d’une opposition à la modernité qui a généralisé l’exploitation du travail salarié, la destruction des structures traditionnelles et l’atomisation de la société, alors que la philosophie des Lumières (décrite par Engels comme le « règne idéalisé de la bourgeoisie ») a été à la pointe de cette même modernité, en s’affirmant d’emblée comme « parti du changement » militant pour un progrès posé comme intrinsèquement « émancipateur ». L’alliance du socialisme ouvrier et de la gauche progressiste s’est nouée, comme l’a très bien montré Michéa, au moment de l’affaire Dreyfus, lorsqu’il fallait faire front commun contre une droite cléricale et réactionnaire adepte de « l’alliance du Trône et de l’Autel ». Or, cette droite-là a aujourd’hui quasiment disparu, puisqu’elle a été submergée par la droite libérale, dont les présupposés idéologiques sont les mêmes que ceux de la gauche. Lorsque Jacques Julliart écrit : « A gauche, le libéralisme moral et la réglementation économique ; à droite la réglementation morale et le libéralisme économique. C’est sur cette espèce de Yalta culturel que fonctionne encore l’opposition gauche-droite», il fait en effet preuve d’anachronisme. Il y a belle lurette que « la droite » a renoncé à toute velléité de « réglementation morale » et que « la gauche » s’est ralliée à l’économie libre-échangiste d’inspiration libérale. 

Un clivage droite-gauche mystificateur 
Les circonstances qui avaient provoqué l’alliance des socialistes et de la gauche progressiste ayant disparu, l’équivoque inhérente à cette alliance apparaît du même coup au grand jour et permet de comprendre les causes profondes de la dérive libérale de la gauche. L’alliance entre socialistes et progressistes a aujourd’hui « épuisé toutes ses vertus » positives, dit Michéa. Privé de son ancien ennemi, la droite réactionnaire, la gauche s’est lancée dans une fuite en avant pour concurrencer la droite libérale sur le terrain de la modernité et de la modernisation (c’est-à-dire de l’éradication du « monde d’avant »). D’où son ralliement à la société gouvernée par la dyade de l’économie de marché et de l’idéologie des droits de l’homme, c’est-à-dire par l’idée qu’on peut parvenir au « vivre-ensemble » par le simple jeu de la confrontation des intérêts et d’un droit procédural abstrait. A la lutte des classes et à la dénonciation des inégalités sociales s’est substituée une lutte contre-toutes-les-discriminations qui prétend avant tout, en bonne logique progressiste, en finir avec les « archaïsmes » au nom du « pourtoussisme ». D’où l’observation lapidaire de Michéa : « Le socialisme est, par définition, incompatible avec l’exploitation capitaliste, la gauche, hélas, non ». Dans ces conditions, le socialisme ne peut plus, sans cesser d’être lui-même, se fonder sur un héritage philosophique commun à la « gauche » et à un libéralisme qui reste aujourd’hui son ennemi principal, dans la mesure où le primat de l’individualisme « rationnel » (calculateur) antagonise au premier chef tout ce qui est de l’ordre du collectif et du commun. 
     Dès lors que « la gauche et la droite s’accordent pour considérer l’économie capitaliste comme l’horizon indépassable de notre temps », il est bien évident, par ailleurs, que le clivage gauche-droite n’a plus aucun sens et que, corrélativement, la question des alliances de classes se pose d’une façon nouvelle. C’est la raison pour laquelle Miché n’hésite pas à dire, après Pier Paolo Pasolini, Cornelius Castoriadis, Christopher Lasch et bien d’autres, que le clivage gauche-droite est aujourd’hui devenu obsolète et mystificateur. Marx, rappelle-t-il au passage, ne s’est jamais référé à l’opposition de la gauche et de la droite (pas plus qu’il ne se définissait lui-même comme un homme « de gauche » !), mais à la lutte des classes. Ajoutons qu’il n’opposait même pas l’égalité à l’inégalité, mais appelait à passer du « royaume de la nécessité » à celui de la « liberté »... Le seul clivage qui vaille désormais n’oppose plus la gauche à la droite, mais les partisans (d’où qu’ils viennent) et les adversaires (d’où qu’ils viennent) du capitalisme mondialisé comme système d’emprise et de déshumanisation totaleclivage que nous avions nous-même décrit naguère comme l’opposition du « centre » et de la « périphérie ». Un tel clivage implique une critique conjointe des élites « de droite » et « de gauche » dont, au-delà des divisions partisanes, les intérêts convergents se fondent sur une solidarité de classe. Il fallait avoir le courage de le dire. C’est ce que Michéa a fait, et c’est également ce qu’on ne lui pardonne pas. 

Eléments n°149, octobre-décembre 2013

Three Days Grace - Time Of Dying

Mauser Klub


Assimilation

$
0
0
L’immigration n’est acceptable qu’à la condition d’être régulée, c’est-à-dire que les étrangers restent en nombre limité, qu’ils s’assimilent à la société d’accueil, à sa culture, à ses valeurs et qu’ils respectent ses lois ; cela a constitué le modèle traditionnel de l’immigration en France. Mais aujourd’hui 11 l’idéologie dominante, qui veut détruire les nations, préconise un modèle inverse qui est celui de « l’intégration » ; c'est-à-dire que ce sont les sociétés d’accueil qui sont, au contraire, sommées de s’adapter à la culture des immigrants. Cette « intégration » débouche en réalité sur l’éclatement tribal des sociétés, le communautarisme ouvertement revendiqué et la dictature des minorités. Telle est d’ailleurs sa finalité réelle.

Polémia, Cinq cents mots pour la dissidence

Radio « Méridien Zéro » : coup dur pour les valeurs de la République

$
0
0

J’ai eu l’occasion d’écouter des émissions de la radio web Méridien Zéro, notamment l’une consacrée à Charles Péguy, somptueuse, avec l’essayiste et critique littéraire du Figaro Rémy Soulié, lequel est aussi collaborateur pour Boulevard Voltaire. J’ai été surpris par la grande qualité du débat, d’un niveau bien supérieur à celui que je peux entendre sur les radios de la bande hertzienne. Quel plaisir d’entendre parler des gens qui s’écoutent et s’enrichissent mutuellement sans invectives, sans jouer aux pseudo-« grandes gueules » !

Quelle ne fut donc pas ma surprise et ma tristesse d’apprendre que les locaux de cette radio avaient été incendiés dans la nuit du jeudi 27 au vendredi 28 février. C’était trop beau, un média alternatif intéressant, intelligent, sans outrances particulières. Certes, je n’étais pas d’accord avec la tonalité de toutes les émissions, qui parfois pouvaient me déranger. Mais enfin, n’est-ce pas ce qu’on attend du débat d’idées ? Être parfois surpris voire outré, comme c’était encore le cas en France, il n’y a pas si longtemps…

Notre pays se targuait d’être une terre de liberté, notamment d’expression. Où tout, même et surtout ce qui fâche temporairement, pouvait et devait être dit. Pourtant, il semble depuis quelque temps, et notamment depuis l’élection de François Hollande à la présidence de la République, que la liberté soit à sens unique.

Les jeunes gens des Manifs pour tous, arrêtés préventivement, espionnés par une jeune femme russe (laquelle était menacée de ne pas obtenir sa naturalisation française si elle refusait de coopérer), ont subi les foudres de cette nouvelle politique répressive à l’égard de l’exercice des libertés politiques. Tout l’appareil médiatique, ou presque, était réuni dans la lutte contre les manifestants et les opposants au pouvoir, caricaturés, jetés dans la fosse aux lions.

De l’autre côté, des vandales « antifas » jamais inquiétés, qui peuvent empêcher des réunions publiques autorisées de se tenir, vandaliser le centre-ville de Nantes. Qui sont à peine rappelés à l’ordre, et uniquement lorsque la pression est trop forte.

Cette inégalité de traitement ne fait pas honneur à notre République, et à ses valeurs dont le ministre de l’Intérieur se fait un bien commode bouclier abstrait. En effet, la République signifie étymologiquement la « res publica », soit la chose du peuple. Elle n’a pas de valeurs qui lui soient consubstantiellement liées. Ses valeurs sont par nature indéfinies et fonction de la volonté du peuple. C’est un véhicule pour la nation, qui lui est supérieure. Ce que nos gouvernants ont tendance à oublier.

Dès lors, s’il s’agit d’un incendie criminel, il est souhaitable que tous les moyens policiers soient mis au service de la résolution complète de l’affaire. Car, oui, une telle destruction serait immanquablement un coup dur porté aux « valeurs de la République », au « vivre ensemble » et à la « démocratie ».

Belles et rebelles

L’influence de la lune sur le sommeil

$
0
0
Attestée par d’innombrables traditions populaires, la relation du mauvais sommeil (ou de la difficulté à s’endormir) avec la pleine lune a longtemps passé pour un mythe. Ce n’en était pas un. Après avoir analysé le sommeil de plus de 30 volontaires répartis en deux groupes d’âge, Christian Cajochen et ses collaborateurs de l’hôpital psychiatrique de l’Université de Bâle ont récemment montré que le sommeil humain répond bel et bien aux rythmes géophysiques de la lune. Pendant qu’ils dormaient, les scientifiques ont étudié l’activité cérébrale, les mouvements oculaires et les sécrétions hormonales de leurs sujets. Ils ont observé qu’autour de la pleine lune, l’activité cérébrale durant le sommeil chute d’environ 30%, et que le temps de sommeil moyen se réduit d’environ 20 minutes. Le taux de mélatonine, hormone qui régule les cycles de sommeil et de réveil, baisse également. Cette influence des cycles lunaires pourrait être un reliquat de l’époque où la lune synchronisait plus étroitement encore le comportement humain. 

Eléments n°149, octobre-décembre 2013

La NSA a tenté de casser l'anonymat du réseau TOR

$
0
0
La page d'accueil du site de TOR. | Tor Project

L'Agence de sécurité nationale états-unienne (NSA) a multiplié les efforts technologiques pour briser les défenses du réseau TOR, un système principalement financé par les Etats-Unis, permettant de naviguer de façon anonyme sur Internet, selon de nouveaux documents confidentiels révélés vendredi 4 octobre par The Guardian.

Les documents fournis par l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden suggèrent que l'agence n'a jamais réussi à défaire le "cœur" du réseau The Onion Router (TOR, "le routeur oignon"), ni à démasquer en masse les utilisateurs de ce qu'elle présente comme "le roi de l'Internet anonyme". "Nous n'arriverons jamais à désanonymiser tous les utilisateurs de TOR en même temps", se résigne l'agence dans l'un de ces documents. Elle a toutefois réussi à quelques reprises à identifier une "très petite fraction" d'entre eux, grâce à des méthodes de contournement au cas par cas. 

DES TECHNIQUES DE CONTOURNEMENT

TOR est largement soutenu par les Etats-Unis comme un outil de contournement de la censure et de la répression dans les Etats autoritaires. Il est financé à 60 % par l'administration américaine, notamment pour aider les dissidents dans des pays comme l'Iran ou la Chine. C'est sur lui que se reposent de nombreux journalistes et militants pour assurer la confidentialité de leurs activités en ligne. Mais dans un des documents, le Government Communications Headquarters (GCHQ, "quartier général des communications du gouvernement"), équivalent britannique et partenaire de la NSA, explique être "intéressé par les mauvaises personnes qui utilisent TOR".

La palette des techniques essayées par la NSA et le GCHQ contre le réseau semble très vaste :

- Opérer elles-mêmes un grand nombre de "nœuds" du réseau (c'est-à-dire d'ordinateurs individuels) pour contrôler une part importante du trafic, et en déduire l'identité des utilisateurs ;

- Influencer les futurs développements de l'outil de façon à y intégrer des vulnérabilités qui pourront être exploitées par la suite, comme elles l'ont fait pour le chiffrement ;

- Installer des scripts espions sur les ordinateurs des utilisateurs de TOR qui visitent certains sites sensibles (comme des forums de discussion criminels) ;

- Attaquer des logiciels tiers utilisés par les utilisateurs de TOR : ainsi, le navigateur Mozilla Firefox contenait jusqu'à la fin de 2012 une faille que la NSA a exploitée pour identifier des utilisateurs.

Roger Dingledine, le président du projet TOR, a réagi plutôt positivement à ces révélations. Selon lui, le recours à des techniques de contournement montre qu'il est toujours impossible d'attaquer de front le réseau. Mais il a rappelé que l'utilisation de son logiciel n'était pas une garantie suffisante pour assurer son anonymat en ligne.

Plongée dans la "pieuvre" de la cybersurveillance de la NSA / Le monde.fr
source
Viewing all 15201 articles
Browse latest View live